Les organisations rassemblées aujourd’hui à Dakar ont abordé trois points principaux devant la presse, avec des recommandations fortes.

1. Sur la fraude au tonnage des navires industriels

Depuis la publication en Mai 2015, du rapport de l’ONG Greenpeace intitulé “Arnaque sur les côtes africaines, exposant la fraude au tonnage des navires industriels, les, pêcheurs artisans, femmes transformatrices, mareyeurs, marins et défenseurs de l’environnement marin, n’ont cessé de demander une réponse immédiate concernant les mesures prises par le gouvernement pour faire face à ce fléau.

Pour éviter qu’une pareille fraude ne se reproduise, la coalition exige :

–  la mise en place d’une commission indépendante composée des services gouvernementaux,  de la société civile, des acteurs de la pêche industrielle et artisanale et d’experts indépendants pour superviser le jaugeage des navires afin que ce travail se fasse dans la transparence.

–  l’application immédiate de la Convention internationale de 1969 sur le jaugeage des navires, à laquelle, le Sénégal est partie contractante.

2. Sur les accords de pêche entre l’Union Européenne et le Sénégal

En 2014, le gouvernement du Sénégal et l’Union Européenne signaient un nouvel Accord de partenariat de pêche permettant à 38 navires européens d’accéder aux ressources halieutiques du Sénégal sur une période de cinq ans.

Cet accord a été plusieurs fois contesté, sur le fait qu’il ne contribuait pas à la redynamisation des activités du port de Dakar, comme annoncé par les autorités ; autorisait la pêche du merlu, une ressource protégée, ou bien encore ne garantissait pas l’emploi de marin sénégalais. De plus, il s’agissait de la première fois qu’un accord de pêche est signé sans être adopté au préalable par l’Assemblée nationale du Sénégal.

La coalition demande, à l’heure où une évaluation de l’accord est en cours, que ces manquements et insuffisances soient corrigés pour prétendre à un accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable tel que exprimé par l’Union Européenne et accepté par le Sénégal à travers la signature dudit accord.

3. Sur le Code de la pêche et Lettre de politique sectorielle de la pêche

En juin 2015, l’Assemblée nationale du Sénégal a voté le nouveau Code de la pêche maritime dont le processus de révision avait été entamé depuis quelques années.

Le nouveau code devait être l’occasion pour le gouvernement du Sénégal de combler les lacunes d’ordre juridique, opérationnel et scientifique qui sont autant d’obstacles à  la mise en œuvre d’une législation dans un secteur confronté à des défis énormes qui ont pour noms : pêche illégale, manque de transparence, impunité, baisse des stocks, entre autres.

Cependant certains articles demeurent techniquement insuffisants voire sont à l’encontre des principes fondamentaux du Développement durable qui aujourd’hui devraient être la clé de voûte du code de la pêche maritime.

Aussi, la coalition demande que le Décret d’application fasse mention de la gestion de la surcapacité des flottes et exige la présence des observateurs à bord de l’ensemble de la flotte industrielle autorisée à opérer dans les eaux sous juridiction sénégalaise.

La nouvelle lettre de politique sectorielle de la pêche devra aboutir à un engagement fort du  gouvernement du Sénégal  à développer une politique de pêche exhaustive à long terme, qui garantisse  l’exploitation durable des ressources marines pour le bien-être de tous les Sénégalais, et qui tienne compte de toute la chaîne depuis la capture jusqu’au marché en passant par le traitement des produits.