La Journée mondiale de la pêche artisanale est célébrée chaque année le 21 novembre par les communautés de pêcheurs du monde entier ainsi que tous les acteurs qui gravitent autour. L’objectif de la Journée mondiale de la Pêche est de souligner, encore et encore, non seulement la protection des océans, mais aussi l’importance de la protection et la gestion des ressources halieutiques pour les communautés côtières, parce qu’essentielles en tant que moyens de subsistance et en termes d’emplois.

Les femmes transformatrices de poisson: le maillon fort de la chaîne

Journée Mondiale de la Pêche Artisanale – 21 novembre 21 à Thiaroye sur Mer – Dakar/Sénégal – Copyright Greenpeace Afrique

Au Sénégal, à l’initiative de l’ONG Greenpeace Afrique, la journée mondiale de la Pêche artisanale a enregistré l’engagement de pratiquement tous les acteurs de la pêche au Sénégal. Avec la participation de tous les acteurs qui y interviennent, d’où la présence massive des femmes de Kayar, de Joal, de Mbour, du Marché central au poisson, de Thiaroye et de tous les membres du Réseau des Femmes de la Pêche Artisanale du Sénégal (REFEPAS).

La sécurité alimentaire des populations ouest-africaines est menacée: Dr. Aliou Ba sonne l’alerte.

Journée Mondiale de la Pêche Artisanale – 21 novembre 21 à Thiaroye sur Mer – Dakar/Sénégal – Dr. Aliou Ba, responsable de la campagne Océans – Copyright Greenpeace Afrique

Les mers en Afrique de l’Ouest constituent un trésor que nous devons protéger. Partout dans le monde, les mers se vident et, en raison de la pêche illégale et de la surpêche, les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des acteurs sont menacés’’ a lancé en guise d’alerte, Dr. Aliou Ba, Manager de la campagne Océans de Greenpeace Afrique.

C’était ce dimanche 21 novembre à Dakar (Sénégal), à l’occasion de la Journée mondiale de la Pêche artisanale. En vérité, il n’y a pas de quoi se réjouir dans un contexte marqué par la rareté des ressources halieutiques et les menaces sur les emplois et la sécurité alimentaire de centaines de milliers d’acteurs en Afrique de l’Ouest et, de la population ouest-africaine de manière générale.

Le plaidoyer des femmes transformatrices de poisson

Journée Mondiale de la Pêche Artisanale – 21 novembre 21 à Thiaroye sur Mer – Dakar/Sénégal – Troupe Ndawrabine – Copyright Greenpeace Afrique

La troupe de Ndawrabine de Thiaroye-sur-mer a proposé à l’assistance une animation axée sur des messages. Mais le cœur n’était pas trop à la fête. Ces femmes, d’ethnie Lébou pour la plupart, filles et épouses de pêcheurs, ont fait un plaidoyer auprès des autorités du Sénégal, pour l’arrêt des activités des usines de farine de poissons dans le pays et la publication de la liste des navires de pêche autorisés au Sénégal. 

C’est que chaque année, plus d’un demi-million de tonne de poissons sont pêchés dans les eaux d’Afrique de l’Ouest pour être transformées en farine et en huile de poisson afin de nourrir les poissons d’élevage, le bétail et les animaux domestiques en Asie et en Europe, selon un précédent rapport de Greenpeace Afrique et Changing Markets.

Un cadre de concertation harmonisé entre acteurs de la pêche et Etat du Sénégal

Journée Mondiale de la Pêche Artisanale – 21 novembre 21 à Thiaroye sur Mer – Dakar/Sénégal – Le chef du Service régional des Pêches et de la Surveillance de Dakar, M. Ismaïla Ndiaye (à gauche sur la photo) – Copyright Greenpeace Afrique

Les autorités du Sénégal ont, elles aussi, tenu à participer à la célébration de la Journée mondiale de la Pêche. Le chef du Service régional des Pêches et de la Surveillance de Dakar, M. Ismaïla Ndiaye (à gauche sur la photo), y représentait le ministre des Pêches et de l’Economie maritime.Il a évoqué dans son discours, la nécessité d’explorer les voies et moyens d’harmonisation de « tous les acteurs de la pêche autour de l’essentiel et de voir dans quelle mesure la chaîne de valeur peut être redynamisée ». Tout en faisant remarquer qu’au Marché central au poisson, il y a plus de six mille femmes qui s’activent dans la transformation et le commerce de poisson, soit plus que le nombre de pêcheurs en mer. D’où l’importance selon lui, du rôle des femmes transformatrices de poisson comme maillon fort du secteur.

Les usines de farine et d’huile de poisson: le mal de mer ouest-africain

Journée Mondiale de la Pêche Artisanale – 21 novembre 21 à Thiaroye sur Mer – Dakar/Sénégal – Troupe Ndawrabine – Copyright Greenpeace Afrique

Ce poisson pourrait créer des emplois et nourrir les gens dans ma communauté, ou n’importe où en Afrique de l’Ouest. Mais au lieu de cela, il sera utilisé pour nourrir les poissons d’élevage et les animaux en Europe ou en Asie. Il faut que cela cesse !”, s’exclame Fatou Samba, présidente de l’association des femmes transformatrices de produits halieutiques de Xelcom (Bargny – Sénégal). 

