Un caribou des bois dans la forêt boréale. Crédit: Jean-Simon Bégin

APERÇU :

  • La CDB se tient à Montréal du 5 au 17 décembre.
  • Il est essentiel que le Canada, qui est le pays hôte et qui abrite un pourcentage élevé des écosystèmes de la planète, se présente à ces discussions avec un plan audacieux et décolonisé pour s’attaquer à la crise de l’extinction. 
  • Une loi sur la nature et la biodiversité pourrait jeter les bases législatives de ce plan. 
  • Appelez Guilbeault au 613-992-6779 et dites-lui d’en adopter une !

Dans cinq mois, le Canada accueillera la Convention sur la diversité biologique (CDB), le plus grand événement de la décennie en matière de protection de la nature. Dans cinq mois, nous serons également au milieu d’une extinction massive. 

Il ne s’agit pas d’un exercice. Pourtant, la CDB a été décrite comme « la grande conférence environnementale la moins bien préparée d’aussi loin que l’on se souvienne », sera un désastre en l’absence d’un véritable leadership. 

Que signifie « leadership réel » pour le Canada, pays hôte de la CDB ? Cela signifie suivre le leadership autochtone. Cela signifie qu’il faut donner la priorité aux personnes (et à la Nature qui assure notre subsistance) plutôt qu’au profit. Et cela signifie élaborer un plan d’action pour atteindre vraiment les objectifs en matière de biodiversité. 

Protéger la nature, protéger la vie

Un plan d’action solide pour atteindre les objectifs est essentiel pour la simple raison que le Canada a raté pratiquement tous les objectifs qu’il s’est fixés en matière de biodiversité. Personnellement, je ne fais pas confiance à un gouvernement qui n’a même pas atteint son objectif initial de protéger 17 % des terres d’ici 2020 pour atteindre son nouvel objectif de protéger 30 % des terres et des eaux d’ici 2030. Si nous voulons atteindre cet objectif, il nous faut un plan pour y parvenir. Et ce plan est exactement ce que Greenpeace Canada a décrit dans le rapport Protéger la nature, protéger la vie que nous avons publié le mois dernier. 

Légiférer sur le changement des systèmes : une loi sur la nature et la biodiversité

Si le Canada n’a atteint aucun de ses objectifs en matière de biodiversité, c’est parce que notre gouvernement est toujours organisé autour du même objectif que celui qu’il poursuit depuis la fondation de ce pays : extraire des quantités démesurées de richesses des terres autochtones volées. C’est la raison pour laquelle la faune à travers le pays est en déclin depuis 1970. C’est la raison pour laquelle il y a 1 231 espèces (et ce n’est pas fini) inscrites sur la liste de la Loi fédérale sur les espèces en péril (LEP), et qu’aucune d’entre elles ne s’est jamais complètement rétablie. C’est la raison pour laquelle notre gouvernement continue d’approuver des méga-projets pétroliers en mer, de construire des pipelines et d’exploiter des forêts anciennes dans un contexte de crise climatique et de biodiversité. 

Il faut que quelque chose change. Bien que nous soyons soucieux de ne pas entrer dans les détails des nouvelles lois sans une consultation approfondie et significative des peuples autochtones, nous avons formulé quelques recommandations, en collaboration avec les avocats spécialisés en droit de l’environnement d’Ecovision et d’Ecojustice. Une loi sur la nature et la biodiversité devrait : 

