Il y a 70 ans exactement qu’une bombe atomique a été larguée sur la ville japonaise d’Hiroshima. Aujourd’hui, nous nous souvenons des effets terribles des armes atomiques, mais également de toutes les vies qui ont été détruites par des accidents nucléaires. En effet, l’énergie nucléaire et les armes nucléaires vont de pair. Depuis Hiroshima, nous nous battons pour le désarmement nucléaire afin d’assurer un avenir plus sûr et plus durable.

Il y a septante ans, les premières bombes atomiques ont été larguées sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki (le 9 août), et plus de 280.000 personnes ont été tuées. Les horreurs de ces bombardements sont indélébiles. Il y a dix ans exactement, j’étais à Hiroshima, et je m’entretenais avec les survivants de la bombe atomique. « Plus jamais ça », disaient-ils, « nous devons tout faire pour éviter une répétition de cette triste histoire ».

Et pourtant, après la seconde guerre mondiale, la technologie des armes nucléaires a été intégrée dans le programme « des atomes pour la paix » du président américain Eisenhower. La bombe atomique qui avait causé tant de souffrances au Japon a en réalité donné naissance à l’énergie nucléaire que nous utilisons encore aujourd’hui.

L’énergie nucléaire est aussi dangereuse

Plus de 65 ans après Hiroshima, en 2011, le nord du Japon a été frappé par un tremblement de terre et un tsunami qui ont entraîné un grave accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Plus de cent mille personnes ont dû fuir la contamination radioactive. Beaucoup d’entre elles ne peuvent pas encore rentrer chez elles – et ne pourront sans doute jamais le faire. La population reste quotidiennement confrontée aux effets de cette catastrophe nucléaire jusqu’à plus de 60 km de la centrale.

Et pourtant, le gouvernement japonais a décidé, il y a quelques semaines, de renvoyer 54.800 personnes vers les zones contaminées autour de Fukushima. La région est encore loin d’être sûre, comme l’a confirmé l’étude menée par des experts en radiation de Greenpeace. Les personnes concernées n’ont guère le choix, parce que leurs indemnités financières prendront fin en 2018.

Ne tirons-nous jamais les leçons du passé ?

Le gouvernement japonais ne semble pas vouloir tirer les leçons d’Hiroshima et de Fukushima. Il persiste obstinément à promouvoir le redémarrage des centrales nucléaires japonaises, même si elles n’ont plus fonctionné depuis près de deux ans, et ceci sans provoquer de black-out. Il a également modifié la constitution japonaise pour que l’armée japonaise puisse prendre part à un conflit armé, une première depuis la seconde guerre mondiale.

Les conséquences de la guerre sont terribles, comme le sont celles des armes nucléaires et de l’énergie nucléaire. L’histoire de Greenpeace est jalonnée d’actions contre les armes nucléaires et l’énergie nucléaire. En effet, l’énergie nucléaire sans risque de prolifération d’armes nucléaires n’existe pas. Il suffit de penser à tous ces pays qui ont combiné les deux : les Etats-Unis, la France, la Chine, Israël, l’Inde, la Corée du Nord… mais aussi la Belgique, qui stocke sur son sol des ogives nucléaires depuis des décennies. Un monde sans armes nucléaires est donc un monde sans énergie nucléaire.

J’ai été témoin des conséquences de Fukushima et de Tchernobyl. En un jour comme aujourd’hui, je pense à tous ceux qui souffrent et ont souffert des bombardements et des catastrophes nucléaires de ces 70 dernières années. Comment peut-on encore croire à un avenir où l’énergie nucléaire est présente ? Les énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien, sont de véritables « énergies pacifiques ». Et chaque jour, je me bats pour elles.