La Conférence des Parties (COP) de cette année à Glasgow a été qualifiée de tas de bêtises. Mais la déclaration concernant le fait de mettre fin et de pallier à la déforestation d’ici 2030, signée par plus de 140 chefs d’État, semble être le plus grand échec de l’événement.
En effet, malgré les applaudissements des dignitaires, cet engagement annonce effectivement une nouvelle décennie de déforestation mondiale, cause majeure du changement climatique, de la perte de biodiversité et du déplacement des populations autochtones.
Un début difficile
La Déclaration de New York sur les forêts de 2014 avait également été un échec total, mais plusieurs d’entre nous espéraient que celle-ci serait un peu mieux. Lorsque Jair Bolsonaro, le président autoritaire du Brésil, l’a signé avec empressement, nous aurions dû savoir que quelque chose se tramait.
Depuis, nous avons appris que pendant que l’attention du monde entier était fixée sur la COP en Écosse, Jair Bolsonaro « cachait » au public le fait que la déforestation en Amazonie a atteint son plus haut niveau depuis 15 ans!
Dire une chose, en faire une autre
De nombreuses personnes craignaient que la déclaration de la COP sur la déforestation ne soit qu’un tas de fausses promesses. Malheureusement, cela semble être le cas du gouvernement canadien, puisqu’il a rapidement signé l’engagement, mais continue discrètement à poursuivre un accord commercial qui aurait un impact sur l’élevage bovin, et ce, alors que ce dernier contribue grandement à la destruction de la forêt amazonienne.
Comme Greenpeace l’a révélé cet automne, le gouvernement a toujours l’intention de poursuivre les négociations officielles sur un accord de libre-échange Canada-Mercosur avec le Brésil, qui verrait les importations de viande – la principale cause de la déforestation – augmenter massivement de 1,8 M $ chaque année.
En d’autres termes, au lieu de condamner l’augmentation des meurtres de défenseur·ses des terres autochtones et la nécessité urgente d’empêcher l’Amazonie de dépasser le « point de non-retour », notre gouvernement conclut un accord qui contribuera à la destruction de la forêt tropicale pour de la viande bon marché.
Les données sur la déforestation : de quoi s’inquiéter
Si le gouvernement ne veut pas écouter les plus de 55 000 Canadien·nes, activistes, agriculteur·rices, médecins et partis politiques qui s’opposent à cette sale affaire, alors peut-être qu’il écoutera les faits.
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Bolsonaro, le taux de déforestation a augmenté de 52,9 %, en grande partie à cause de la déforestation que nécessite la production de viande industrielle qui serait exportée au Canada en grandes quantités si l’accord était conclu. En octobre dernier, une superficie de 796 km2 a été déboisée, ce qui en fait le deuxième pire mois d’octobre de l’histoire du Brésil en termes de déforestation.
Pendant toute la durée de ses trois ans au pouvoir, l’administration Bolsonaro a proposé une série de projets de loi qui menacent les droits des peuples autochtones et préparent le terrain pour une destruction accrue de la forêt tropicale.
Demander des comptes à Justin Trudeau
Les engagements sont importants. En s’engageant publiquement à mettre fin à la déforestation, Justin Trudeau doit maintenant faire ce qu’il faut pour que cette promesse devienne réalité. C’est à ça que ressemble le leadership.
Le premier ministre lui-même nous a rappelé cet été que « notre santé dépend de celle de notre environnement ». J’aimerais lui rappeler que cela inclut la forêt amazonienne, un endroit vaste, biologiquement et culturellement diversifié qui stocke d’énormes quantités de carbone et d’eau douce.
Vous pouvez aussi le lui rappeler en signant notre pétition adressée à la ministre des affaires étrangères Mélanie Joly.
La première étape pour éliminer la déforestation dans le monde est de mettre fin à cet accord commercial qui encouragerait la destruction de l’Amazonie. Passons à l’action maintenant.