(TORONTO) – Une nouvelle étude faite par GRAIN, Greenpeace International et l’Institute for Agriculture and Trade Policy (IATP) révèle que l’utilisation d’engrais azotés synthétiques dans l’agriculture canadienne est 8 fois supérieure à la moyenne mondiale par habitant. 

Ce taux d’utilisation d’engrais extraordinairement élevé au Canada contribue en outre à environ 3 % des émissions mondiales dues aux engrais azotés, alors que le Canada ne compte que 0,4 % de la population mondiale. L’oxyde nitreux est un gaz à effet de serre 265 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2).

Alors que des négociations cruciales sur l’avenir de l’action climatique mondiale sont en train de se dérouler à Glasgow, cette nouvelle recherche rendue publique aujourd’hui expose la grande menace que les émissions d’azote synthétique représentent pour le climat. Notamment :

  • Les engrais azotés synthétiques sont un moteur majeur de la crise climatique, contribuant à 2,4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre;
  • La chaîne d’approvisionnement mondiale en engrais azotés synthétiques était responsable d’émissions estimées à 1 250 millions de tonnes de CO2e en 2018, soit environ 21,5 % des émissions annuelles directes de l’agriculture (5 800 millions de tonnes). À titre de comparaison, les émissions mondiales de l’aviation commerciale en 2018 étaient d’environ 900 millions de tonnes de CO2; et
  • La moyenne annuelle mondiale d’utilisation d’engrais azotés synthétiques par habitant a été multipliée par 5 depuis les années 1960 : de 3 kg par personne en 1960 à 15 kg par personne en 2018. En Amérique du Nord, l’augmentation a atteint 40 kg par personne en 2018.

En parallèle, les lobbyistes de l’industrie des engrais ont utilisé une stratégie de relations publiques agressive pour résister aux objectifs fédéraux de réduction de 30 % des émissions absolues dues à l’utilisation d’engrais d’ici 2030. De nouveaux documents obtenus par Greenpeace Canada révèlent que la ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a tenu tête à l’industrie des engrais qui tente de s’opposer aux objectifs de réduction de l’azote au Canada.

En effet, les notes préparées pour Marie-Claude Bibeau indiquant les points de discussion semblent résister à cette pression lors d’au moins une réunion clé avec un important lobbyiste de l’industrie, en stipulant : « Nous devons tous/toutes faire notre part et, pour l’industrie agricole canadienne, cela signifie réduire les émissions absolues des engrais. »

Selon le responsable de la campagne Nature et Alimentation de Greenpeace Canada, Shane Moffatt :

« La ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Marie-Claude Bibeau aura fort à faire pour s’attaquer à l’énorme menace que l’industrie des engrais représente pour notre climat. Même si elle a pris la bonne direction en fixant des objectifs de réduction, cette nouvelle étude suggère que le gouvernement fédéral doit aller beaucoup plus loin. Il faut éliminer progressivement ces engrais synthétiques à l’échelle mondiale et cela doit commencer dès maintenant.

Cela signifie que le gouvernement doit s’opposer aux lobbyistes de l’industrie et investir plutôt dans les petites productions agricoles et celles opérées par les communautés autochtones au Canada, afin d’assurer un avenir respectueux du climat et la résilience alimentaire locale. La recherche révélée aujourd’hui met en exergue à quel point cette tâche est urgente. » 

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Notes aux éditeur·rices :

Le résumé de la recherche peut être consulté ici (EN) 

La recherche complète est disponible ici (EN)

Les points de discussion de la ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation sont accessibles ici (EN)

Pour plus d’informations, veuillez contacter :  

Dina Ni, conseillère aux communications, Greenpeace Canada, [email protected], +1 416 820-2148