Dénouement incompréhensible dans le feuilleton du glyphosate, l’herbicide le plus courant connu pour ses liens avec le cancer et les dommages qu’il cause à l’environnement. Lundi, une majorité des États membres de l’UE ont voté en faveur de la proposition de la Commission européenne d’accorder au glyphosate une nouvelle autorisation pour une période de cinq ans, sans restrictions. Mais il y de l’espoir…!

Que font les personnes qui, à l’échelon européen, sont censées nous protéger des pesticides dangereux ? La Commission européenne et la plupart des gouvernements ont fait fi des avertissements des scientifiques indépendants.

Ils se sont même assis sur la demande du Parlement européen et les appels de plus d’un million de personnes en faveur d’une interdiction du glyphosate. Le fait que des entreprises puissantes comme Monsanto les menacent de poursuites judiciaires semble les préoccuper davantage que l’environnement et la santé de leurs concitoyens.

La Belgique est contre

Neuf pays, dont la Belgique, ont toutefois voté contre la proposition de la Commission. Denis Ducarme, notre ministre de l’Agriculture, a fait part de sa déception. Il souhaite maintenant contacter les autres pays qui ont voté contre pour trouver des alternatives. La France a réagi plus fortement : le président Macron veut interdire le glyphosate dans l’agriculture dans trois ans au plus tard.

Pour rappel, l’utilisation domestique d’herbicides à base de glyphosate n’est plus autorisée nulle part en Belgique. Il n’y a plus qu’à attendre la loi fédérale qui interdira également la vente de ces produits, comme promis par le ministre compétent à la fin du mois d’avril. On peut espérer que le gouvernement fédéral sera en mesure d’avancer rapidement une proposition en ce sens.

Monsanto Papers

Depuis près de trois ans (depuis que des experts en cancérologie de l’OMS ont qualifié le glyphosate de « probablement cancérogène »), Greenpeace demande que cette substance soit interdite au nom du principe de précaution. Il a été prouvé que les herbicides à base de glyphosate sont nocifs pour l’environnement, et selon toute vraisemblance aussi pour notre santé.

Pendant longtemps, le dossier n’a guère avancé, jusqu’à l’apparition soudaine au printemps de documents confidentiels de Monsanto. Des emails internes de Monsanto montrent clairement que l’entreprise a manipulé des études sur son célèbre herbicide Roundup. Monsanto était conscient depuis belle lurette des problèmes de sa vache à lait.

Le temps pressait, car l’autorisation actuelle de l’UE pour le glyphosate expire le 15 décembre. Cela fait deux ans que la Commission européenne s’efforce de renouveler cette licence. Elle a d’abord proposé 15 ans, puis 10, et enfin 5 ans, en désespoir de cause. Elle s’appuie sur les évaluations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Cependant, de nombreuses questions restent ouvertes quant à l’influence des fabricants sur ces évaluations. Ainsi, il est apparu que de larges extraits du rapport rédigé par l’EFSA ont tout simplement été copiés sur la demande de nouvelle autorisation pour le glyphosate que les fabricants avaient introduite.

1 million de signatures

En octobre, le Parlement européen a adopté une résolution dans laquelle il demande une restriction de l’utilisation du glyphosate à partir de l’année prochaine et son interdiction progressive d’ici fin 2022. À la même époque, nous avons également remis au commissaire européen Vytenis Andriukaitis 1 million de signatures, résultat de l’initiative citoyenne pour une interdiction européenne du glyphosate.

Une chose est certaine : l’appel à l’interdiction des pesticides nocifs ne fera que s’amplifier, et les politiciens ne peuvent plus se permettre d’accorder en douce ce genre de permis. Nous continuons de leur rappeler qu’ils ont la responsabilité de protéger notre santé et l’environnement…

Jelle De Mey

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Jelle De Mey
Jelle De Mey (1981) werkt als redacteur en communicatiemedewerker. "Schrijven is mijn vak. Ik oefen dat met veel plezier uit bij Greenpeace, een organisatie die volgens mij op cruciale milieuthema's een verschil maakt." --- Jelle De Mey (né en 1981) travaille en tant que rédacteur et collaborateur au service communication. "L’écriture, c’est mon métier. Surtout lorsque je peux être prompt à la riposte ! Je l’exerce avec beaucoup de plaisir chez Greenpeace, une organisation qui fait la différence dans des domaines environnementaux cruciaux."