Quelques heures seulement après avoir confronté un méthanier américain, les activistes de Greenpeace Belgique ont cet après-midi confronté le méthanier Fedor Litke, en provenance de l’Arctique Russe. A bord de deux zodiacs et soutenus par le navire de Greenpeace Arctic Sunrise, les activistes de l’organisation ont dénoncé la dépendance persistante de l’Europe à l’égard du gaz fossile. Sur leurs bannières, les visages de Poutine et de Trump étaient accompagnés du slogan “Leur gaz, votre argent”.

Les activistes de Greenpeace Belgique en action contre le méthanier Fedor Litke – © Greenpeace – Eric de Mildt  Retrouvez toutes les photos et vidéos ici.

Le méthanier Fedor Litke est le premier navire transportant du gaz russe à destination de Zeebrugge depuis l’entrée en vigueur, ce 26 mars, de l’interdiction européenne de transborder du gaz russe vers des destinations en dehors de l’UE.

Pendant l’action, le méthanier a fait demi-tour, bien qu’il soit toujours destiné au terminal de Zeebrugge, selon les données disponibles.

“Alors que l’interdiction de transbordement de GNL russe est entré en vigueur ce 26 mars, force est de constater que dans le même temps, et avec beaucoup d’hypocrisie, nos importations en GNL russe ne cessent d’augmenter” déplore Mathieu Soete, chargé de campagne chez Greenpeace Belgique et présent à bord du Arctic Sunrise. “Les responsables politiques européens appellent en plus à une augmentation des importations de GNL en provenance des États-Unis et du Qatar. Au lieu de rendre l’Europe plus indépendante et résiliente, nos responsables politiques jouent le jeu de Poutine et de Trump. Notre dépendance à leur gaz est un cadeau pour le trésor de guerre de Poutine, renforce la position de force de Trump, et nous en risquons d’en payer le prix dans nos factures énergétiques.”

Ces dernières années, l’UE est devenue de plus en plus dépendante des livraisons de gaz fossile par des méthaniers, pour remplacer en partie le gaz russe qui arrivait en Europe par des gazoducs. [1] Le GNL (gaz « naturel » liquéfié) est pourtant plus nocif pour le climat que le gaz « normal » et plus cher. Son essor est lié au lobbying intense de tout le secteur gazier, qui s’est encore renforcé depuis le début de la guerre en Ukraine. [2] La Belgique n’est pas en reste.

Zeebrugge est devenu une plaque tournante majeure pour le GNL, principalement et ironiquement en provenance de Russie, mais aussi du Qatar et des États-Unis. En 2024 et au début de cette année, l’expansion de la capacité de regazéification du terminal a été accélérée, un nouveau contrat a été signé pour l’importation de GNL en provenance des États-Unis et Fluxys pose à la hâte une nouvelle canalisation de gaz fossile vers l’Allemagne

“Quel futur énergétique voulons nous dessiner pour l’Europe” interroge Mathieu Soete. “Nous appelons notre nouveau ministre de l’énergie Mathieu Bihet à se positionner en faveur de la sortie claire et définitive du gaz fossile, une énergie aussi désastreuse pour la planète que pour les droits humains. Le gaz de Poutine doit être stoppé, et nous ne pouvons pas le remplacer par le gaz de Trump. Dans un contexte géopolitique mondial de plus en plus tendu, les Belges ont plus que jamais besoin d’une accélération des investissements dans les énergies renouvelables locales, de plans d’isolation massifs des logements et d’un accès à une énergie verte et abordable”.  

Notes

[1] https://www.bruegel.org/dataset/european-natural-gas-imports : importations de gaz (fig1) et de GNL (fig4).

[2] En raison de la forte consommation d’énergie nécessaire à la liquéfaction du gaz et à son transport, l’empreinte climatique du GNL en provenance des États-Unis est 33 % plus élevée que celle du charbon. Source : Howarth, The greenhouse gas footprint of liquefied natural gas (LNG) exported from the United States, 2024.

[3] À qui profite la guerre ? Comment les entreprises gazières tirent profit de la guerre en Ukraine”, rapport Greenpeace, 2023.