Le 16ème sommet de l’ONU sur la biodiversité s’est tenu en octobre dernier à Cali, en Colombie. Il a rassemblé près de 200 pays pour discuter du financement et de la mise en œuvre de l’historique accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité. Bien que des progrès aient été réalisés, le sommet de Cali n’a pas abouti à un accord final. La conférence se poursuivra donc à Rome à la fin du mois de février. Un rendez vous crucial pour garantir le financement et les engagements nécessaires d’ici à 2030.

Des militants de Greenpeace manifestent à Santiago de Cali, en Colombie, pendant la COP16, pour demander aux pays riches d’honorer leur promesse de contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars à la protection de la biodiversité d’ici à 2025.

Du 21 octobre au 1er novembre 2024, Cali, en Colombie, a accueilli la 16e réunion des quelque 200 pays signataires de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (« CDB » – Convention on Biological Diversity en anglais).  Les attentes étaient élevées : il s’agissait de décider comment mobiliser des ressources financières supplémentaires pour atteindre les objectifs de l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité d’ici à 2030. Le sommet devait également porter sur la manière d’assurer et de contrôler la mise en œuvre des objectifs de l’accord dans les différents pays.

Malheureusement, les parties ne sont pas parvenues à un accord sur ces points importants à Cali. Malgré des prolongations de négociations, les pays n’ont pas réussi à définir qui contribuerait au financement, ni comment celui-ci serait ensuite géré. Une partie des délégations avaient déjà quitté la conférence tandis que d’autres continuaient à négocier. En bout de course, il fut donc impossible de procéder à un vote valide sur un texte final.

Forêt luxuriante sur les rives du fleuve Congo.

Cali ne fut pas un échec complet non plus

Pour autant, la conférence colombienne n’a pas été un échec total. Certains accords essentiels y ont été scellés : 

Déforestation en Amazonie, à Lábrea, dans la province d’Amazonas, le 26 mars 2022.

Le sommet de Rome : une nouvelle chance de s’accorder sur le financement de la conservation de la nature ?

Afin d’éviter que les efforts mondiaux pour sauver la nature ne prennent beaucoup de retard (la prochaine COP, qui se déroulera en Arménie, n’aura lieu qu’en 2026!), une session de suivi de la COP16 aura donc lieu du 25 au 27 février prochain à Rome, en Italie. L’objectif : permettre aux négociations d’aboutir. 

Le point le plus important de l’agenda de cette mouture romaine : la définition d’une stratégie pour mobiliser les ressources financières supplémentaires nécessaires d’urgence pour enrayer la perte de biodiversité mondiale. Selon des estimations récentes, 200 milliards de dollars par an sont nécessaires pour cela, d’ici à 2030. Lors de la dernière COP15 à Montréal, un accord a été conclu selon lequel les « pays développés » fourniraient 20 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 et 30 milliards de dollars par an après 2030. Nous sommes donc très loin du compte. En parallèle, il faudra aussi s’entendre à Rome sur la façon dont ces fonds seront gérés et dont l’argent sera distribué. 

Un autre pilier de l’accord de Kunming-Montreal concerne la suppression des subventions et autres incitations financières qui nuisent à la biodiversité. Ceux-ci doivent être progressivement éliminés, à hauteur de 500 milliards de dollars par an. Or très peu de progrès ont été réalisés jusqu’ici en la matière.

Action des militants de Greenpeace lors de la COP16 à Cali, en Colombie, avec le message suivant : « Tenez votre promesse, 20 milliards d’ici 2025 ».

Quel est le rôle de la Belgique ?

Bien qu’il soit signataire de la Convention sur la diversité biologique, et donc lié par les accords conclus lors des sommets, notre pays était arrivé à Cali les mains vides. La Belgique n’est pas parvenue à présenter à temps sa stratégie et son plan d’action actualisés sur la biodiversité (« NBSAP »). 

Les résultats de la consultation publique sur ce plan réalisée l’été dernier ont maintenant été incorporés. La version modifiée a été approuvée par la Commission interministérielle de l’environnement et sera donc probablement présentée à temps pour le sommet de Rome. A l’heure actuelle, le plan n’a cependant pas encore été rendu public.


Le travail des expert·es de la délégation belge dans les négociations est apprécié au niveau international. La Belgique a co-présidé les discussions sur le financement de la biodiversité avec le Brésil et s’est associée en Colombie aux pays les plus ambitieux qui prônent l’intégration de la biodiversité dans tous les domaines politiques. Ironiquement, cette approche est totalement absente des accords des coalitions flamande et wallonne. Et ce qui a filtré jusqu’à présent sur les négociations au fédéral ne présage rien de bon …

Des personnes expriment leur solidarité avec l’Articulation des peuples indigènes du Brésil (APIB) lors d’une manifestation pacifique devant l’ambassade du Brésil à Londres.

Attaquer la crise climatique et de la biodiversité de front en 2025

L’année 2025 sera aussi marquée par la 30ème COP climat, qui se déroulera du 10 au 21 novembre à Belém, au Brésil. Le président brésilien Lula s’est montré très ambitieux. Il entend placer au centre des négociations la protection de la forêt amazonienne et des grandes zones forestières de la planète. Les pays dotés de vastes forêts tropicales comme le Brésil, l’Indonésie et le Congo devraient enfin recevoir de meilleures compensations financières s’ils s’efforcent de protéger leurs forêts tropicales. Non seulement en tant qu’habitat pour les populations locales et de nombreuses espèces végétales et animales, mais aussi parce que la préservation et la restauration de ces zones forestières sont essentielles dans la lutte contre la crise climatique.

Pour Greenpeace, 2025 est donc une année très importante. Il s’agira de suivre de très près les négociations politiques internationales sur le climat et la biodiversité. Et aussi d’œuvrer pour qu’enfin les politiques mondiales avancent dans la protection de nos dernières forêts anciennes. 

Vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire et les objectifs globaux de la Convention sur la diversité biologique ?

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