Le Gouvernement fédéral vient d’une nouvelle fois reporter une décision définitive concernant la sortie du nucléaire. Greenpeace, Bond Beter Leefmilieu et Inter-Environnement Wallonie rappellent que la fin du nucléaire est pourtant la seule porte de sortie. Une prolongation des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 compromettrait la sécurité d’approvisionnement et ferait ressurgir le risque nucléaire. Cela ouvrirait également la porte à des années de procédures judiciaires. 

“Les querelles politiques de ces dernières semaines ne changent rien au fond du dossier :  la fermeture de toutes les centrales nucléaires est inévitable”, rappelle Jan Vande Putte, expert énergie chez Greenpeace Belgique. « Prolonger la durée de vie de Doel 4 et Tihange 3, c’est se heurter à un mur de procédures et de délais serrés, sans aucune marge de manœuvre. Et pour cause, la sûreté nucléaire n’est pas négociable. Quiconque envisagerait maintenant de se relancer dans de telles procédures ouvrirait la porte à des années de batailles juridiques et donc à une incertitude persistante. »

Un chemin de croix juridique

Dans le cas d’une prolongation, de très nombreux obstacles juridiques devront être surmontés pour garantir la sûreté nucléaire. Et Engie devra effectuer un travail colossal. Des procédures et des travaux qui ne seront jamais achevés à temps. Pour Arnaud Collignon, d’Inter-Environnement Wallonie, « Doel 4 et Tihange 3 ne seront pas mis en service avant 2027. Mais ils seront fermés dès 2025. La prolongation de deux réacteurs menace donc directement la sécurité d’approvisionnement de notre pays pendant les hivers 25/26 et 26/27. »

La piste des nouvelles centrales nous détourne d’une vraie action climatique

Le gouvernement assure maintenant « se tourner vers l’avenir » en investissant dans des nouvelles technologies nucléaires. Dans la pratique, cependant, on ne peut rien attendre d’une nouvelle construction nucléaire, que ce soit aux Pays-Bas ou ici. « Ces concepts SMR existent certes sur le papier depuis des décennies, mais rien de concret n’est disponible aujourd’hui”, affirme Jan Vande Putte. “Ce qui est bien concret par contre, c’est l’argent, le temps et l’attention que ces projets accaparent. Avec un risque réel de nous détourner de solutions climatiques qui ont fait leur preuve, comme les énergies renouvelables.”