Montréal, Québec et Saguenay, le 29 octobre 2020 – En réaction à l’article de La Presse paru tôt ce matin dévoilant le retrait non-annoncé d’un projet d’aire marine protégée (AMP) située entre Chicoutimi et le fjord de la liste des projets d’AMP du gouvernement du Québec, les groupes environnementaux tiennent à avertir le premier ministre François Legault et le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) Benoit Charette : l’économie non-durable et mono-industrielle ne peut, et ne passera pas, devant la protection et la conservation de l’environnement de ce joyau du Québec. Nous n’accepterons aucun recul!

Selon La Presse, le « gouvernement Legault a discrètement retiré de sa liste de projets d’aires marines protégées une section du Saguenay qui couvre notamment la zone portuaire où GNL Québec souhaite construire une usine de liquéfaction de gaz naturel », et cela « en raison de préoccupations de nature économique portées à l’attention du ministre ». C’est du moins l’information transmise par écrit par le MELCC en réponse à différentes questions posées par la commission du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) chargée de l’étude du projet Énergie Saguenay de GNL Québec.

Responsabilités locales, nationales et internationales

Ce projet d’AMP avait été ciblé notamment parce qu’elle est riche en poissons-proies tels que le capelan et l’éperlan arc-en-ciel, essentiels à l’alimentation du béluga. La diminution de la quantité et de la qualité des proies est l’un des trois facteurs qui nuisent au rétablissement du béluga du Saint-Laurent, une espèce menacée au Québec et en voie de disparition au fédéral, avec la pollution par les contaminants et le bruit maritime.

Alors que le gouvernement du Québec était fier d’annoncer en septembre dernier qu’il s’approchait de son objectif de protéger 10 % de son territoire marin, le pouvoir discrétionnaire accordé au ministre du MELCC inquiétait déjà plusieurs groupes. Avec cette découverte, nos inquiétudes se confirment; les lobbys peuvent faire tomber les projets d’aires marines protégées pour des raisons purement économiques.

Économie locale diversifiée et durable

Selon le maire de Tadoussac, Charles Breton, le projet GNL inquiète pour l’image de marque et le tourisme local qui accueille chaque année plus de 200 000 visiteur.e.s. Pas moins de 1000 emplois et 140 millions de dollars sont générés chaque année dans la petite municipalité par l’industrie touristique, en plus des 295 millions dépensés par les touristes au Saguenay-Lac-Saint-Jean et les 3700 emplois créés dans cette région. Avons-nous le luxe de nous priver d’une économie locale diversifiée et durable?

Science de la conservation avant tout et avenir durable pour nos collectivités

Nos décisions doivent être basées sur la science, et la science nous dit que ce site (devant l’endroit prévu par GNL Québec pour la construction de son usine) est très important pour les espèces de poissons-proies dont s’alimente le béluga.

Le projet d’AMP n’imposait pourtant aucune restriction additionnelle sur le transport maritime, et il est prouvé que les AMP sont créatrices d’emploi.

Toujours à l’étude?

Nos gouvernements ont des responsabilités face aux espèces menacées et à leur protection. L’estuaire et le golfe du Saint-Laurent font partie des sites prioritaires à protéger. Même si le MELCC affirme que le projet est toujours à l’étude, la création d’aires marines protégées dans ce secteur traîne depuis plus de 30 ans. De plus, comme ce secteur ne bénéficie d’aucune protection provisoire, il pourrait perdre ses valeurs écologiques et les raisons pour lesquelles les scientifiques souhaitent le protéger, à cause des nombreux projets de développement industriel prévus dans le secteur dans les prochaines années, dont celui de GNL Québec.  Monsieur le ministre, nous n’accepterons aucun recul.

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Signataires

Alice-Anne Simard, Nature Québec

Sophie Paradis, Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada)

Dominic Champagne, Pacte pour la transition

Patrick Bonin, Greenpeace Canada

Adrien Guibert-Barthez, Coalition Fjord

Pour plus de renseignements
Laurence Cayer-Desrosiers, spécialiste communications, WWF-Canada
[email protected] | 514-703-2409