L’Union européenne et six de ses États membres ont ratifié hier à New York le traité des Nations unies sur la haute mer. Il s’agit d’une étape importante dans la lutte pour la protection des océans. Cet accord international permet de protéger de vastes zones océaniques situées au-delà des frontières nationales, sous forme de réserves marines. Il entrera en vigueur dès que 60 pays l’auront ratifié. À l’heure actuelle, on compte 28 ratifications. [1] Notre pays n’en fait pas encore partie.
Les pays qui ont déposé hier leur ratification du Traité sur les océans au siège des Nations unies à New York sont : Chypre, la Finlande, la Hongrie, la Lettonie, le Portugal, la Slovénie et l’Union européenne.
“Ces nouvelles ratifications constituent un pas de plus vers la création d’un réseau mondial de réserves marines” salue Ruth-Marie Henckes, chargée de campagne océan chez Greenpeace Belgique. “Elles permettront à l’océan de se régénérer après de nombreuses années de surpêche, de pollution et de destruction. Ces réserves marines sont fondamentales non seulement pour la vie sous-marine, mais aussi pour l’humanité. L’océan est un producteur d’oxygène, il régule le climat et il fournit du travail et de la nourriture à 3 milliards d’êtres humains.”
Sommet des Nations unies sur l’océan
Ces ratifications européennes interviennent à un moment important. Du 9 au 13 juin prochain, un nouveau sommet des Nations unies sur l’océan se déroulera en effet à Nice, réunissant des dizaines de responsables politiques du monde entier. Pour beaucoup, il s’agit d’une date butoir pour ratifier le traité, afin que sa mise en œuvre soit assez rapide pour respecter l’objectif de protection d’au moins 30 % de la surface des océans d’ici 2030. Il s’agit là d’un des piliers de l’Accord de Kunming-Montréal adopté en 2022. [2]
“Nous espérons que la Belgique ratifiera le traité dès le début de ce sommet. Notre pays joue un rôle de pionnier dans la diplomatie internationale sur les océans et est candidat pour accueillir le nouveau secrétariat du Traité des Nations unies sur les océans”, poursuit Ruth-Marie Henckes. “Nous appelons également nos responsables à maintenir leur position ambitieuse pour la phase d’entrée en vigueur de l’accord, en plaidant en faveur de la création de réserves marines dans les zones océaniques les plus vulnérables et les plus riches en biodiversité. Notre pays doit en outre absolument rejoindre ceux qui s’opposent à l’exploitation minière en eaux profondes. Il ne sera pas possible de mettre l’océan en sécurité sans mettre un terme à cette industrie destructrice.”
Note
[1] La liste des pays qui ont déjà ratifié le traité est disponible ici. Outre les pays qui ont ratifié hier, il s’agit d’Antigua-et-Barbuda, du Bangladesh, de la Barbade, du Belize, du Chili, du Costa Rica, de Cuba, de la France, du Malawi, des Maldives, des Îles Marshall, de Maurice, de la Micronésie, de Monaco, de Palau, du Panama, des Seychelles, de Singapour, de l’Espagne, de Sainte-Lucie, du Timor-Leste et de la Corée du Sud. L’Union européenne ne compte pas comme une ratification autonome.
[2] En 2022, lors de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), les pays ont convenu de protéger au moins 30 % des océans d’ici 2030, un objectif soutenu depuis des années par les scientifiques. À l’heure actuelle, seuls 2,7 % des océans mondiaux sont totalement ou largement protégés contre les activités humaines. Pour la haute mer, qui ne relève pas de la juridiction nationale, ce chiffre n’est même que de 0,9 %. Selon les calculs de Greenpeace, au rythme actuel, il faudrait attendre 2107 pour atteindre l’objectif de 30 %.