TORONTO – Le nouvel engagement de RBC à laisser tomber les clients qui n’ont pas de plan de transition nette zéro adéquat signifie que la banque devrait cesser de financer les plus grandes entreprises de sables bitumineux du Canada, selon un rapport de Greenpeace Canada. Greenpeace demande à RBC d’abandonner les sociétés pétrolières comme Suncor, Cenovus et Canadian Natural Resources Limited (CNRL) dont les politiques de transition nette zéro ne répondent pas aux critères établis par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour évaluer les mesures prises par les entreprises en matière de climat. Greenpeace demande également au gouvernement fédéral d’utiliser les critères de l’AIE comme base pour l’élaboration de nouvelles règles sur le financement climatique.
« RBC ressent clairement la pression exercée par les organisations autochtones, environnementales et d’investisseurs pour éliminer progressivement le financement des combustibles fossiles, respecter le consentement préalable libre et éclairé et augmenter les investissements dans les solutions climatiques », a déclaré Keith Stewart, stratège principal en matière d’énergie chez Greenpeace Canada et auteur de De la parole aux actes : Pourquoi RBC doit cesser de financer certains de ses plus gros clients pétroliers. « Si la nouvelle politique de financement climatique de RBC veut se laisser une chance d’être considérée comme plus qu’une simple opération d’écoblanchiment, RBC doit cesser de financer les sociétés pétrolières et gazières dont les plans de transition échouent au test établi par l’AIE. »
En tant que principal bailleur de fonds des combustibles fossiles au Canada et cinquième au monde, RBC a subi des pressions croissantes pour cesser de financer des projets pétroliers, gaziers et charbonniers qui alimentent les changements climatiques, détruisent la biodiversité et bafouent les droits des peuples autochtones.
Après avoir affirmé pendant des années qu’elle soutiendrait les entreprises plutôt dans leur transition plutôt que de désinvestir, RBC a annoncé dans son Approche d’engagement clientèle envers le climat novembre 2023 qu’elle « […] est prête à prendre des décisions d’affaires difficiles et, ultimement, à se distancer d’un client qui, après de nombreux contacts, démontre que sa planification de la transition énergétique est insuffisante. »
Quelques jours après que RBC a publié sa nouvelle politique sur son site internet, l’AIE a publié en novembre 2023 le rapport The Oil and Gas Industry in Net Zero Transitions, qui établit des critères faisant autorité pour déterminer si les sociétés pétrolières et gazières font effectivement preuve d’une planification suffisante en vue de la transition énergétique.
Le rapport De la parole aux actes de Greenpeace applique les critères de l’AIE à trois grands producteurs de sables bitumineux (Cenovus, CNRL et Suncor) parce qu’ils font partie des principaux clients de RBC dans le domaine des combustibles fossiles, qu’ils ont une longue tradition d’engagement des investisseurs en matière de climat et qu’ils ont pris des engagements net zéro. Le rapport constate que ces entreprises sont loin de répondre aux critères de l’AIE pour s’aligner sur le scénario « Net Zéro » de l’AIE, car elles ont toutes:
- Un engagement à investir dans de nouveaux projets de combustibles fossiles. Les entreprises qui s’alignent sur le scénario « Net Zéro » de l’AIE ne devraient pas investir dans de nouveaux projets de combustibles fossiles à long terme.
- Réservé moins de 20% de leur budget d’investissement aux énergies propres. Selon l’AIE, ce pourcentage devrait être supérieur à 50%.
- Des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030 de l’ordre de 15 à 30%. L’AIE estime que ce chiffre devrait être supérieur à 60%.
« Si nous voulons avoir une chance de résoudre les crises du climat et de la biodiversité, il faut que les grandes entreprises sortent des combustibles fossiles et se tournent vers les solutions climatiques », a déclaré M. Stewart. « Il est temps que RBC passe enfin de la parole aux actes en ce qui concerne ses engagements climatiques et cesse de financer les sociétés pétrolières et gazières qui n’ont pas de plans crédibles de transition vers zéro émission nette. »
– 30 –
Notes aux éditeur·rices :
RBC a publié son dernier rapport climatique le 6 mars 2024. Dans ce rapport, RBC reconnaît qu’elle ne voit pas comment ses clients du secteur du pétrole et du gaz pourraient s’aligner sur un objectif de 1,5°C et a donc établi une norme moins stricte pour eux. À la page 13, RBC déclare que : « les cibles de réduction des émissions de nombre de nos clients des secteurs à fortes émissions et difficiles à décarboner ne cadrent pas avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C. Cela est particulièrement vrai pour le secteur pétrolier et gazier où les clients n’ont généralement pas de voie toute tracée pour atteindre l’ampleur et la vitesse des réductions impliquées par de tels objectifs. Nous croyons d’ailleurs qu’il est nécessaire d’aider ces clients à décarboner leur production maintenant et d’évaluer les nouvelles occasions de croissance du côté des énergies à faibles émissions de carbone. C’est pour cette raison que nos critères d’admissibilité pour les activités de décarbonation reposent sur l’évaluation du plan de transition du client et que ces activités peuvent être considérées comme admissibles malgré leur non-harmonisation avec la cible de 1,5 °C. » »
Pour plus d’informations, veuillez contacter:
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada
[email protected] ; +1 514 594-1221