Alors que la pandémie de COVID-19 sévit dans toutes les régions du Sénégal et affecte les activités de nombreux pêcheurs, les autorités sénégalaises, par le biais du ministère de la Pêche ont voulu, par des manœuvres masquées, octroyer 52 licences de pêche à des bateaux étrangers. C’était sans compter sur la vigilance des vaillants défenseurs de la mer, industriels, pêcheurs artisans et femmes transformatrices, qui n’ont ménagé d’aucun effort pour défendre leur moyen de subsistance et la sécurité alimentaire. Ensemble, ils se sont mis debout pour dire non à ces nouveaux envahisseurs qui allaient inéluctablement rendre leur situation encore plus précaire. 

Réunions, conférence de presse, appel téléphonique, communiqué de presse: toutes les stratégies ont été mis en place pour réclamer justice auprès des autorités et repousser au plus loin ces demandeurs de permis de pêche.

Une idée efficace a été de célébrer de la Journée Mondiale des Océans en s’inspirant de l’actualité du moment: le port de masque  rouges en l’occurrence. 

Pour l’occasion, 10.000 masques de ce type ont été confectionnés et marqués d’un message clair et limpide: “Non aux licences de pêche illégales”.

Tous à l’unisson et en uniforme, jeunes et moins jeunes ont fait entendre leur voix du Nord au Sud, sur toute l’étendue du territoire sénégalais, dans les maisons et même au-delà des frontières. Cette activité unique et pacifique a été le moteur d’une grande mobilisation de Dakar à Kafountine, en passant par Saint-Louis, Mbour, Joal, Yarakh, Yenn, Rufisque et Cayar où tous avaient un seul slogan « Non aux licences de pêche illégales ». Ce refrain en rouge, couleur du sacrifice de pêcheurs et femmes transformatrices qui peinent à vivre de leur métier du fait de la rareté des ressources, a été scandé, cité, chanté, dansé, écrit pour que nul n’ignore que le poisson sénégalais doit d’abord nourrir les sénégalais avant d’être exploité et exporté pour engraisser les poissons, chats, poules, chiens et porcs d’autres nations. 

Ce 8 juin, alors que toutes les communautés de pêcheurs, des femmes transformatrices, de pécheurs à la retraite, pêcheurs actifs et corps de métiers évoluant autour de la pêche se sont joints au mouvement national pour dire Non et Non et Non aux 52 licences de pêche demandées par la flotte chinoise et turque. Le lendemain, une nouvelle nous est parvenue des autorités sénégalaises : “’l’État ferme ses eaux aux bateaux étrangers”. 

Cette annonce tombe à point nommé et donne une raison de plus à tous les acteurs déjà actifs sur le terrain de transformer leur cri de détresse en cri de joie. “Victoire, victoire” pouvait-on entendre çà et là dans les quais de pêche… Une raison de danser et de saluer la décision des autorités qui ont écouté l’appel de 10.000 masques rouges.

Grâce à la pression mise par les 10.000 masques rouges sur les autorités, l’ océan du Sénégal peuvent souffler. Une meilleure gestion des ressources sera indispensable pour qu’ils puissent enfin respirer. 

Philippe Ahodekon, chargé de Mobilisation

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