Greenpeace Afrique suggère fortement aux autorités gouvernementales du Sénégal, de procéder au gel de nouvelles autorisations d’implantation d’usines de farine de poisson comme stipulé dans les recommandations des concertations sur les usines de farine et d’huile de poisson tenues le 24 Octobre 2019. Greenpeace demande, également, la fermeture des usines utilisant du poisson entier, propre à la consommation humaine.

Par ailleurs, il faut savoir qu’en dépit de cette menace croissante sur le secteur de la pêche et de « l’importance du rôle des femmes », le statut des femmes transformatrices n’est toujours pas formalisé au Sénégal. Un tel statut devrait leur permettre d’accéder aux droits du travail et à ses avantages, tels que la sécurité sociale et des droits de consultation dans la gestion des pêches, pour elles mais aussi pour leurs familles.

Les femmes transformatrices réclament une reconnaissance juridique

Journée Mondiale de la Pêche Artisanale – 21 novembre 21 à Thiaroye sur Mer – Dakar/Sénégal – Diaba Diop Présidente REFEPAS – Copyright Greenpeace Afrique

Choisie par ses pairs pour son engagement, son courage, son leadership et sa probité morale, Diaba Diop Niang, présidente du REFEPAS et ses collègues, qui sont des femmes transformatrices, des mareyeuses et des micro-mareyeuses, veulent également constituer un cadre de concertation et une force de proposition au profit d’une pêche durable au Sénégal, estimant qu’il faut que les femmes soient dans les instances de décision.

‘’Nous nous sommes engagées à défendre les activités professionnelles de nos membres, en faisant des plaidoyers allant dans le sens de mettre un terme aux difficultés et autres contraintes que nous rencontrons dans le cadre de notre travail’’, a indiqué Diaba Diop Niang, également secrétaire générale du site de transformation ‘’Pencum Sénégal’’. Pour sa part, la reconnaissance juridique de l’activité de transformation demeure une urgence. ‘’Nous voulons une reconnaissance juridique. Le secteur est lambeaux. Il faut une organisation pour que nous puissions tirer pleinement profit de cette activité. Nous sommes confrontés à la rareté du poisson, impactant notre activité de transformation.’’ a déploré Diaba Diop.

Le secteur de la pêche liste des doléances et réclament plus d’actes

Journée Mondiale de la Pêche Artisanale – 21 novembre 21 à Thiaroye sur Mer – Dakar/Sénégal – AIDA DIOUF, Secrétaire Générale REFEPAS – Copyright Greenpeace Afrique

Une fois n’est pas coutume, la Journée mondiale de la Pêche offre aux femmes, très actives dans le processus de transformation du poisson, l’occasion de décliner leurs doléances, par la voix de la secrétaire générale du Réseau des Femmes de la Pêche Artisanale du Sénégal (REFEPAS), Mme Aïda Diouf,  que voici:

1.     Une meilleure protection des ressources halieutiques pour la durabilité des métiers de la pêche et la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations nationale, la pérennisation des métiers de la pêche, et la création de richesses pour les Communautés et l’État ;

2.     La signature du Décret de reconnaissance et de professionnalisation des métiers de la transformation artisanale des produits halieutiques enclenchée depuis près de 10 ans;

3.     L’implication des organisations du secteur des pêches dans les structures chargées du suivi de l’exploration et de l’exploitation du pétrole et du gaz offshore pour une meilleure prise en compte des préoccupations des communautés de pêcheurs qui seront les plus impactées;

4.     La fixation d’une contrepartie financière à allouer au secteur des pêches ainsi que l’identification de mesures de sauvegarde sociale avant l’exploitation du pétrole et du gaz offshore ;

5.     Le gel des autorisations d’implantation d’usines de Farine et d’Huile de poisson, mais aussi réaliser des audits d’impacts environnementaux et sociaux (AIES) des entreprises de farine de poisson déjà fonctionnelles pour s’assurer du respect des plans d’opérations internes;

6.     La publication du Registre des navires de pêche industrielle autorisés à pêcher au Sénégal afin que les acteurs de la pêche puissent savoir quels sont les bateaux qui ont le droit de pêcher au Sénégal et faciliter ainsi l’identification des bateaux pêchant illégalement

7.     L’annulation des licences illégales de pêche pour rétablir les violations au code de la pêche maritime

8.     La concrétisation de l’engagement public du Chef de l’Etat d’adhérer à l’Initiative pour la Transparence des Pêches « FITI » en finalisant les étapes d’adhésion ;

9.     La réforme de certains organes à caractère consultatif comme le Conseil consultatif d’attribution des licences de pêche en instances de délibératives tout en renforçant la présence et la participation des organisations professionnelles de pêche artisanale (REFEPAS, RNCLPA, RGIEI);

10. Le renforcement des moyens de la recherche halieutique en dotant le CRODT d’un nouveau bateau de recherche et de moyens suffisants en vue de lui permettre d’assumer sa mission de production de données et d’informations scientifiques, gage de politiques publiques de pêche pertinentes ;

11. Le gel de toutes nouvelles licences de pêche ciblant les petits pélagiques côtiers surexploités ;

12. L’apaisement du climat social et le rétablissement du dialogue inclusif et de la concertation saine pour mobiliser les énergies et créer les conditions d’un développement durable des pêches.

Cheikh A. Bamba Ndao 

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