Il y a quelques semaines, Greenpeace a appris que le président du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, allait prendre la parole devant des convives du milieu des affaires lors d’un dîner-conférence portant notamment sur les changements climatiques organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Une belle opportunité de faire passer notre message sur l’incohérence de financer les pipelines tout en disant vouloir lutter contre la crise climatique.

C’est pourquoi Isabelle et moi avons décidé de prendre notre courage à deux mains, de participer à ce dîner d’affaires et de prendre la parole pour interpeller les leaders d’entreprises sur nos inquiétudes. Une occasion de rappeler aussi les demandes des 35 caisses territoriales Desjardins qui ont passé une résolution pour que Desjardins cesse de financer les pipelines.

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© Josué Bertolino

En arrivant sur place, nous avons été surprises de voir que plus de 350 personnes, presque toutes dirigeant·e·s d’entreprises ou travaillant pour Desjardins, remplissaient la salle. Nous avons eu un coup de stress, mais lorsque M. Cormier s’est mis à parler de l’importance de lutter contre les changements climatiques « qui sont l’un des plus importants défis de notre époque », nous avons été crinquées de parler de la nécessité d’être cohérent et de cesser de soutenir l’expansion des sables bitumineux qui sont l’une des sources d’énergie fossile parmi les plus polluantes au monde! Nous ne sommes pas les seules à porter ce message d’urgence. Il y a une volonté sinéquanone de la part d’une grande partie des Québécois·e·s de mettre fin une fois pour toute aux projets polluants liés aux sables bitumineux.

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© Josué Bertolino

À l’annonce de la période de questions nous nous sommes toutes les deux levées. J’ai pris la parole la première pour parler de nos précieuses ressources en eau qui sont menacées par les déversements de pipelines. Le pipeline de Kinder Morgan menace à lui seul 1 300 cours d’eau potable. À travers le Canada, ce sont des milliers de cours d’eau qui sont à risque et certains d’entre-eux ont déjà été pollués par des fuites de pétrole. Pour rappel, aux États-Unis seulement, on a dénombré une fuite de pipeline par semaine depuis 2010.

Mon intervention a clairement mis mal à l’aise M. Cormier qui m’a répondu avec un discours valorisant les engagements pro-environnement de Desjardins en précisant que la transition doit être graduelle.

Isabelle s’est rapidement rapproché du micro afin d’être la prochaine à intervenir et c’est bien tombé, car ils n’ont accepté que deux questions du public. Isabelle a donc renchéri en rappelant au président du Mouvement Desjardins qu’il ne peut ignorer le nombre grandissant de caisses (35) et de membres (700 000) qui lui demandent de cesser de financer les pipelines de sables bitumineux.

Il a été mal à l’aise qu’ Isabelle insiste sur le fait que Desjardins doit se séparer de Kinder Morgan si la coopérative bancaire souhaite être cohérente avec les valeurs qu’elle dit défendre comme la protection de l’environnement, le respect des communautés et des Premières nations et le respect de la démocratie. À la suite de nos interventions qui ont fait place à un silence appuyé dans la salle, quelques personnes  ont tout de même fini par nous applaudir.

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© Josué Bertolino

C’est à ce moment qu’Isabelle a marché jusqu’à l’avant de la scène et a déployé sa bannière devant les convives sur laquelle on pouvait lire « Desjardins, soyez cohérent, cessez de financer les pipelines ». Imaginez, toute une salle remplie de dirigeants d’entreprises auxquels nous n’avons jamais accès pour faire passer notre message. Le niveau de stress était à son comble, mais nous sommes super fières d’avoir eu la chance de le faire, car il est certain que le financement des pipelines est un enjeu de plus en plus sensible qui mine la réputation de Desjardins et crée de l’insécurité financière en raison de l’incertitude de mener à bien les projets de pipelines. Nous espérons que d’autres seront inspiré·e·s par notre action et décideront d’interpeller le Mouvement Desjardins jusqu’à ce que ses dirigeants prennent la bonne décision.

Vous pouvez signer la pétition et envoyer un message à Guy Cormier en cliquant ici.

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