Shell réclamait des millions de dollars à Greenpeace UK et Greenpeace International dans le cadre d’une procédure juridique lancée à la suite d’une protestation non-violente. La multinationale et l’ONG viennent de conclure un accord à l’amiable, qui met donc fin à l’affaire.
Cet accord survient après plus d’un an de mobilisation de Greenpeace contre les poursuites de Shell. Pour Greenpeace et de nombreux observateur·rices externes, cette bataille judiciaire lancée par Shell n’était en effet rien d’autre qu’une ‘procédure-bâillon’ (ou SLAPP case), un procédé abusif couramment utilisé par de puissantes entreprises pour faire taire les critiques.
Greenpeace risquait de devoir payer plus de 11 millions de dollars de dommages et intérêts au terme du procès. Dans l’accord conclu, l’ONG n’accepte aucune responsabilité et ne versera pas d’argent à Shell. Elle s’engage uniquement à faire un don de 300 000 livres sterling à la Royal National Lifeboat Institution (RNLI). Greenpeace accepte en outre de ne plus organiser de protestation pendant une période donnée sur quatre sites de Shell en mer du Nord. [1]
“Shell pensait nous intimider en nous poursuivant pour des millions de dollars pour une manifestation non-violente” estime Nadia Cornejo, porte-parole de Greenpeace Belgique. “Mais cette affaire s’est retournée contre la multinationale, lui offrant une désastreuse image. Les réactions du public ont été telles qu’elles ont fait reculer Shell et l’ont contraint à accepter cet accord à l’amiable. Cet accord est la preuve que la mobilisation citoyenne fonctionne. Elle nous permet de rester indépendants et de résister face aux intimidations des grandes multinationales pétrolières et gazières. Pas un centime de l’argent de nos donateur·rices n’ira à Shell. Au contraire, tous nos fonds collectés seront alloués à la poursuite de notre combat contre les grands pollueurs.”
Cette procédure n’est pas la seule procédure-bâillon à laquelle fait face Greenpeace. Greenpeace USA et Greenpeace International sont actuellement poursuivis pour des centaines de millions de dollars par Energy Transfer à la suite des manifestations contre le Dakota Access Pipeline. Cette affaire représente une menace existentielle pour la survie de Greenpeace aux États-Unis. Greenpeace Italie et Greenpeace Pays-Bas sont également poursuivis par la major pétrolière italienne ENI.
Note
[1] La défense de Greenpeace a accepté un engagement à ne pas se déplacer à moins de 500 mètres de trois sites de Shell pendant une période de cinq ans et d’un site de Shell pendant une période de dix ans.