Le CETA est un accord commercial entre le Canada et l’UE. Plus de collaboration et plus de commerce – voilà un deal gagnant-gagnant, n’est-ce pas ? Mais non : le grand perdant, c’est notre environnement.

Le cœur du problème avec le CETA, c’est que sur bien des plans, l’UE dispose de règles plus strictes que le Canada. Surtout en matière d’environnement, de bien-être animal et de sécurité alimentaire. L’agriculture canadienne est fort dépendante des produits chimiques et des manipulations génétiques. Avec l’accord commercial, l’UE assouplit ses propres règles pour entraver au minimum les entreprises.

Les entreprises au pouvoir

Le CETA mentionne l’environnement, mais ne propose rien de concret pour sa protection. Notre nature joue donc un rôle purement décoratif dans l’accord. Le pire, c’est que le CETA peut ouvrir la porte à une influence directe des multinationales dans les décisions de l’UE. Pour ces entreprises, les règles en matière d’environnement et de bien-être animal ne constituent qu’un frein à leur profit ; elles feront donc tout ce qu’elles peuvent pour affaiblir ces règles ou les supprimer. En bref, le CETA invite les entreprises à participer à l’élaboration des règles.

La partie la plus inquiétante du CETA, c’est le système qui permet aux entreprises d’attaquer en justice les États-membres de l’UE si elles sont en conflit avec les règles d’un pays. Par exemple, si un État-membre veut protéger sa population et son environnement contre des pesticides nocifs, une entreprise peut attaquer cette décision. C’est ce qu’on appelle le « système juridictionnel des investissements » (SJI). Heureusement, cette méthode doit d’abord être approuvée au niveau national avant que l’entreprise ne puisse y avoir recours.

Rester vigilants

Les concepteurs du CETA sont particulièrement astucieux. L’accord n’est pas entré en vigueur en une fois, mais par étapes depuis septembre 2017. C’est là que réside le danger : les conséquences négatives du CETA n’apparaissent que progressivement, de sorte qu’il est difficile de réaliser clairement sa portée. Cette application graduelle, en douce, lui fait éviter beaucoup de résistance directe.

Il est donc essentiel pour notre environnement comme pour notre santé de ne pas laisser passer inaperçu cet accord. En restant vigilants, nous évitons à notre politique environnementale de tomber entre les mains des multinationales et des autorités canadiennes. Nous devons surtout nous tenir au courant des nouveaux développements autour du CETA, de sorte que son évolution progressive ne nous surprenne pas désagréablement.

Votre aide a déjà permis à Greenpeace d’accomplir beaucoup de choses en Belgique. Notre pays a signé le CETA en 2017, mais s’est tout de même adressé à la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier si l’accord correspondait à la législation européenne. Si ce n’est pas le cas, nous pouvons encore poser notre véto pour retenir le tout. Un grand pas en avant qui n’a été possible que grâce à la voix de la population : nos protestations et pétitions incessantes ont ouvert les yeux à notre gouvernement (et celui d’autres pays européens) sur les dangers des accords commerciaux comme le CETA et le TTIP.