La Belgique a ratifié le traité lors de l’ouverture de la conférence des Nations Unies sur l’Océan qui débutait aujourd’hui à Nice, en France. Il s’agit d’une étape importante dans la lutte pour la protection des océans. Cet accord international permet de protéger de vastes zones océaniques situées au-delà des frontières nationales, sous forme de réserves marines. La Belgique figure parmi les 18 nouveaux pays qui ont ratifié le traité aujourd’hui. Cela porte à 49 le nombre de pays qui l’ont fait. [1] Le traité entrera en vigueur dès que 60 pays l’auront ratifié.

“La ratification du traité par la Belgique constitue un pas de plus vers la création d’un réseau mondial de réserves marines” salue Ruth-Marie Henckes, chargée de campagne océan chez Greenpeace Belgique. “Elles permettront à l’océan de se régénérer après de nombreuses années de surpêche, de pollution et de destruction. Ces réserves marines sont fondamentales non seulement pour la vie sous-marine, mais aussi pour l’humanité. Rappelons que l’océan est un producteur d’oxygène, qu’il régule le climat et qu’il fournit du travail et de la nourriture à 3 milliards d’êtres humains.” 

Conférence des Nations unies sur l’Océan

Notre ministre de la mer, Annelies Verlinden a annoncé la ratification belge, ainsi que la candidature de notre pays pour accueillir le secrétariat du traité, lors de la journée d’ouverture de conférence des nations unies sur l’Océan. Ce sommet international est vu par beaucoup comme une date butoir pour ratifier le traité, afin que sa mise en œuvre soit assez rapide pour respecter l’objectif de protection d’au moins 30 % de la surface des océans d’ici 2030. Il s’agit là d’un des piliers de l’Accord de Kunming-Montréal adopté en 2022. [2]

“Nous appelons la Belgique à maintenir sa position ambitieuse pour la phase d’entrée en vigueur de l’accord, en plaidant en faveur de la création de réserves marines dans les zones océaniques les plus vulnérables et les plus riches en biodiversité”, poursuit Ruth-Marie Henckes. “Notre pays doit également absolument rejoindre ceux qui s’opposent à l’exploitation minière en eaux profondes. Il ne sera pas possible de mettre l’océan en sécurité sans mettre un terme à cette industrie destructrice.”

18 pays ont déposé aujourd’hui leur ratification du traité sur la haute mer. Les hôtes du sommet, le président français Macron et le président costaricain Chaves Robles, ont appelé les autres leaders à se joindre à eux pour soutenir le moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes. La Slovénie, la Lettonie et Chypre ont annoncé leur soutien au moratoire.

Zones à protéger en priorité

Après l’entrée en vigueur du traité, il faudra choisir les zones qui bénéficieront d’une protection prioritaire. Greenpeace propose pour cela trois réserves marines, prioritaires en raison de leur riche biodiversité, de la présence d’espèces vulnérables et de l’impact dévastateur de la pêche et de la crise climatique sur celles-ci. Il s’agit :

  • de la mer des Sargasses dans l’océan Atlantique,
  • des montagnes sous-marines Emperor dans le nord-ouest de l’océan Pacifique,
  • de la mer de Tasmanie méridionale et Lord Howe Rise entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le Rainbow Warrior, navire de Greenpeace, mène actuellement une expédition dans cette dernière zone, afin d’attirer l’attention sur les dangers de la pêche à la palangre et du chalutage de fond. Un rapport récent de Greenpeace révèle qu’en 2023, 500 000 requins ont été tués dans cette région, victimes de prises accidentelles lors de la pêche à la palangre.

Notes

[1] Les pays qui ont déjà ratifié le traité sur la haute mer sont : l’Albanie, Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Bangladesh, la Barbade, la Belgique, le Belize, le Chili, le Costa Rica, Cuba, Chypre, le Danemark, la France, Fidji, la Finlande, la Grèce, la Guinée-Bissau, la Hongrie, la Côte d’Ivoire, la Jamaïque, la Jordanie, la Croatie, la Lettonie, le Liberia, le Malawi, les Maldives, Malte, les Îles Marshall, la Mauritanie, Maurice, la Micronésie, Monaco, Palau, le Panama, le Portugal, les Seychelles, Singapour, l’Espagne, Sainte-Lucie, la Slovénie, les Îles Salomon, Tuvalu, le Timor-Leste, la Roumanie, la Norvège, la Dominique, Vanuatu, le Vietnam et la Corée du Sud. L’Union européenne a également ratifié le traité.

[2] En 2022, lors de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), les pays ont convenu de protéger au moins 30 % des océans d’ici 2030, un objectif soutenu depuis des années par les scientifiques. À l’heure actuelle, seuls 2,7 % des océans mondiaux sont totalement ou largement protégés contre les activités humaines. Pour la haute mer, qui ne relève pas de la juridiction nationale, ce chiffre n’est même que de 0,9 %. Selon les calculs de Greenpeace, au rythme actuel, il faudrait attendre 2107 pour atteindre l’objectif de 30 %.