Dans la région ouest africaine et au Sénégal en particulier, le secteur de la pêche est confronté ces dernières décennies à de nombreuses difficultés. La confinement imposé par la Covid 19 a été une aubaine pour les pilleurs des ressources maritimes de l’Afrique de l’Ouest Il se trouve que la majeure partie des stocks sont dans une situation de pleine exploitation. Certains ont même dépassé leur niveau optimal d’exploitation.  Les écosystèmes marins dont dépendent ces stocks sont de plus en plus dégradés du fait de la pollution, de la surpêche par des navires de pêche étrangers européens et asiatiques , des  méthodes de pêche destructives, de la pêche Illicite, Non réglementée et Non déclarée (INN) et du changement climatique. 

Les impacts sont ainsi très négatifs sur les stocks de poissons,  la reproduction, le recrutement et la migration mais aussi sur la sécurité alimentaire, les moyens d’existence et sur le bien-être de milliers de personnes. Les femmes sont fortement impactées car, elles jouent un rôle crucial en transformant la matière première. Elles contribuent à créer de la valeur ajoutée et à atténuer les pertes post captures, puis à approvisionner les populations les moins nanties du Sénégal et de la région ouest africaine avec des protéines animales abordables et ayant une grande valeur nutritionnelle.  

Le rapport Mal de mer: pendant que l’Afrique de l’Ouest est confinée par la COVID 19, ses eaux restent ouvertes au pillage (Seasick: As COVID-19), qui vient d’être publié par GP Afrique, au-delà des questions de transparence, et de pillage des ressources halieutiques de la région, pose surtout un problème structurel qui comme un cercle vicieux enferme les communautés dans un cycle de prédation qui dure depuis des décennies. Le pillage n’a jamais cessé en réalité, il s’est même accentué durant la pandémie de la Covid 19, ces formes et méthodes sont les seules variables. Le nombre d’usines de farine et d’huile de poisson augmentent de manière exponentielle á la faveur des règlements non appropriés et des décideurs qui ne perçoivent toujours pas le mal de cette industrie. Les circonstances troubles d’attribution des licences, qui au mieux auraient été délivrées sans respecter les procédures et les mêmes licences se renouvellent chaque année, renouvelant ainsi une infraction aux règlements. Au-delà de l’infraction, il s’agit aussi et surtout d’une question d’éthique et de bon sens, car il est difficile de comprendre qu’un pays pauvre endetté trouve le moyen de permettre l’accaparement de ses ressources par une minorité du même pays et/ou des étrangers pour soit nourrir les animaux des autres pays, soit des citoyens de pays en Europe et en Asie.. Ces mêmes pays et les institutions qu’ils dirigent étant toujours les premiers á venir en #aide# au pays qu’ils exploitent. 

Ce système est bien sûr couvert par des lois et règlement taillés sur mesures pour permettre la continuité du pillage. Le grand perdant reste la population, mais aussi les gouvernants qui tiennent temporellement les destinés du pays et ne réalisent pas qu’ils sont aussi exposés que les communautés. Les différents gouvernements qui se sont succédés, réalisent toujours leur manque de courage et de vision une fois qu’ils ne sont plus au pouvoir.

La question est donc de savoir si les multinationales, les grandes entreprises et les gouvernements ont le droit de priver des millions de personnes des ressources dont elles dépendent pour leur survie?

Sans aucun doute la réponse est non.

Alors pourquoi cela continue-t-il, malgré les réglementations, les lois et autres instruments, nationaux, régionaux et internationaux, qui semblent protéger les populations mais qui, en réalité, restent inefficaces et très éloignés des réalités des acteurs.

Aucune leçon ne semble être tirée de la pandémie de la Covid 19, la course poursuite au profit, á la rentabilité reprend de plus belle sur le dos de ceux qui n’ont pas le choix.

Il ne reste alors plus aux communautés que de se mettre ensemble et se battre pour le respect de leur droit á l’alimentation, á un travail décent et á vivre dans un environnement sain.

Les pêcheurs ouest africains devraient pouvoir se nourrir en pêchant ou en achetant leurs aliments avec la vente de leurs captures et pour cela il faudrait que la ressource soit disponible et accessible, mais ceci n’est pas le cas actuellement. Les lacunes dans les différentes réglementations semblent être du pain béni pour les prédateurs. La codification juridique du règlement rend obligatoire la consultation et l’implication des acteurs de la pêche dans les processus décisionnels, mais ne rend pas obligatoire la prise en compte de leur avis, ce qui pose un problème de transparence dans la prise des décisions finales, un problème d’équité, de durabilité et de redevabilité dans le secteur de la pêche.

Les gouvernements, leurs partenaires techniques et financiers et les acteurs du secteur de la pêche doivent reconnaître, les droits légitimes des communautés sur les ressources, respecter les normes et pratiques locales, et protéger l’accès aux ressources des communautés de pêche à petite échelle ceci est le seule gage de la stabilité et du développement durable. 

Greenpeace demande l’arrêt immédiat des usines de farine de poisson, la publication de la liste des bateaux pêchant au Sénégal et la reconnaissance de la profession femmes transformatrices de poissons. Rejoignez nous et soutenez les communautés de pêcheurs et les femmes transformatrices en signant cette pétition.  

Dr Ibrahima Cissé, responsable de la campagne océans de Greenpeace Afrique.

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