Ce qui se passe en ce moment en Colombie-Britannique est bouleversant et terrifiant.
Des précipitations record suivies d’inondations massives ont forcé des milliers de personnes à fuir leur domicile. Au moins une personne a perdu la vie, et au moins deux autres sont portées disparues. Des maisons sont submergées, des sections d’autoroutes ont été emportées et plusieurs lignes ferroviaires sont hors fonction. Vancouver, une ville de plus d’un demi-million de personnes doté du port le plus achalandé du Canada, a perdu ses principales liaisons routières et ferroviaires avec le reste du pays. La réouverture des autoroutes pourrait prendre des semaines, voire des mois, et certaines sources industrielles affirment que les services ferroviaires pourraient être interrompus pendant plusieurs semaines.
Il y a quelques mois à peine, la Colombie-Britannique traversait une vague de chaleur ponctuée de feux de forêt. Ces incendies ont en fait aggravé les dommages causés par les inondations, en rendant le paysage naturel moins apte à absorber l’eau et en engendrant une nouvelle catastrophe pour les communautés de la Colombie-Britannique alors qu’elles tentaient toujours de se remettre de la dernière. Après que la ville de Lytton, en Colombie-Britannique, ait été réduite en cendres par les incendies de cet été, beaucoup de résident·es ont été relocalisé·es dans la ville voisine de Merritt (C.-B.). Mais Merritt fait maintenant l’objet d’un ordre d’évacuation en raison d’inondations, et ces personnes ont dû être relocalisées une fois de plus.
La crise climatique est là
Ces catastrophes nous rappellent que la crise climatique est là, et qu’elle est destructrice et mortelle.
Les inondations en Colombie-Britannique sont liées au changement climatique de plusieurs façons. La plus directe concerne la « rivière atmosphérique » qui a transporté l’humidité de l’océan Pacifique avant de la déverser sur la Colombie-Britannique sous forme de pluies torrentielles. L’air chaud peut transporter plus d’humidité et les océans chauds peuvent libérer plus d’humidité dans l’air, de sorte qu’à mesure que le climat se réchauffe, les rivières atmosphériques que nous connaissons au Canada devraient s’intensifier.
En effet, les précipitations intenses et les inondations catastrophiques alimentées par le changement climatique en Colombie-Britannique étaient à la fois prévisibles et prédites. Le Toronto Star, par exemple, a publié en 2019 un article détaillé sur les risques que les précipitations et les inondations liées au climat pourraient faire courir à la Colombie-Britannique. Un rapport de prédiction des effets du changement climatique dans la région métropolitaine de Vancouver datant de 2016 mettait en garde contre des « précipitations extrêmes plus fortes et plus fréquentes » et indiquait que « les augmentations les plus importantes [au niveau des précipitations] se produiront à l’automne ». Le rapport précisait également que « les événements de précipitations extrêmes pourraient dépasser la fréquence et l’intensité des événements auxquels nous sommes actuellement préparés. Si nos infrastructures actuelles devaient encaisser ce coup, nous pourrions nous attendre à des périodes d’inondation, à des dommages matériels et à des risques pour la santé humaine… Les précipitations extrêmes peuvent également affecter la stabilité des pentes, accroître l’érosion et le risque de glissement de terrain, et provoquer des inondations dans les zones basses. Cela peut causer des dommages aux biens personnels et aux infrastructures publiques. »
Le changement climatique a également aggravé les inondations en provoquant des incendies de forêt qui altèrent le sol et éliminent la végétation, rendant le paysage moins absorbant. Les mauvaises pratiques forestières, comme la coupe à blanc, ont également détruit les arbres anciens qui contribuent à absorber l’eau de pluie et à atténuer le risque d’inondation. L’industrie forestière et la province de la Colombie-Britannique ont dégradé des infrastructures vivantes essentielles qui auraient pu contribuer à réduire les inondations, et ont même été averties que c’était exactement ce qui allait arriver.
La dévastation de la Colombie-Britannique est un rappel déchirant que la crise climatique est une crise sanitaire, une crise économique et une crise humaine. Des vies ont été perdues et bouleversées, des maisons ont été détruites, et des communautés entières se retrouvent maintenant en ruines. La fermeture du port de Vancouver, où transitent quotidiennement 550 millions de dollars de marchandises, risque d’exacerber les perturbations de la chaîne d’approvisionnement engendrées par la pandémie et de faire grimper le prix des denrées au Canada et à l’échelle globale. Cela nous rappelle que la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique ne sont pas une question d’ « environnement contre l’économie », car l’environnement est en fait la base sur laquelle notre économie et nos vies sont construites.
Comment en est-on arrivé à cette terrible situation?
