Rien ou presque, serions-nous tentés de dire. Tant nos ressources sont au bord de la rupture ou en voie de l’être. 

« Quel que soit le prix à payer, le Sénégal va préserver ses forêts » dixit le Président Macky Sall, dans un extrait de l’entretien accordé à la radio allemande Deutsche Welle, diffusé le mercredi 16 février 2022. Ce sont là de fortes paroles qui n’ont pas manqué de recevoir un accueil favorable de la part de tous ceux qui, de près ou de loin, comme l’ONG Greenpeace Afrique, s’activent autour de la préservation de la ressource forestière.

Children in Sodefor Log Camp – Copyright: Greenpeace Afrique 

Protection des ressources forestières au Sénégal : du discours au terrain, la réalité est toute autre. 

Gros bémol cependant, du discours au terrain, la réalité est tout autre. Sur sa page Facebook, Moudjibou Rahmane Baldé, en date du 7 avril 2022, l’ex coordonnateur de la section locale de l’ONG sénégalaise Forum civil à Kolda et lanceur d’alerte, met les pieds dans le plat et interpelle Macky Sall : «Tant que vous ne lutterez pas efficacement contre la corruption, l’impunité qui gangrènent ce secteur ; tant que vous ne casserez pas les lobbies qui se sucrent derrière ce trafic de bois ; tant que vous n’aurez pas comme première source d’information, dans cette lutte, les Osc, les lanceurs d’alerte et organisations environnementales à la base, vous nous reviendrez encore pour une énième déclaration d’intention, mais le problème restera toujours entier».

Et d’enfoncer le clou : « nous nous rappelons de l’arrêté interdisant la coupe de bois en Casamance à la suite des événements de Baffa Bayotte. Au moment où cet arrêté était en vigueur, un délinquant forestier coupa 171 billons dans la forêt classée de Koudora (dans la commune de Coumbacara, précisément au mois de décembre 2020). Je dis bien une forêt classée. » 

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Pour rappel, ce qui est en jeu, ce sont les 40 000 hectares de forêts qui disparaissent chaque année, sur les 19,6 millions d’hectares de superficie du pays, selon Greenpeace Afrique, qui cite dans un communiqué, le Président Macky Sall, lors de son investiture, le 1er décembre 2018. 

N’est-il pas temps de placer au cœur de notre diplomatie active avec les pays « amis » – la Chine pour ne pas la citer, en ce qui concerne le trafic de bois de rose, la question de la préservation de nos ressources naturelles ?

Image credit: www.senenvironnement.com Sénégal – Trafic de bois: Macky Sall renforce Abdou Karim Sall sur le travail de qualité réalisé sur le terrain – 3 février 2020

Préservation des ressources naturelles : Quid des océans ? Les populations ne voient même plus la queue du poisson 

En dépit de l’adoption du point 4 du référendum de 2016 consacré à « la reconnaissance de nouveaux droits aux citoyens : droit à un environnement sain sur leurs patrimoines fonciers et sur leurs ressources naturelles », les populations directement concernées par l’impact des politiques sur ces ressources, ne sont ni consultées ni prises en compte dans la prise de décision.Pour prendre l’exemple de la pêche, le Réseau des Femmes de la Pêche Artisanale du Sénégal (REFEPAS), dans son mémorandum du 08 mars 2022, n’a eu de cesse de réclamer en ses points 5 et 6, respectivement, la publication du Registre des navires de pêche industrielle autorisés à pêcher au Sénégal et l’intégration du REFEPAS dans les organes à caractère consultatif du secteur de la pêche. C’est le moins que l’on puisse demander, venant de la part du peuple, désormais « propriétaire » des ressources naturelles en lieu et place de l’Etat !

Greenpeace Afrique, en partenariat avec des pêcheurs de Saly (Mbour), ont effectué cette parade en mer pour dénoncer le vol du poisson au Sénégal – Credit: Greenpeace Afrique

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Une des grandes leçons retenues de la problématique relative à la préservation des ressources naturelles de par le monde, est qu’elle se fera avec les populations ou ne se fera pas.

Et il nous faut convenir aujourd’hui, au vu de nos connaissances actuelles, que nous ne pourrons pas dire demain à nos petits-enfants, les regardant dans le blanc des yeux : « nous ne savions pas ». Cela se joue ici et maintenant.

Cheikh A. Bamba NDAO – Greenpeace Afrique – Twitter: @publicheikh