Un nouveau scandale environnemental touche la Flandre : des contaminations inquiétantes de SPFO ont été mesurées au niveau des sols et des eaux souterraines dans et autour de Zwijndrecht, une commune proche d’Anvers. Que se passe-t-il, que faut-il faire et qui va payer ? Voyons cela de plus près. 

SFPO et PFAS, kesako ? 

Nouveau scandale environnemental à Zwijndrecht
Manifestation en Italie contre la pollution toxique par les PFAS

Le SPFO (sulfonate de perfluorooctane) est une substance chimique qui fait partie de la famille des PFAS (substances perfluoroalkylées). Le SFPO est notamment utilisé pour rendre les textiles résistants à l’eau et à la saleté.

Les PFAS sont fabriquées par l’homme et ne sont pas présentes naturellement dans l’environnement. Elles sont utilisées dans les revêtements antiadhésifs de certaines poêles parce qu’elles repoussent l’eau et les graisses et sont pratiquement indestructibles. C’est pourquoi on les appelle aussi « produits chimiques éternels ». 

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Impact sur la santé 

Lorsque les PFAS se retrouvent dans l’organisme des personnes ou des animaux, nombre de ces substances y restent très longtemps, avec toutes sortes de conséquences négatives pour la santé. On parle de perturbation du système hormonal, d’augmentation du cholestérol, de réduction du poids à la naissance, d’influence sur la croissance et le comportement des enfants… Le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer, estime que les SPFO sont « probablement cancérigènes » et pourraient affaiblir le système immunitaire.

Que se passe-t-il à Zwijndrecht ?

La société américaine 3M a produit des SPFO dans son usine de Zwijndrecht jusqu’au début des années 2000. Vous connaissez probablement cette société grâce à la marque de ruban adhésif Scotch. 

En 2002, 3M a cessé de produire des SPFO, cette substance n’étant « pas ou peu dégradable ». Mais à ce moment-là, des dommages irréparables avaient déjà été causés puisque pendant des années, des autorisations avaient été octroyées pour le rejet de ce produit chimique dans l’environnement. Son impact avait en effet été fortement sous-estimé. 

Sur le site de l’entreprise et aux alentours de celle-ci, des concentrations très élevées de SPFO ont récemment été trouvées dans le sol et les eaux souterraines, et même chez les animaux. Elles dépassent jusqu’à 26 fois les normes actuelles, et ces normes sont probablement trop laxistes selon les experts. Actuellement, les résidents et les agriculteurs de la région sont dans l’incertitude quant à la sécurité de la consommation d’œufs de poule, par exemple.

Pourquoi cette contamination n’apparaît-elle que maintenant ?

Si l’ampleur réelle de l’impact sur l’environnement n’apparaît que maintenant, c’est d’abord parce que nous avons, ces dernières années, pris davantage conscience de l’impact alarmant sur la santé des PFAS et des SFPO présents dans notre environnement. Cette prise de conscience ne s’est toutefois pas traduite, de la part des instances gouvernementales, par l’élaboration de suffisamment de normes strictes concernant, par exemple, la gestion des sols ou des eaux souterraines contaminés par les PFAS.

Mais il existe aussi une deuxième raison pour laquelle ce scandale ne fait surface que maintenant : les travaux préparatoires de l’Oosterweel (les grands travaux d’infrastructure routière autour d’Anvers) ont mis à jour cette contamination à grande échelle. Tout porte à croire que certaines normes ne pouvaient pas être trop sévères car elles auraient mis à mal le projet Oosterweel.  Les gigantesques travaux d’excavation, notamment pour la construction du tunnel sous l’Escaut, devant bientôt commencer sur la rive gauche d’Anvers, une coalition d’écologistes – dont Greenpeace – a tiré la sonnette d’alarme en avril, après les avertissements lancés par l’activiste citoyen Thomas Goorden, qui est en quelque sorte le « Erin Brockovich » dans tout le scandale des PFAS.

Le pollueur doit payer

Ces dernières semaines, de nombreuses questions ont fait surface et méritent des réponses. Comment cela a-t-il pu arriver ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné dans l’évaluation de cette pollution et dans l’élaboration des normes pour le rejet ou l’utilisation de sols ou d’eaux souterraines contaminés ? Une commission d’enquête parlementaire devra se pencher sur l’affaire afin de s’assurer que cela ne se reproduise pas à l’avenir. Le parquet d’Anvers mène également une enquête.

Mais tout aussi important : comment peut-on garantir que c’est le pollueur (3M) et non le contribuable qui paiera les coûts de nettoyage de ce gâchis et éventuellement aussi l’indemnisation des résidents et des agriculteurs touchés pour les dommages subis ? Dans un accord « secret » conclu entre 3M et l’entreprise de construction Lantis (anciennement BAM) et apparu dans la presse cette semaine, on constate que le pollueur reste à l’écart et que c’est l’entreprise publique Lantis qui assume la quasi-totalité des coûts d’assainissement. C’est inacceptable ! Ce dossier constituera un précédent important à cet égard : la pollution industrielle doit être prise en charge par le pollueur, non par la société.

Enfin, il est urgent de faire la lumière sur les grands travaux d’excavation prévus pour le projet Oosterweel et le tunnel sous l’Escaut. Le permis pour ces excavations a été accordé sur la base de normes sanitaires qui sont clairement dépassées. Nous demandons que les conditions du permis d’environnement soient adaptées sur la base des nouvelles normes sanitaires. Des conditions strictes sont également nécessaires pour l’entrepreneur avant que ces excavations puissent commencer.

La semaine dernière, les riverains ont organisé une première action de protestation. Nous étions là pour les soutenir et aussi, pour adresser un message clair au gouvernement flamand : « Pollueur payeur ».

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