Réaction de Greenpeace à la présentation des résultats financiers d’EDF pour l’année 2018.
Le compte n’y est pas.
En 2018, EDF a provisionné seulement 21 milliards d’euros pour les charges liées à la gestion des déchets nucléaires malgré les alertes lancées par la Cour des comptes [1] et un rapport parlementaire [2] sur la faiblesse de ses provisions. En 2016, l’analyste financier AlphaValue [3] pointait déjà cette sous-évaluation et estimait à 33 milliards d’euros le trou dans les comptes d’EDF. Or, l’industrie nucléaire produit chaque année des milliers de tonnes de déchets radioactifs, dont environ 7800 tonnes de “matières” dites valorisables – qui ne seront probablement jamais réutilisées mais qui ne sont pas intégrées dans ce bilan comptable [4].
“Il manque déjà des dizaines de milliards d’euros dans les comptes d’EDF pour gérer les déchets nucléaires existants. Sans compter ceux qui continuent de s’accumuler chaque année. Pourtant EDF s’acharne à sous-estimer les coûts et les volumes de déchets à gérer. Non seulement, le compte n’y est pas mais la facture va s’alourdir et plomber un peu plus les finances d’EDF. Si l’entreprise refuse d’assumer ses responsabilités, c’est le contribuable qui paiera la facture in fine. D’ailleurs, l’Etat français vient de faire un nouveau cadeau de trois milliards d’euros à EDF, renonçant une fois de plus à ses dividendes pour trois années supplémentaires afin de limiter l’augmentation de sa dette abyssale” alerte Florence de Bonnafos, chargée de campagne à Greenpeace France.
La fuite en avant continue: qui va payer la facture in fine ?
Alors que ses coûts et ses charges augmentent, EDF n’arrive pas à enrayer la crise : malgré le plan de 10 milliards d’euros de cession d’actifs, la dette brute est remontée à 69.3 milliards d’euros [5]. Entre remboursement de ses dettes, travaux lourds sur les réacteurs, pertes de parts de marché et hausse des coûts du nucléaire (dont ceux de démantèlement et de gestion des déchets notoirement sous-estimés), EDF ne s’en sort plus sans le soutien de l’Etat français et des contribuables. A l’occasion du projet de restructuration annoncé pour cette année, l’Etat-actionnaire doit exiger d’EDF une réévaluation réaliste et rigoureuse de tous les coûts du programme nucléaire, à commencer par ceux liés à la gestion des déchets et des matières.