Espérons que 2025 est une année cruciale pour l’océan. En juin, les Nations Unies se réuniront pour discuter de la protection des océans, et un mois plus tard, en juillet, une réunion importante sur l’exploitation minière en eaux profondes – une menace pour l’environnement marin – aura lieu. Notre pays a un rôle à jouer dans ce débat international. C’est pourquoi une coalition d’organisations de la société civile a écrit une lettre aux ministres sortants et aux chefs de partis, leur demandant de soutenir une pause de précaution sur l’exploitation minière en eaux profondes.

Le slogan « Stop Deep Sea Mining » est projeté sur les falaises blanches de Douvres pour demander l’arrêt de l’exploitation minière en eaux profondes.

Une pause de précaution sur l’exploitation minière en eaux profondes :
En 2025, établissez votre héritage en tant que leader de la protection des océans et de l’équité mondiale

Monsieur le Premier Ministre De Croo, 

Monsieur le Ministre Van Tigchelt, Madame la Ministre Khattabi, Monsieur le Ministre Quintin,

En 2025, la Belgique pourrait contribuer à une victoire internationale pour l’environnement marin et pour toutes les personnes qui dépendent d’un océan sain dans le monde entier, en soutenant une pause de précaution sur une nouvelle industrie d’extraction océanique dangereuse et inutile : l’exploitation minière en eaux profondes.

L’océan profond est l’un des écosystèmes les moins bien connus et les plus fragiles de notre planète. Il abrite une biodiversité et des ressources génétiques marines uniques, ainsi que des fonctions écologiques essentielles telles que la régulation du climat. Pourtant, cet écosystème fait face à des menaces sans précédent de la part des industries extractives émergentes. Des scientifiques du monde entier ont mis en garde contre les dommages potentiellement irréversibles que l’exploitation minière en eaux profondes pourrait causer, notamment la destruction des habitats, la perte de biodiversité et la perturbation de processus écologiques complexes. Les effets de cette exploitation minière en eau profonde ne se limiteraient pas à la vie marine ; ils menaceraient également les moyens de subsistance des communautés côtières et la santé de notre planète. Les grands fonds marins sont le Patrimoine Commun de l’Humanité : ils nous appartiennent à tous. Pourtant, l’exploitation minière des grands fonds marins est une activité qui ne profiterait qu’à quelques entités commerciales, si tant est qu’elle soit rentable, et ce, au détriment de tous les autres. Il est de notre devoir de protéger ce Patrimoine Commun, non seulement pour notre génération, mais aussi pour celles qui nous suivront.

Bien que les connaissances sur les services climatiques et écosystémiques importants fournis par les grands fonds marins augmentent chaque jour, les scientifiques estiment qu’il faudra des décennies pour obtenir les informations de base nécessaires à une prise de décision éclairée en ce qui concerne l’exploitation minière des grands fonds marins. Malgré ces lacunes scientifiques, l’exploitation minière à l’échelle industrielle pourrait être autorisée par l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM) dès 2025, l’industrie ayant déjà annoncé son intention de soumettre une demande de lancement de l’exploitation minière commerciale en juin 2025.

Face à ces préoccupations, l’exploitation minière en eaux profondes est de plus en plus considérée comme une industrie toxique, présentant des risques importants en termes de réputation et de finances pour toutes les parties impliquées. C’est pourquoi, à ce jour, 32 gouvernements, ont demandé une interdiction, un moratoire ou une pause de précaution sur l’exploitation minière en eaux profondes dans les eaux internationales, aux côtés du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, de grandes institutions financières, d’entreprises mondiales comme Google, BMW et Samsung, de plus de 900 scientifiques et de l’industrie de la pêche.

2025 est une année cruciale pour l’océan. Elle se situe à mi-chemin de la Décennie des Nations Unies pour la science, l’année des grands moments politiques de l’océan, tels que la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan. L’année 2025 sera également cruciale pour déterminer la trajectoire de l’exploitation minière en eaux profondes lors des réunions de l’AIFM à Kingston, en Jamaïque. Compte tenu des engagements internationaux tels que l’Accord BBNJ et le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, il est impératif que nous assurions la protection de nos océans. Une pause de précaution sur l’exploitation minière en eaux profondes est la seule solution pour sauvegarder ces écosystèmes vitaux et garantir le respect de ces engagements.

Nous avons noté l’intérêt de la Belgique à jouer un rôle de premier plan dans la gouvernance internationale des océans et au sein de l’AIFM. C’est pourquoi nous interpellons le gouvernement en plein exercice à aller plus loin en soutenant une pause de précaution sur l’exploitation minière en eaux profondes et en s’impliquant activement dans les négociations à l’AIFM, y compris lors de la réunion de l’Assemblée du 21 au 25 juillet 2025 à Kingston, en Jamaïque. Lors de cette réunion, une politique générale de protection de l’environnement marin sera débattue. Soutenir une pause de précaution serait une extension positive de la position actuelle de la Belgique, qui subordonne l’exploitation minière en eaux profondes à l’existence de preuves scientifiques suffisantes concernant ses impacts environnementaux. La voix de la Belgique est essentielle pour plaider en faveur d’un avenir qui priorise l’équité, les droits humains et la santé environnementale plutôt que l’exploitation non durable.

Nous vous remercions de l’attention que vous portez à cette question urgente. Nous restons à votre disposition pour approfondir cette question lors d’une réunion en personne.

Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées,

Agnes Wené, Directeur, Vogelbescherming Vlaanderen

Caroline Tsilikounas, CEO WWF Belgium

Danny Jacobs, Directeur, Bond Beter Leefmilieu

Eugénia Barroca, Regional Representative for Europe, Sustainable Ocean Alliance (SOA)

Filip De Bodt, vzw Climaxi

Hugo Van Dienderen, co-voorzitter, Grootouders voor het Klimaat

Jose-Javier Paniagua, Président, Fondation Européenne pour le Droit du Vivant

Lionel Delvaux, Directeur Politique, Natagora

Luc Maertens, coördinator, Reset.Vlaanderen

Marie-Kell de Cannart, Campaign representative, Lookdown Action

Monica Verbeek, Managing Director, Seas At Risk

Olga Vucovic, Directeur, WeMove Europe

Philippe Sonnet, Président, Grandparents pour le Climat

Sofia Tsenikli, DSM Moratorium Campaign Director, Deep Sea Conservation Coalition

Sylvie Meekers, Directeur, Canopea

Valerie Del Re, Executive Director, Greenpeace Belgium

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