Ce mardi 08 mars 2022, la Journée internationale de la Femme a été célébrée partout dans le monde. Le Sénégal n’a pas fait exception. À cette occasion, l’organisation des Nations-Unies considère que «…continuer à examiner les opportunités, ainsi que les contraintes, pour donner aux femmes et aux filles les moyens de faire entendre leur voix et d’être des actrices égales dans la prise de décision liée aux changements climatiques et à la durabilité est essentiel pour le développement durable et une plus grande égalité des sexes. Sans l’égalité des sexes aujourd’hui, un avenir durable et égal reste hors de notre portée. »
Cela, les femmes du sous-secteur de la pêche artisanale du Sénégal, regroupées au sein du Réseau des Femmes de la Pêche Artisanale du Sénégal (REFEPAS), l’ont bien compris. Elles ont célébré à Mballing, cette journée inscrite sous le thème « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable ».

Regroupant des femmes mareyeuses, transformatrices et micro-mareyeuses, le Réseau des femmes de la pêche artisanale du Sénégal (REFEPAS), avec sa tête sa présidente Diaba Diop Niang, veut « constituer un cadre de concertation et une force de propositions au profit d’une pêche durable au Sénégal ».
« En ce jour spécial, nous demandons à l’Etat la reconnaissance juridique du statut des femmes transformatrices de poissons et la fermeture des usines de farine et d’huile de poisson », a lancé la présidente du Réseau des femmes de la pêche artisanale du Sénégal (REFEPAS), Diaba Diop.
Et il y a beaucoup à faire pour la présidente Diaba Diop Niang et ses camarades, parce qu’aujourd’hui encore, la centralité de la finalisation du projet de décret qui régit l’activité de transformation au Sénégal, est toujours d’actualité.

En dehors de l’actualité liée à la célébration du 08 mars, il faut relever également que l’année 2022 est décrétée année de la pêche et de l’aquaculture artisanale par la FAO. Et ce n’est pas par hasard.
Il faut savoir que la pêche artisanale se trouve dans une crise profonde et cette tendance s’est accentuée depuis l’avènement de la pandémie du Covid-19.
Au Sénégal, cette crise multidimensionnelle a pour origine, « une rareté du poisson qui pousse les pêcheurs à se rendre de plus en plus dans les pays voisins et aller plus loin en mer à la recherche de poisson, parfois au péril de leur vie et de la détérioration des relations de bon voisinage avec les pays limitrophes », selon le mémorandum produit par le REFEPAS à l’occasion de la célébration du 8 mars 2022. Sans oublier la « baisse des revenus dans tous les segments de la pêche artisanale et des menaces sérieuses qui pèsent sur la durabilité des métiers de la pêche… ».
En un mot comme en mille, c’est toute une civilisation de la mer qui est menacée de complète et totale disparition au Sénégal !

En première ligne du combat pour la sécurité alimentaire des populations au Sénégal, les femmes mareyeuses, micro mareyeuses, transformatrices, écailleuses, subissent de plein fouet, par une précarité accrue, les conséquences de la profonde crise du secteur.
Fort de ce constat, le Réseau des Femmes de la Pêche Artisanale du Sénégal (REFEPAS), dans son mémorandum du 08 Mars 2022, demande formellement à l’État du Sénégal :
1. la signature du Décret de reconnaissance et de professionnalisation des métiers de la transformation artisanale des produits halieutiques enclenchée depuis près de 10 ans;
2. une meilleure protection des ressources halieutiques pour la durabilité des métiers de la pêche et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations Sénégalaises;
3. le gel des autorisations d’implantation d’usines de farine et d’huile de poisson, mais aussi l’interdiction de l’utilisation du poisson entier, propre à la consommation humaine, aux usines de farine de poisson déjà installées;
4. le gel de toutes nouvelles licences de pêche industrielle ciblant les petits pélagiques côtiers surexploités ;
5. la publication du Registre des navires de pêche industrielle autorisés à pêcher au Sénégal afin que les acteurs de la pêche puissent savoir quels sont les bateaux qui ont le droit de pêcher au Sénégal et faciliter ainsi l’identification des bateaux pêchant illégalement
6. l’intégration du REFEPAS dans les organes à caractère consultatif du secteur de la pêche comme le Conseil National Consultatif des Pêches Maritimes (CNCPM) et la Commission Consultative d’Attribution des Licences de Pêche industrielle (CCALP);
7. l’accès aux financements du secteur de la pêche aux organisations de femmes sans aucune discrimination ;
8. l’allocation d’un quota aux femmes mareyeuses et micro-mareyeuses dans le programme de modernisation du parc des camions frigorifiques.

Merci, Maman Seynabou ‘’Greenpeace’’
Femme transformatrice originaire de Joal, première présidente du site de transformation de Tann, le plus grand site de transformation du Sénégal, Maman Seynabou Dieng a contribué à faire entendre la voix des femmes du secteur de la pêche.
De « Dynamique Tann » à « Dynamique Femmes » en passant par le CLPA, la MECPROPEM, à Joal, à Cayar, à Gandiol, à Sandiara, partout au Sénégal, elle a porté très haut le flambeau des femmes transformatrices.
Aux côtés de Greenpeace, elle était de tous les combats, contre vents et marées, debout !
Au revoir Maman Seynabou « Greenpeace », parce que tu resteras à jamais dans nos cœurs.

Et pour couronner le tout, Greenpeace Afrique montre encore une fois son engagement pour la protection de l’environnement océanique auprès des communautés côtières avec qui, en parfaite synergie, elle a déroulé une opération de terrain à Saly (Mbour) pour dénoncer le vol des ressources halieutiques. Cette photo qui a atterrit aux quatre coins du monde, interpelle directement l’Etat du Sénégal sur la nécessité de réguler le secteur de la pêche, de publier la liste des navires autorisés à pêcher au Sénégal, d’arrêter les usines de farine et d’huile de poisson et, la concurrence déloyale en mer entre pêcheurs artisanaux et pêcheurs industriels.

Cheikh Bamba Ndao, Greenpeace Afrique – Twitter: @publicheikh