Depuis fin février, l’Esperanza, un des trois navires de la flotte de Greenpeace, sillonne les eaux de six  pays membres de la Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP) dans le cadre d’une expédition dénommée Espoir en Afrique de l’Ouest.

Il y a quelques semaines, l’équipage quittait  le port de Bissau pour de nouvelles aventures, d’abord en Guinée Conakry puis en Sierra Leone. Mais avant, nous avions  reçu un invité de marque en la personne du Président José Mario Vaz de la République de Guinée – Bissau.

Président Guinée Bissau à bord Esperanza

Ce fut un moment plein d’émotions au cours duquel nous lui avons présenté les résultats de l’opération conjointe que nous avons menée avec le FISCAP, le Département de la surveillance des pêches de la Guinée – Bissau.
C’est un homme profondément préoccupé par la situation qui règne dans les eaux de son pays que j’ai vu. Son objectif : «faire en sorte que les populations bissau-guinéennes puissent être les premières bénéficiaires des ressources dont regorgent leurs eaux.

Informé de notre présence dans le pays et de nos intentions d’appuyer la Guinée-Bissau dans sa lutte contre le pillage illégal de ses ressources marines, le Président Vaz décida de nous recevoir. Une réunion éclair, dans une salle de la présidence, à l’issue de laquelle il ordonna à ses ministres de la défense et des pêches de prendre les dispositions nécessaires pour accompagner Greenpeace dans cette noble mission dont les résultats ont été plus que satisfaisants : 8 navires de pêche identifiés en situation de pêche INN dont 4 arraisonnés, en seulement 4 jours de patrouille !

découverte et saisie conjointe Greenpeace Guinée Bissau

Ces actions, décrites plus haut, ne sont pas les seules à mettre au compte du président Vaz dans son engagement à mettre de l’ordre dans le secteur de la pêche bissau-guinéenne. Sa visite, au mois de janvier, des locaux du FISCAP en disait long. A travers cette visite, il a voulu manifester son soutien total aux agents de ce département qui a pour mission de surveiller les activités de pêche dans les eaux du pays, entre autres. Aussi, et le plus important, pour s’enquérir de leurs besoins pressants. Car, il le sait bien : comme partout dans la région, les pertes occasionnées par la pêche INN, dans son pays, sont inacceptables et les moyens pour en faire face manquent.

Récemment, un projet d’augmentation des amendes pour les activités de pêche INN a été adopté, sous sa supervision, et sera incessamment mis en œuvre.
En matière de leadership régional pour des pêcheries durables en Afrique de l‘Ouest, le président Vaz n’est pas seul. La Guinée, portée par son actuel ministre des Pêches et de l’Aquaculture, André Loua, sort petit à petit la tête de l’eau en multipliant les réformes pour assainir ce secteur. La pression de l‘Union européenne sur l’Etat guinéen, suite à son identification comme non-coopérant dans la lutte contre la pêche INN, a, à coup sûr, joué un rôle décisif.

Visite ministre pêche guinée conakry à bord Esperanza

Certaines réformes déjà mises en œuvre ainsi que d’autres en cours d’adoption vont positivement changer la façon dont les activités de pêche sont gérées dans ce pays. Baisse drastique du nombre de navires opérant dans la Zone économique exclusive (ZEE) de la Guinée, autonomisation du VMS (Système de suivi des navires par satellite),  interdiction formelle d’ailerons de requin à bord des navires de pêche… Selon le ministre des pêches en personne, l’AIS (système d’identification automatique) sera désormais obligatoire pour tout navire de pêche opérant dans les eaux guinéennes à partir de 2018. Une première, dans la région, qui va considérablement contribuer à la  lutte contre la pêche INN dont les impacts sont énormes.

Seulement, à eux seuls, le président Vaz et le gouvernement de la République de Guinée n’arriveront pas à changer le cours des choses dans les pêcheries ouest-africaines. Leurs actions ont besoin d’avoir une dimension régionale et faire tache d’huile pour qu’enfin soit mise en œuvre une véritable coopération sous-régionale franche et effective qui aboutira à une gestion régionale des pêcheries.
Seule une telle coopération pourra venir à bout de tous les défis qui interpellent, aujourd’hui, les pêcheries ouest-africaines. Car, au-delà de la pêche INN, les questions de surcapacité et de gestion des stocks partagés se posent également avec acuité.
Aujourd’hui, comme plus que jamais, l’Afrique de l’Ouest a besoin d’un leadership régional capable de catalyser les réflexions et les actions nécessaires pour une gestion communautaire de leurs ressources marines.
Vivement que les maillots de leader endossés par le président Vaz et le gouvernement de la République de Guinée interpellent leurs pairs…  Après le Cap Vert, la Mauritanie, la Guinée Bissau et la Guinée Conakry, l’Esperanza doit encore se rendre au Sierra Leone et au Sénégal. Qui sera le prochain à les rejoindre ?Blog écrit par Ahmed Diame, Chargé de campagne océans, actuellement à bord de l’Esperanza.

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