Les personnes qui vivent au cœur de la forêt amazonienne respirent un air contenant des concentrations de particules fines plus élevées que celles vivant dans des métropoles telles que São Paulo, Pékin ou Londres. La mauvaise qualité de l’air est en grande partie due aux incendies allumés intentionnellement afin de défricher la forêt pour l’élevage et renouveler les zones de pâturages. C’est ce qui ressort d’un rapport publié aujourd’hui par Greenpeace International. [1]

Le rapport a analysé les concentrations de particules fines (PM2,5) dans plusieurs villes de la région amazonienne. Les PM2,5 sont associées à des maladies respiratoires, des maladies cardiovasculaires et des décès prématurés.

Au cours des saisons des incendies de 2024 et 2025, des moyennes quotidiennes de PM2,5 plus de 20 fois supérieures aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont été mesurées à Portho Velho et Lábrea. Bien qu’il y ait eu moins d’incendies de forêt en 2025 qu’en 2024,  Greenpeace International a régulièrement enregistré des niveaux de PM2,5 plus de six fois supérieurs à la limite fixée par l’OMS cette année. L’Amazonie fait partie des régions où les concentrations de particules fines sont les plus élevées au monde.

La forêt amazonienne joue un rôle crucial pour la vie sur Terre, mais elle suffoque sous la fumée des incendies volontairement déclenchés pour permettre l’élevage industriel”, dénonce Nadia Cornejo, porte-parole de Greenpeace Belgique. “Cela doit nous ouvrir les yeux sur le coût réel du commerce mondial de la viande : des enfants hospitalisés, des personnes âgées à bout de souffle et des forêts qui disparaissent. Lors du sommet sur le climat COP30, les gouvernements doivent prendre des mesures pour protéger les forêts et obliger l’agro-industrie à rendre des comptes.

Les hôpitaux locaux de Porto Velho ont constaté une forte augmentation du nombre d’admissions pour des problèmes respiratoires pendant la saison des incendies, en particulier chez les enfants et les personnes âgées. Selon des modèles détaillés dans le rapport, la fumée des feux agricoles dans la région amazonienne du Brésil a contribué à des dizaines de milliers d’hospitalisations et de décès prématurés au cours des dix dernières années. Si les normes de qualité de l’air de l’OMS étaient respectées, l’espérance de vie dans les États fortement touchés comme Rondônia et Amazonas pourrait augmenter de près de 3 ans. [2]

Greenpeace appelle les gouvernements à adopter un plan d’action ambitieux pour les forêts lors de la COP30 sur le climat qui aura lieu prochainement à Belém, au Brésil. Les gouvernements et les institutions financières doivent rompre leurs liens avec les entreprises du secteur de la viande et de l’alimentation du bétail, qui favorisent la déforestation. Ils doivent investir dans des systèmes alimentaires équitables et respectueux des forêts. Le financement de protection des forêts doit être directement accessible aux peuples autochtones et aux communautés locales.

Notes

[1] Analyse réalisée par Greenpeace International à partir des données PM2,5 issues de l’Air Quality Life Index de l’Energy Policy Institute de l’université de Chicago (EPIC). Le rapport complet, intitulé « Toxic Skies: How Agribusiness is Choking the Amazon » (Ciel toxique : comment l’agro-industrie étouffe l’Amazonie), comprenant une méthodologie détaillée, est disponible ici.

L’ensemble de données a été produit à l’aide de deux systèmes de surveillance de la qualité de l’air différents déployés par Greenpeace Brésil, AirGradient OpenAir et Atmotube, ainsi que de données accessibles au public provenant de sources telles que PurpleAir Network, la NASA et la collection MapBiomas Fire Monitor. La méthodologie complète est incluse dans le rapport.

[2] Air Quality Life Index de l’Energy Policy Institute de l’université de Chicago (EPIC)

Les photos et vidéos relatives au rapport sont disponibles ici.