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Pierre Poilievre s’exprime avec conviction. « Nous sommes le Parti conservateur, dit-il. Nous ne croyons pas aux gros programmes gouvernementaux. Nous ne croyons pas au fait de verser de l’argent. » 

À première vue, cela ressemble à un discours politique typique. Mais ces propos ne sont pas que des slogans. Ils établissent une distinction claire entre les personnes qui devraient bénéficier d’un soutien et celles qui ne le méritent pas. Les gens qui ont leur place dans l’avenir du Canada d’un côté, et ceux à reléguer aux marges de l’autre.

Et lorsqu’un politicien qui aspire à diriger le pays nous rappelle sans cesse ce en quoi il ne croit pas, nous devons nous poser ces questions : Quelles valeurs défend-il? Quel genre d’avenir nous propose-t-il et qui sera en mesure d’en bénéficier?

Il ne s’agit pas d’un appel à la prudence budgétaire. C’est une volonté de démanteler les systèmes qui aident les gens à survivre. L’objectif est de rendre la vie plus difficile pour les personnes pauvres, monoparentales, souffrant de maladies chroniques, en situation de handicap, de monoparentalité ou de précarité en matière de logement, faisant l’expérience de racisme systémique ou de violence fondée sur le genre, ou touchées par les impacts du colonialisme. Et ensuite, de les pointer du doigt et leur dire que c’est de leur faute.

Poilievre s’est qualifié pour une pension gouvernementale à l’âge de 31 ans. Plus tard dans sa carrière, il s’en est pris publiquement à d’autres député·es au sujet de leurs pensions, en se gardant bien de révéler que sa propre pension annuelle est environ trois fois plus élevée et qu’elle devrait avoisiner les 230 000 dollars lorsqu’il franchira le cap des 65 ans. Ce montant sera encore plus élevé s’il est élu premier ministre. Peu après avoir acquis le droit de toucher une pension, il a voté pour faire passer l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse à 67 ans pour le reste de la population. Il parle d’indépendance et de « la valeur du travail acharné », mais exige ces valeurs uniquement de communautés qui se sont vu refuser l’accès équitable aux occasions pendant des générations. En 2008, il a remis en question le droit pour les survivant·es des pensionnats de toucher une indemnisation, soutenant plutôt que les peuples autochtones n’avaient simplement qu’à « travailler plus fort ». En 2023, il s’est entretenu avec un groupe ayant affirmé que les abus perpétrés dans les pensionnats étaient un « mythe ».

Ces gestes ne relèvent pas seulement d’une position politique. Ils représentent une négation de la vérité. Ils constituent un refus de reconnaître l’histoire du Canada et ses répercussions actuelles.

Et ils sont le reflet d’un schéma plus large. Lorsque Bernie Sanders dit aux gens « n’écoutez pas ce qu’ils disent, regardez plutôt ce qu’ils font », cela s’applique également ici. Alors, jetons un coup d’œil au bilan de Pierre.

Le bilan de Pierre

Tout au long de sa carrière politique, Poilievre a régulièrement voté contre les mesures de soutien qui aident les gens à combler leurs besoins fondamentaux : logements abordables, services de garde, soins dentaires, médicaments, contraceptifs et programmes alimentaires dans les écoles. Il s’est opposé à la bonification du régime de retraite, à l’augmentation du salaire minimum, à l’amélioration des droits des travailleur·ses et à la protection de l’environnement.

Lorsque les communautés ont eu besoin d’aide financière durant la pandémie, il a qualifié ces mesures de gaspillage. « Nous ne croyons pas au fait de verser de l’argent », a-t-il déclaré. Mais ce n’est pas vrai. Il estime plutôt qu’il faut donner de l’argent aux personnes et aux entités qui en ont déjà, comme les promotrices et promoteurs immobiliers, les géants de l’alimentation et les entreprises de soins de longue durée. Son entourage proche comprend des lobbyistes d’entreprises multimilliardaires et des donateur·rices qui l’hébergent dans des manoirs à travers le pays.

La question n’est donc pas de savoir si les dépenses publiques sont bonnes ou mauvaises, mais de savoir qui selon lui est digne de soutien.

Il s’est démarqué sur la scène politique en diabolisant les personnes trans et non binaires, effaçant la diversité de genre et faisant la promotion d’un discours anti-2SLGBTQIA+. Il a permis aux groupes opposés à la justice reproductive d’avoir une plus grande tribune et a ouvert la porte à des mesures législatives qui régiraient nos corps. Il a soutenu l’interdiction du niqab. En pleine saison des Fiertés, il a pris une photo aux côtés d’un homme portant un t-shirt sur lequel était inscrit Straight Pride (« Fierté hétéro ») au Stampede de Calgary. Il parle d’« idéologie radicale du genre » comme si notre droit d’exister à l’abri du danger méritait d’être remis en question, tout en concluant que le « wokisme » a « réintroduit et inventé » le racisme au Canada.

Ces prises de position n’ont rien d’accidentel. Ce sont des stratégies d’exclusion délibérées. Elles ont pour but de distraire, de diviser et de déshumaniser.

Pierre Poilievre n’est pas seulement contre les programmes gouvernementaux, il est contre la notion de soins collectifs. Il rejette le principe selon lequel la société a la responsabilité de veiller à ce que chaque personne, quels que soient son niveau de revenu, son genre, sa race, ses capacités ou son origine, puisse vivre dans la dignité et avoir des perspectives d’avenir.

Et malgré tout cela, il persiste à se présenter comme la voix des « gens ordinaires ». Mais les personnes dont la vie est la plus bouleversée par ses politiques – la mère célibataire qui essaie de trouver une garderie, le jeune confronté au racisme systémique, le travailleur contraint de choisir entre le paiement de son loyer et celui de ses médicaments, l’adolescente trans en quête de sécurité – ne sont pas incluses dans sa vision du Canada. Et lorsqu’on lui demande de préciser quels programmes sociaux il compte supprimer, il refuse systématiquement de répondre à la question.

Cet enjeu dépasse la question du positionnement sur l’échiquier politique et les clivages gauche-droite. Nous parlons ici des gens dont la vie se retrouve compliquée par des décisions politiques assimilant les soins à un luxe. Et de la question de savoir si le fait de disposer d’un logement, de manger à sa faim, d’être en sécurité et d’être valorisé·e sont des droits ou des privilèges dont seules certaines personnes peuvent se prévaloir.

Le Canada a un choix à faire.

Voulons-nous un avenir qui punit les personnes qui ont besoin d’aide?
Ou un avenir qui nous élève tous·tes?

Voulons-nous une société fondée sur la précarité, la honte et la méfiance?
Ou une société basée sur l’entraide, la justice et l’interdépendance?

Pierre Poilievre mise sur les politiques du ressentiment pour se faire élire. Mais il existe une autre voie. Une voie qui considère chaque personne comme intrinsèquement digne et qui reconnaît que la véritable mesure d’un pays ne réside pas dans la façon dont il traite les groupes les plus privilégiés, mais au soutien qu’il apporte aux gens les plus défavorisés.

C’est le moment d’agir avec audace. De rejeter les faux choix. De s’organiser, de voter et d’oser imaginer.

Quand quelqu’un vous dit : « Nous ne croyons pas au fait de verser de l’argent », demandez-vous à qui ce « nous » fait référence. Quelles personnes se retrouvent exclues? Et pour quel genre de Canada souhaitons-nous nous mobiliser?

Parce que l’avenir n’est pas encore écrit, et il n’appartient pas à Pierre Poilievre. C’est à nous qu’il appartient.

Le bilan de vote de Pierre

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