Kinshasa, 10 février 2022 : Deux mois après la signature d’un accord de 500 millions de dollars à la COP 26, la République démocratique du Congo (RDC) et ses bailleurs de fonds ne l’ont pas respecté. 

Lors du sommet de Glasgow sur le climat en novembre dernier, le Président Félix Tshisekedi et le Premier ministre britannique Boris Johnson ont signé un mega deal renouvelant l’accord signé en 2016 avec l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale (CAFI), un groupe de pays donateurs mené par la Norvège.  

Le tout premier « jalon politique » de l’accord est la publication “avant fin 2021” d’un audit des concessions forestières exécuté par l’Inspection générale des finances (IGF) à la demande de l’ancien Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba en 2020. 

La RDC ne l’a pas publié.  Averti de l’omission le 2 janvier, le ministère de l’Environnement n’a pas bougé.  Et même après que l’affaire a été déballée sur la télé britannique un mois plus tard : toujours pas trace d’audit !

Rappelons que lors du conseil des ministres du 15 octobre 2021 – à la veille de la COP 26 donc –, le Président de la République avait déclaré avoir été saisi de plusieurs plaintes d’irrégularités dans l’octroi des concessions forestières, citant en particulier les vraies-fausses “concessions de conservation” Tradelink. iI ordonne à la Vice Première ministre et ministre de l’Environnement Eve Bazaiba de suspendre tout contrat “douteux”. 

Celle-ci a fait le service minimum en suspendant – avec un retard de deux mois ! – uniquement les concessions Tradelink… qu’elle avait elle-même cherché à sécuriser quelques semaines auparavant.  

Il est possible que l’audit de l’IGF de 2020 pointe du doigt de nombreuses autres concessions qui auraient dû être suspendues. Sa publication pourrait donc être embarrassante pour le ministère ainsi que pour CAFI.

Malgré les mises en garde de l’année dernière des scientifiques, des ONG environnementales et de défense des droits de l’homme, les bailleurs de fonds et la RDC ont signé un accord qui ne donne qu’un petit répit à l’avenir du moratoire de 2002 sur l’octroi des nouveaux contrats d’exploitation forestière industrielle. 

Mais même cet accord à minima, ses signataires n’ont visiblement pas trop envie de l’appliquer : extraordinaire mise en perspective de la hype à la COP 26 autour de la RDC – qui s’était rebaptisée « pays solution » pour l’occasion…

“Après des déclarations pompeuses et des relations publiques fastueuses, non seulement nous sommes confrontés à un deal qui permet à la déforestation de s’étendre d’ici début 2023, mais même cet accord bâclé n’est pas respecté”, a déclaré Serge Sabin Ngwato, chargé de campagne forêt à Greenpeace Afrique.

“La RDC et les pays donateurs doivent s’engager pour la transparence, les droits de l’homme et pour empêcher les tronçonneuses d’entrer dans la forêt”, a déclaré M. Ngwato, appelant à un plan permanent pour protéger les forêts de l’exploitation industrielle.

Greenpeace Afrique appelle à la publication immédiate de l’audit de l’IGF et pour que les signataires de l’accord CAFI expliquent aux Congolais et aux contribuables des pays donateurs pourquoi ceci n’a pas été fait. Greenpeace Afrique encourage aussi le gouvernement à adopter un nouveau modèle de développement qui mettra fin une fois pour toutes au bradage des ressources naturelles de la RDC au profit des pays développés.

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Raphaël Mavambu, Consultant Media et Communication pour Greenpeace Afrique, [email protected]