Très tôt dans la matinée, je pouvais apercevoir les peuples autochtones Baka du Sud Cameroun construirent les « mongolo » avec les lianes et feuilles à l’esplanade du stade omnisport de Yaoundé. Sans hésiter, je me suis joint à eux et ce fut très enrichissant. 

C’était à l’occasion de la célébration de la journée internationale des peuples autochtones, en août. Comme moi, d’autres se sont également aux  peuples Baka du Sud, comme des ONGs, des professeurs, des artistes dont Ko-C, Toki lala et Kool Black, et sans oublier de mentionner volontaires de Greenpeace Afrique.

Photo: Les Baka initient au public la construction des “mongolos” à partir du matériel forestier.  (@Sylvie Djacbou)

 

La célébration à laquelle j’ai eu l’honneur de prendre part avec les peuples Baka du Sud, avait pour objectif la sensibilisation sur la richesse culturelle de ce peuple mais aussi, pour eux, l’opportunité d’exposer sur les nombreux problèmes qu rencontrent les peuples autochtones.

Je partage la conviction de Greenpeace Afrique selon laquelle les peuples autochtones, bien qu’étant les premiers victimes de la dégradation de l’environnement, disposent également de solutions naturelles à ces nombreux problèmes environnementaux.

Dans la région du Sud du Cameroun par exemple, Sudcam, une entreprise agro industrielle de caoutchouc a défriché des ha de forêts naturelles, et est impliquée dans l’accaparement sévère de terres. Elle a violé les droits coutumiers et détruit les villages des peuples autochtone Baka.

Il faut noter qu’au Cameroun, quand on parle des peuples autochtones des forêts, l’on fait référence aux Baka, Bagyeli, Bakola et Bedzang, qui sont des chasseurs-cueilleurs, vivant principalement dans les régions boisées du Sud, du Centre et de l’Est du pays, et les peuples autochtones pastoraux, les Mbororo, qui vivent principalement dans les zones de savane des régions de l’Est, du Nord-Ouest et de l’Adamaoua. Il existe un troisième groupe de peuple autochtone moins connu, les communautés montagnardes de Kirdi, qui vivent dans les montagnes de la région du Nord.

J’ai eu l’occasion d’apprécier, en pleine pluie, les pas de danse traditionnelle Baka,  élément essentiel de leur culture. “Elle est notre expression de joie, lorsque nous dansons et lorsqu’il pleut, comme maintenant, c’est signe de la bénédiction de nos dieuxedjingue”, déclare Parfait Yemelle, leader Baka du Village d’Edjom.

Photo: Danse Baka malgré la douleur dans les coeurs, les Baka montrent l’importance de leur culture au travers de leur danse (@Sylvie Djacbou)

 

Photo: Rex Andoh Ashu, notre chargé de mobilisation en pleine mobilisation (@Sylvie Djacbou)

 

Ceci a été également l’occasion pour les peuples Baka d’appeler à la sécurisation de 60.000 ha de leur forêt à Assok/Mintom dans la région du Sud.

 

Photo: Les peuples Baka appellent à la sécurisation de 60.000 ha de forêt à Assok/Mintom. (@Sylvie Djacbou). Le chef du village d’Assok, Sa Majesté Abila qui présente l’importance de la forêt pour eux et l’impact des agro-industries sur les peuples Baka. “Si nous continuons à perdre nos terres et nos forêts, la survie même de nos cultures et de nos peuples est menacée.”

Les peuples autochtones des forêts victimes de violations graves de leurs droits humains depuis plusieurs années, en raison d’activités agro-industrielles telles que celle de SudCam et les concessions forestières et la création d’aires protégées sur leurs terres ancestrales. Cette situation troublante laisse présager un avenir où les peuples autochtones, n’aurons plus de terres si rien n’est mis en oeuvre pour mettre fin cela.

 

Photo: Le Pr Djayou Enseignant de Biochimie/Toxicologie à l’université de Yaoundé I présente l’approche de pérennisation de la culture Baka au travers de la médecine traditionnelle.

 

Photo: Les patriarches Baka et les leaders autochtones déplacés d’Edjom expliquent à l’assemblée comment ils ont été chassés de leurs terres par Sudcam et sont maintenant déplacés. (@Sylvie Djacbou).

La célébration a vu la participation des journalistes, suivie d’une conférence de presse à laquelle les peuples autochtones ont eu l’occasion à partager leurs messages à l’intention des autorités camerounaises.

 

Photo: Sylvie Djacbou, chargée de campagne forêt chez Greenpeace Afrique répond à la presse: “Il est important que les autorités Camerounaises puissent répondrent aux cris des peuples autochtones en sécurisant leurs droits, leur terres, ressources naturelles, afin de préserver leur culture et leur identité, qui sont source d’une grande richesse. Ceci serait un pas dans l’arrêt du phénomène d’accaparement de terres dont sont victimes les Baka du Sud Cameroun ici présents, qui ont été délocalisé de leur forêt par la company SudCam sans plan de relocalisation”.

Photos de l’artiste Ko-Ci (@Sylvie Djacbou)

 

La terre est vitale pour l’existence des connaissances traditionnelles des peuples autochtones des forêts. Ce savoir traditionnel a contribué à l’entretien physique et écologique des forêts depuis des décennies avant l’arrivée massive des agro-industries.

C’est la raison pour laquelle je joins ma voix à celle des peuples autochtones des forêts, ainsi que de Greenpeace Afrique de ses volontaires et, pour préserver la culture Baka, dont  leurs connaissances traditionnelles et pour les transmettre aux générations futures.

Bien plus encore, les peuples autochtones des forêts doivent être impliqués et participer aux processus liés à la révision des lois relatives aux terres et aux forêts et à tout autre processus susceptible d’affecter leurs territoires.

Cette année a été une année de plus de mobilisation autour de l’indignation des peuples autochtones, il serait impératif que le gouvernement camerounais puisse sécuriser leur droits coutumiers afin que l’année avenir soit une année de célébration.

Joignez vos voix à celle de Greenpeace Afrique, Ko-C et signez la pétition