Danger pour la santé et l’environnement et violation de la volonté des citoyen·nes

Bruxelles/Luxembourg, le 21 Septembre 2023  – La proposition de la Commission européenne de renouveler l’autorisation de l’herbicide glyphosate vient d’être publiée. Si une majorité qualifiée d’États membres donne son accord, l’utilisation du glyphosate dans l’UE sera autorisée jusqu’en 2033. Cette décision irait à l’encontre de la volonté des Européens. Il y a cinq ans, un million de citoyen·nes ont officiellement demandé l’interdiction du glyphosate et un récent sondage d’opinion, réalisé par IPSOS dans six pays de l’UE, montre que 62 % des citoyen·nes européen·nes de ces pays ont répondu que l’utilisation du glyphosate devrait être interdite en Europe. 

Lors d’une audition au Parlement européen le 18 septembre, des scientifiques de haut niveau ont expliqué les graves défauts et lacunes de l’évaluation du glyphosate, dans sa formulation MON 52276, et de ses ingrédients. PAN Europe a également identifié qu’une série de conclusions de l’EFSA rend la nouvelle autorisation du glyphosate contraire à la législation européenne

Les États membres de l’UE discuteront de la proposition ce vendredi et voteront le 12 octobre prochain. « Face aux nombreuses questions non résolues concernant les potentiels effets (de la substance active) du glyphosate sur la santé et la biodiversité, le gouvernement luxembourgeois doit se positionner clairement et s’opposer à la prolongation de l’autorisation de cet herbicide dans le conseil des ministres européens. L’autorisation de 10 ans serait un désastre pour la santé humaine et l’environnement. », revendique Raymond Aendekerk, directeur de Greenpeace Luxembourg.

Cancérogénicité, génotoxicité, neurotoxicité

Une étude récente menée par des expert·es toxicologues a révélé que l’ECHA a écarté d’importantes conclusions sur la cancérogénicité et a négligé les preuves que le glyphosate induit un stress oxydatif, un mécanisme reconnu qui peut conduire au cancer. Dans ses conclusions, l’EFSA s’est appuyée à tort sur la classification du glyphosate par l’ECHA comme “non cancérogène”. Il s’agit là d’un manquement grave, car l’acceptation de ces preuves scientifiques conduirait inévitablement à la conclusion que l’autorisation du glyphosate ne peut être prolongée en vertu du droit communautaire.

Une réunion d’expert·es organisée cette semaine au Parlement européen a révélé que les travaux de l’ECHA et de l’EFSA comportaient plusieurs autres lacunes importantes. La génotoxicité, la cancérogénicité, la neurotoxicité, les dommages causés au microbiome intestinal et de nombreux effets très nocifs sur le sol, l’eau et la biodiversité ne sont pas correctement évalués. Cela est dû en partie à l’approche obsolète, très partiale et favorable à l’industrie, de la mise en œuvre des lignes directrices utilisées dans ces évaluations. L’examen des données scientifiques indépendantes les plus récentes donne une image totalement différente des dommages causés par le glyphosate et ses formulations. 

Le professeur Michael Antoniou du Kings College de Londres soupire : « Quand les régulateurs cesseront-ils de vivre à l’âge des ténèbres et entreront-ils dans le XXIe siècle ? »

Les agences européennes induisent également le public en erreur, car la toxicité de l’ensemble du produit (formulation représentative) n’a pas été évaluée de manière approfondie par les demandeurs. Il existe des lacunes dans les données concernant certains ingrédients et d’autres sont potentiellement cancérigènes, tandis que des études évaluées par des pairs indiquent que la formulation utilisée en Europe (MON 52276) provoque toute une série d’effets néfastes dans les études animales. Par conséquent, la nouvelle autorisation du glyphosate est une violation de la législation et de la jurisprudence de l’UE selon lesquelles un pesticide ne peut être approuvé que s’il est démontré qu’il n’est pas cancérigène ou qu’il ne présente pas de toxicité à long terme. (Résumé bientôt disponible sur le site de PAN Europe).

Les produits phytopharmaceutiques contenant la substance active glyphosate sont à nouveau autorisés au Luxembourg depuis le 30 mars. Le Grand-Duché avait été le premier pays de l’Union Européenne à interdire l’herbicide en janvier 2021. Suite à la décision de la Cour administrative luxembourgeoise, le groupe pharmaceutique et chimique Bayer avait porté plainte, arguant que l’interdiction était contraire au droit européen. L’État luxembourgeois a fait appel de cette décision, sans succès.

« Notre ministre de l’agriculture, Claude Haagen, doit épuiser toutes les possibilités juridiques pour qu’un poison potentiellement cancérigène et nuisible pour les espèces reste interdit au Luxembourg. », conclut Raymond Aendekerk.