Une fois de plus, le Parlement européen a voté pour repousser l’application de la loi européenne contre la déforestation (RDUE). Après le nouveau recul des États membres la semaine dernière, les député·es des groupes de droite et d’extrême droite du Parlement européen ont eux aussi soutenu ce report. C’est un signal dangereux pour la protection des forêts dans le monde, d’autant plus que la COP30, où la question de la protection des forêts était au cœur des discussions, s’est achevée il y a seulement quelques jours.
Une loi qui protège les forêts… mais qui n’est toujours pas appliquée
La réglementation européenne sur la déforestation, adoptée en 2023, devrait garantir que les produits vendus dans l’Union européenne (comme le café, le chocolat, le soja ou le bois) ne contribuent ni à la destruction des forêts, ni à des violations des droits humains. Pourtant, après un premier report en décembre 2024, cette loi voit une nouvelle fois son application retardée et son contenu affaibli.
Des exemptions problématiques
Le dernier vote crée plusieurs failles : les propriétaires forestier·ères ainsi que les agriculteur·rices européen·nes peuvent être largement exempté·es de l’application de la loi, certains produits imprimés sur papier, comme les livres, sont exclus, et une nouvelle révision afin de simplifier le règlement est déjà prévue pour 2026, ce qui risque de fragiliser encore davantage la loi.
Des conséquences pour les entreprises et la planète
Les entreprises qui s’étaient déjà préparées à la mise en œuvre de la loi sont pénalisées par ce nouveau retard, tandis que celles qui étaient moins engagées bénéficient de cette situation. Pendant ce temps, la déforestation, source importante d’émissions de CO₂, continue pour alimenter le marché européen.
Le rôle du Luxembourg et les enjeux du traité UE-Mercosur
Le Luxembourg, membre de l’Union européenne et siège de plusieurs institutions financières, a un rôle clé dans la lutte contre la déforestation. Pourtant, sur le territoire luxembourgeois, nous continuons d’importer et de commercialiser des produits associés à la déforestation, comme le soja provenant principalement d’Amérique du Sud. Dans ce contexte, le retard pris, ainsi que l’affaiblissement du règlement européen contre la déforestation, envoient un mauvais signal aux acteurs économiques.
Cependant, le pays adopte également des positions qui risquent d’aggraver la déforestation en Amazonie. Le Vice-Premier ministre Xavier Bettel a réaffirmé le 18 septembre le soutien du gouvernement à l’accord UE-Mercosur, favorisant des géants de l’agro-industrie comme JBS, impliqués dans la déforestation et des violations des droits humains. Parallèlement, le Luxembourg, via sa ministre de l’Agriculture Martine Hansen, fait partie des États membres qui demandent un assouplissement du RDUE, tandis que la Commission propose elle aussi d’en réduire les obligations.
Greenpeace Luxembourg exige du gouvernement qu’il défende fermement le RDUE et s’oppose au traité UE-Mercosur dans sa forme actuelle pour protéger les forêts, l’agriculture paysanne au Luxembourg comme aux pays du Mercosur et les droits humains.


