Le gouvernement fédéral a présenté aujourd’hui l’accord de principe sur l’extension de Doel 4 et Tihange 3 conclu avec Engie. Les organisations environnementales Greenpeace et Bond Beter Leefmilieu et Canopea (ex-IEW) mettent en garde : « Dès le mois de mars, nous avons fait remarquer que les citoyens paieraient trois fois pour cette décision désastreuse. Cet accord le confirme : l’État belge prend un énorme risque financier en le signant. »
D’après les organisations environnementales, le citoyen risque de payer trois fois : pour les risques financiers liés à l’exploitation partagée des réacteurs ; pour l’augmentation de la quantité de déchets nucléaires, puisqu’Engie va bénéficier du plafonnement de sa contribution aux coûts de gestion de ces déchets ; et pour les subventions aux énergies fossiles accordées pour les centrales au gaz, notamment lorsque la production d’énergie nucléaire sera moindre que prévu, comme c’est arrivé en France ces derniers mois.
Jan Vande Putte, expert en énergie chez Greenpeace Belgique : « Compte tenu des nombreuses questions fondamentales concernant le scénario de gestion sûre des déchets nucléaires qui restent sans réponse, il nous semble actuellement impossible de chiffrer ce poste de manière ‘définitive’. Ce plafonnement a toujours été le but ultime d’Engie, et l’État belge – et donc le contribuable – risque sérieusement de se ruiner en cédant à cette exigence. »
Alors que le gouvernement opte à nouveau pour l’énergie nucléaire, d’autres solutions pour réduire notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles continuent de prendre la poussière. Par exemple, le gouvernement refuse toujours de réduire la vitesse maximale autorisée, et le développement de l’éolien en mer stagne. Et pourtant, la zone Elizabeth peut produire plus d’électricité que ces deux réacteurs nucléaires, dont Engie ne garantit absolument pas la production. Ce n’est pas un détail, comme le démontrent les problèmes persistants qui touchent la production d’énergie nucléaire en France ainsi que la baisse de production des réacteurs nucléaires en France, en Belgique et en Suisse provoquée par la canicule en début de semaine.
Enfin, le fait que l’État belge devienne cogestionnaire de Doel 4 et Tihange 3, et qu’il assume donc une partie des risques financiers liés à ces réacteurs, prouve que l’énergie nucléaire n’est pas rentable sur le plan économique. « La faillite de l’énergie nucléaire a un impact important sur notre avenir énergétique », déclare Jan Vande Putte. « Aussi bien l’énergie nucléaire que les énergies fossiles ont aujourd’hui besoin de lourdes subventions et entraînent des factures astronomiques pour nos familles et nos entreprises. Seules des mesures d’efficacité énergétique et une transition plus ambitieuse vers les énergies renouvelables apporteront une solution durable à ce problème. »