Il est vraiment important de se rappeler que les catastrophes climatiques n’ont rien d’accidentel. Les scientifiques parent des dangers liés au changement climatique depuis des décennies et, depuis tout aussi longtemps, des personnes tentent de mettre en place des politiques visant à réduire les émissions et à éviter la crise.
Mais l’industrie des combustibles fossiles a fait une utilisation constante et fort efficace de son énorme pouvoir politique pour bloquer, édulcorer et retarder des politiques climatiques raisonnables qui réduiraient les émissions, simplement car elle ne voulait pas vendre moins de produits. Ella a fait cela pendant des décennies, et elle le fait encore aujourd’hui.
L’industrie des combustibles fossiles a de nombreux alliés et complices qui se partagent la responsabilité des désastres climatiques dont nous sommes témoins. Des politiciens conservateurs comme Jason Kenney, Doug Ford et Stephen Harper ont utilisé leur pouvoir et leur influence pour s’en prendre à l’action climatique. Les gouvernements libéraux et néo-démocrates continuent d’envoyer des milliards de dollars en subventions et en aide publique à l’industrie pétrolière et gazière (le gouvernement Trudeau a même acheté un pipeline). Cette semaine encore, alors que la Colombie-Britannique est aux prises avec des inondations catastrophiques, des agents de la GRC ont été déployés sur le territoire Wet’suwet’en pour que la construction du pipeline Coastal GasLink puisse y aller de l’avant. Cette situation s’inscrit dans le cadre plus large de l’aspect colonial des combustibles fossiles qui est à l’origine de la crise climatique. Les grandes banques canadiennes – la RBC, la TD, la CIBC, la BMO et la Banque Scotia – ont versé des centaines de milliards de dollars à l’industrie des combustibles fossiles au cours des cinq dernières années, y compris au projet de pipeline Coastal GasLink, et ne montrent aucun signe de ralentissement. Et il y en a beaucoup d’autres.
Mais la bonne nouvelle est que l’industrie des combustibles fossiles est en train de reculer. Grâce au formidable activisme des défenseur·ses des terres autochtones, des jeunes personnes préoccupées par le climat et d’innombrables autres individus (dont peut-être vous!), la mainmise de l’industrie des combustibles fossiles sur nos politiques se relâche et nous voyons davantage d’actions climatiques de la part de nombreux niveaux de gouvernement.
Comme le montrent les événements en Colombie-Britannique, nous sommes toujours confrontés à une terrible crise climatique. Mais si nous pouvons continuer à développer notre mouvement, nous pouvons vaincre l’industrie des combustibles fossiles et enfin éliminer entièrement les émissions.
Ce que vous pouvez faire
Le moment est venu de se rassembler pour soutenir les communautés touchées par ces événements et exiger que des mesures soient prises pour mettre un terme à la pollution par les combustibles fossiles responsable de ces catastrophes.
« Nous ne voulons pas de pitié. Nous voulons de l’action. » – Patrick Mitchell, chef de la Première Nation de Kanaka Bar
Voici quelques actions que vous pouvez entreprendre :
- Soutenir les communautés touchées par ces événements : les communautés de la Colombie-Britannique ont besoin de notre soutien en ce moment. Donnez un coup de main là où vous le pouvez, faites des dons à des collectes de fonds pertinentes et assurez-vous que nos leaders écoutent les communautés concernées et répondent à leurs besoins.
- Rejoignez le mouvement : Signez notre pétition pour soutenir les défenseur·ses des terres Wet’suwet’en et demandez aux grandes banques – la RBC, la TD, la CIBC, la BMO et la Banque Scotia – d’arrêter de jeter de l’huile sur le feu et de commencer à respecter les droits des personnes autochtones.
- Devenez un·e activiste climatique : la crise climatique ne peut pas être résolue par une ou deux actions seulement, et c’est pourquoi nous devons tous intégrer l’action climatique dans notre mode de vie. Devenir un·e activiste climatique est le choix de mode de vie le plus important que vous puissiez faire pour mettre fin à la crise climatique. Chaque semaine, entreprenez une action politique en faveur du climat : partagez un article, appelez votre député·e ou faites du bénévolat pour une organisation environnementale. Plus vous le ferez, plus ce sera facile et plus votre impact sera grand.
La crise climatique va continuer à s’aggraver et les catastrophes comme celle qui se produit en Colombie-Britannique vont devenir plus fréquentes et plus intenses jusqu’à ce que nous éliminions progressivement l’industrie des combustibles fossiles qui est à l’origine de la crise climatique. Nous POUVONS vaincre l’industrie des combustibles fossiles, mais nous ne pouvons le faire que si nous agissons ensemble. Rejoignez-nous.