Thiès, Sénégal, 3 novembre – En réponse à la décision du Président du Tribunal de Grande Instance de Thiès de rejeter la demande de fermeture temporaire de l’usine de farine de poisson TPM (anciennement ‘Barna’) à Cayar au motif qu’elle pollue l’air, le sol et la source d’eau de la ville, le Dr Aliou Ba, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique, a déclaré:

“La décision est une grande déception pour la population de Cayar – et pour tous ceux qui, en Afrique de l’Ouest, veulent protéger la vie marine, les emplois, l’accès à la nourriture et le droit à un environnement sain contre ces industries destructrices. 

“Le mois dernier, le tribunal a reçu des preuves de niveaux de métaux lourds toxiques dépassant les limites légales dans l’eau du robinet de Cayar et dans le lac qui est relié à la nappe phréatique[1], ainsi que des documents vidéo montrant les camions de l’usine déversant à plusieurs reprises des effluents de déchets dans le lac[2].

“Malgré ce refus, nous sommes convaincus que la loi protégera les femmes transformatrices de poisson et les pêcheurs, que les populations pourront s’approvisionner en poisson et que les enfants seront protégés des usines qui polluent leur eau, leur air et leur sol.

“Ce résultat ne fait que renforcer notre détermination. Parce que si nous les laissons faire, un jour ces entreprises prendront le dernier poisson de nos mers. Et les usines comme celle de Cayar transformeront les derniers poissons en farine, et la vendront à d’autres pays pour nourrir leurs animaux[3].

“Nous n’abandonnerons pas. Les habitants de Cayar continueront leur lutte car ils n’ont pas le choix.”

Thaddée Adiouma Seck, Chargé de programmes Senior de Natural Justice, qui soutient également le litige, a déclaré :

“Cette démarche du Tribunal est particulièrement regrettable. Si à la lumière des preuves fournies par la communauté, le juge n’a pas sanctionné l’entreprise, cela veut dire qu’un travail de sensibilisation sur les questions environnementales demeure urgent. Quoi qu’il en soit, nous ne comptons pas baisser les bras, car le combat pour un environnement sain est un combat pour les générations futures.”

Notes aux rédacteurs

[1] Les analyses du laboratoire indépendant, qui ont suivi l’échantillonnage de l’eau vérifié par un huissier, ont révélé :

  • Des niveaux élevés de métaux toxiques dans l’eau du robinet, dont plus de trente fois le niveau de sélénium et quatre fois le niveau légal de chrome, selon le code juridique sénégalais NS-05-033, qui s’applique à l’eau potable. 
  • Des niveaux élevés de métaux toxiques dans l’eau du lac, dont près de quatre fois le niveau légal de sélénium et près de trois fois le niveau légal de chrome, selon le code juridique sénégalais NS-05-061, qui s’applique aux masses d’eau telles que les lacs.
  • De faibles niveaux d’oxygène dans l’eau du lac. Les résultats suggèrent que le lac Mbawane est pollué par des matières organiques biodégradables et que, par conséquent, le lac est mal oxygéné, empêchant ainsi toute forme de vie aquatique. Cela concorde avec la documentation de Greenpeace Afrique d’un camion de l’usine déversant ses déchets liquides de poissons dans le lac.

[2] Des clips vidéo montrant un camion de l’usine de farine de poisson de Cayar déversant des déchets dans le lac Mbawane de Cayar, et des images de drone de l’usine sont disponibles dans la médiathèque de Greenpeace.

[3] Le rapport de la FAO indique : “Si la majorité des poissons entiers utilisés dans la production de farine et d’huile de poisson proviennent de ressources bien gérées, la durabilité de certaines pêcheries reste très préoccupante dans certains pays où la production de farine de poisson est en hausse. C’est le cas dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, où une quantité croissante de captures est réduite en farine de poisson à des fins d’exportation, plutôt que d’être utilisée pour la consommation humaine. Au Sénégal, par exemple, les poissons entiers utilisés pendant des décennies pour la consommation humaine directe sont désormais réorientés vers la production d’ingrédients marins. Cette situation accroît non seulement la pression sur les ressources halieutiques, mais elle a également un impact sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance. Dans ces domaines, il est essentiel d’améliorer la gouvernance et la gestion des pêches, tout en donnant la priorité à l’utilisation du poisson pour la consommation humaine. ” (FAO, 29 juin 2022, p. 77)

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