  • Être véritablement décolonisée. Cela signifie reconnaître les terres volées, d’appartenance autochtone, sur lesquelles nous nous trouvons et mettre systématiquement l’accent sur les droits et les connaissances des autochtones. (Par exemple : L’ensemble du système canadien d’aires protégées et conservées devrait être identifié et géré en partenariat avec les gouvernements autochtones, conformément au principe du consentement préalable, libre et éclairé (CPLÉ) tel qu’exprimé dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). 
  • Établir un plan concret. La loi doit définir des objectifs intermédiaires spécifiques et un plan pour les atteindre. 
  • Connecter les zones protégées. Lorsque les écosystèmes sont fragmentés, la qualité des habitats se dégrade, les espèces et le patrimoine génétique peuvent être isolés et perdus, et les processus naturels nécessaires au maintien de la santé des écosystèmes sont compromis. La connectivité est essentielle, et une loi sur la nature et la biodiversité permettrait de la garantir. 
  • Être totalement transparent. En vertu de cette loi, le ministre de l’Environnement devrait faire une reddition de compte, de façon régulière, au public en lui présentant des rapports d’étape annuels. 
  • Garantir un accès équitable. Pour résoudre la crise de la nature, il faut renforcer l’inclusion afin que chacun puisse à la fois, faire l’expérience du monde naturel et contribuer à sa restauration. Une législation efficace permettrait aux gens de se rapprocher de la nature et non d’en exclure certaines communautés.

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique Steven Guilbeault doit agir

Pour être franc: si nous ne transformons pas les systèmes humains au cours de la prochaine décennie, nos systèmes naturels – ceux qui ont évolué pendant des milliards d’années pour favoriser la vie – s’effondreront, et nous franchirons le seuil d’un nouveau monde étrange et terrible. Ce passage a déjà lieu, avec chaque nouvelle vague de chaleur sans précédent, chaque saison des incendies et chaque effondrement de nappes de glace continentales. 

Nos systèmes socio-écononico-politiques ne devraient pas être organisés dans le but de générer des richesses pour une poignée de personnes, ils devraient être organisés dans le but de respecter et de protéger le monde naturel dont nous dépendons tous pour notre bien-être, notre santé, notre sécurité et notre joie. Ils devraient être organisés de manière à garantir à tous les habitants de ce pays un accès équitable au monde naturel. Ils devraient être organisés autour du leadership autochtone, car les systèmes de gouvernance et d’économie des peuples autochtones sont parfaitement conscients et profondément respectueux des limites écologiques de notre planète. 

Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a une occasion sans précédent de faire en sorte que cela se produise. En décembre prochain, il doit se présenter aux négociations de la CDB comme si la vie sur terre en dépendait, et c’est le cas.

Agissez : Appelez Steven Guilbeault et dites-lui d’adopter une loi sur la nature et la biodiversité !

613-992-6779

(NOTE : Il s’agit du numéro de téléphone de M. Guilbeault à la Chambre des communes. Vous obtiendrez très probablement sa boîte vocale, mais ces messages sont vérifiés par son personnel et ils font une différence. Vous trouverez ci-dessous un script de points de discussion potentiels, mais je vous encourage vivement à vous approprier ce message !)

Bonsoir M. Guilbeault, c’est _________ qui vous appelle de _________. 

Je vous appelle ce soir en tant que citoyen inquiet qui se soucie profondément du monde naturel dont nous dépendons tous. Je suis terrifié par le fait que, dans un contexte de crise du climat et de la biodiversité, mon propre gouvernement continue d’approuver des projets destructeurs au nom d’une croissance économique qui ne profite qu’à quelques privilégiés. 

La santé humaine est intimement liée à la santé des écosystèmes et des espèces, c’est pourquoi Greenpeace Canada demande une loi forte sur la nature et la biodiversité qui reconnaisse ce fait et établisse un véritable plan de récupération de la nature, avec des rapports transparents donnés au public. 

Le monde entier se tournera vers vous en tant que leaders lors de la Convention sur la diversité biologique à Montréal. Il est absolument essentiel que vous vous présentiez à ces pourparlers avec des objectifs ambitieux, mais surtout avec un plan de responsabilité solide pour atteindre ces objectifs. Il est tout aussi important que vous mettiez l’accent sur la décolonisation et l’équité tout au long du processus.  Une loi sur la nature et la biodiversité permettrait d’y parvenir. L’heure de la réforme législative a sonné. Je vous remercie de votre attention.