L’UE prépare actuellement un nouveau paquet de sanctions à l’encontre de la Russie, le 16e depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022. Selon des sources diplomatiques citées aujourd’hui par le média Politico, les importations de gaz liquéfié russe (GNL) échapperaient une fois de plus à ces sanctions. Greenpeace Belgique et Bond Beter Leefmilieu réagissent avec colère, pointant du doigt le port de Zeebrugge, qui joue un rôle de plaque tournante européenne et mondiale pour le GNL russe. Les importations dans l’UE ont augmenté de 19 % l’année dernière [1] et sont désormais supérieures de près de 60 % à celles de 2021 [2]. 

“Dès le début de l’invasion, l’UE a décidé de prendre ses distances avec l’énergie russe”, explique Angelos Koutis, expert énergie chez Bond Beter Leefmilieu. “Mais alors que l’importation de charbon et de pétrole russes est officiellement interdite et que l’acheminement de gaz russe gazoduc s’est presque complètement arrêté, les importations de gaz liquéfié russe, elles, ne font qu’augmenter, avec une hausse de 19 % constatée l’année dernière. Et la Belgique est complice de cette situation, puisque Zeebrugge est le principal destinataire du GNL russe depuis des années.”

Le quatorzième paquet de sanctions de l’EU a imposé une interdiction de transbordement du GNL russe vers les pays non européens. Elle entrera en vigueur le 26 mars. Mais les analystes soulignent que cette interdiction pourrait conduire paradoxalement à une augmentation du GNL russe dans le réseau gazier européen [3]. Cela démontre à quel point les importations de GNL russes, en pleine croissance, devraient elles aussi être visées par les sanctions.

“Chaque tanker rempli de gaz russe qui accoste dans un port européen est synonyme de revenus supplémentaires pour la Russie et la guerre brutale qu’elle mène en Ukraine depuis près de trois ans” poursuit Mathieu Soete, chargé de campagne transition énergétique chez Greenpeace Belgique. “Un nouveau paquet de sanctions qui ne toucherait pas aux importations croissantes de gaz liquéfié russe serait une insulte au peuple ukrainien. Nous attendons beaucoup plus d’ambition de la part de l’Europe, mais aussi de notre pays, en sa qualité de plaque tournante des importations !”

Greenpeace et BBL demandent une interdiction immédiate et complète des importations de GNL russe, ainsi qu’ une plus grande transparence sur l’origine et la destination du gaz. Pour les organisations, l’Europe doit également éviter de tomber dans de nouvelles dépendances fossiles (par exemple en remplaçant le GNL russe par du GNL américain), en s’engageant pleinement dans l’efficacité énergétique, l’électrification et les énergies renouvelables.

Notes

[1] Bond Beter Leefmilieu, Deutsche Umwelthilfe & urgewald, 2024, a bumper year for Russian LNG exports to the EUhttps://www.duh.de/fileadmin/user_upload/download/Pressemitteilungen/Energie/LNG/Hintergrundpapier_Russisches_LNG_in_der_EU.pdf

[2] Calcul basé sur les chiffres de Bloomberg, publié par Bruegel: https://www.bruegel.org/dataset/european-natural-gas-imports (Figure 5)

[3] https://www.highnorthnews.com/en/eu-imports-more-russian-lng-2024-ever-mostly-arctic