Dernière mise à jour: 17 décembre, 15h47.

À l’approche du pic de surconsommation des fêtes, un nouveau rapport de Greenpeace met en garde contre le recyclage : un mythe à déconstruire

MONTRÉAL/ AAMJIWNAANG —  Une nouvelle enquête de Greenpeace révèle que le Canada n’est pas en mesure de gérer la quantité de déchets plastiques générés annuellement au pays par les entreprises et l’industrie. Les conclusions du rapport démontrent que la nouvelle Approche proposée de gestion intégrée des produits de plastique du gouvernement fédéral, visant à atteindre l’objectif « zéro déchet de plastique d’ici 2030 », est vraisemblablement vouée à l’échec, laissant aux communautés la tâche de gérer les conséquences de la pollution plastique sur l’environnement et leur santé. 

Dans un contexte de temps de fêtes, synonyme d’une consommation accrue, et de pandémie, qui a vu l’utilisation de plastique à usage unique augmenter de façon drastique en 2020, le nouveau rapport de Greenpeace, Le recyclage du plastique: un mythe à déconstruire, démontre que le Canada n’est pas équipé pour recycler plus d’un cinquième de ses déchets plastiques. Pour en arriver à ces conclusions, Greenpeace a analysé la capacité des principales installations de recyclage au pays, et passé en revue les insuffisances des technologies actuelles de recyclage dites « avancées », ainsi que les investissements du gouvernement fédéral dans la production de plastique vierge. 

« Les plastiques ne disparaissent pas comme ça, les polluants ne feront que continuer à s’accumuler, tout comme la violence coloniale à Aamjiwnaang. Aamjiwnaang a été en première ligne de cette pollution, mais les plastiques ont maintenant un impact sur le monde entier», a déclaré Beze Gray, jeune activiste bispirituelle de la Première Nation Aamjiwnaang, une communauté directement touchée par la production pétrochimique et plastique dans la Chemical Valley à Sarnia, Ontario (pour plus d’information, voir l’avant-propos du rapport).

« On nous a fait croire au Père Noël en faisant miroiter aux Canadien·nes l’idée que le recyclage est une solution viable pour contrer la crise des plastiques. Pourtant, les conclusions du rapport sont sans appel : malgré une capacité de recyclage des plastiques dérisoire, le gouvernement continue sciemment de perpétuer le mythe du recyclage, tout en versant des millions de dollars de fonds publics aux industries pétrochimique et plastique afin qu’elles puissent continuer de produire et de polluer. En axant sa stratégie « zéro déchet » sur le recyclage, le gouvernement fédéral semble oublier que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas », a déclaré Agnès Le Rouzic, Chargée de campagne Océans et Plastique chez Greenpeace Canada.

Principaux résultats du rapport : 

  • L’approche fédérale actuelle n’est pas dotée des mesures nécessaires pour permettre au Canada d’atteindre l’objectif zéro déchet de plastique d’ici 2030. Pour atteindre ces objectifs ambitieux en matière de recyclage, l’Approche mise sur l’expansion rapide de technologies « avancées » de recyclage non éprouvées au cours de la prochaine décennie. En outre, l’Approche ne prévoit pas de mesures adéquates pour freiner la production de plastique vierge et se concentre sur le traitement des déchets; cette stratégie ne place pas le Canada sur la voie d’une économie véritablement circulaire.
  • Le Canada n’est en mesure de recycler qu’un cinquième de ses déchets plastiques. L’analyse de Greenpeace portant sur la capacité de recyclage des 32 plus grandes infrastructures de recyclage mécanique et chimique existantes au pays révèle que celle-ci ne sont, dans le meilleur des cas, capables de traiter que 17% des 3,2 millions de tonnes de déchets plastiques générés annuellement au Canada selon les dernières données disponibles (cf. Annexe 2 du rapport).
  • Même le modèle de responsabilité élargie des producteurs de la Colombie-Britannique, considéré comme l’un des meilleurs au pays, échoue à lutter contre la pollution plastique. Chaque année, la Colombie-Britannique continue d’envoyer plus de 50% de ses déchets plastiques à l’enfouissement. De la part restante de déchets envoyés vers les filières de recyclage, 30% est convertie en carburant.
  • Les investissements dans les technologies prétendument « avancées » de recyclage chimique ne sont pas la solution. Développer les infrastructures de recyclage chimique à l’échelle industrielle prendrait davantage d’années qu’il n’en reste au Canada pour respecter l’échéance zéro déchet de 2030. De plus, le recyclage chimique servant majoritairement à la transformation des déchets plastiques en carburant, cette technologie ne peut être considérée comme un procédé de recyclage selon Greenpeace puisqu’il s’agit d’une utilisation finale non circulaire.
  • Les gouvernements continuent de perpétuer le mythe du recyclage tout en versant des centaines de millions de dollars dans la production de plastique vierge. Selon le rapport de Greenpeace, au moins 334 millions de dollars de fonds publics (fédéraux et provinciaux) ont été versés aux producteurs de plastique vierge depuis 2017, et des millions supplémentaires ont été alloués à l’industrie du plastique depuis le début de la pandémie de covid-19.

« Le gouvernement fait fausse route et doit de toute urgence repenser sa stratégie au lieu d’enfoncer le Canada dans une crise de pollution plastique que ni lui ni l’industrie n’ont la capacité de gérer. Il doit mettre un frein aux subventions et à la production de nouveau plastique et mettre en place les conditions qui permettront l’émergence d’une véritable économie circulaire axée sur la réutilisation et sur des systèmes de recharge et de consigne, et ce, dès 2021 alors qu’un budget de relance post-covid juste et vert est attendu », a conclu Agnès Le Rouzic.

Le rapport de Greenpeace met en garde contre le fait que l’approche proposée par le gouvernement fédéral en matière de déchets plastiques et de pollution risque d’enfoncer davantage le Canada dans un système linéaire et dépendant des combustibles fossiles qui place les intérêts de l’industrie avant ceux des populations. Il souligne que l’accent mis sur l’amélioration du recyclage et la promotion du plastique comme pilier économique ne répond pas aux principes de base de la hiérarchie zéro déchet, d’une économie véritablement circulaire et de la justice environnementale. Greenpeace demande au gouvernement fédéral de renforcer sa nouvelle approche en investissant dans le développement et la mise à l’échelle de modèles axés sur le réutilisable, les systèmes de recharge et de consigne. En outre, il doit apporter son soutien aux solutions pilotées par les communautés, notamment autochtones, qui subissent en première ligne les conséquences de la pollution pétrochimique et plastique. 

Note aux éditeurs:

Note d’information (en français)

Rapport de Greenpeace Canada Plastic Recycling: That’s Not A Thing. How the federal government’s proposed approach to plastic waste leaves the public holding the bag on industry pollution (en anglais seulement). Voir Annexe 1 pour la méthodologie détaillée. 

Greenpeace a soumis une version de ce rapport dans le cadre de la consultation publique du gouvernement fédéral sur la gestion des déchets plastiques, le 9 décembre.  

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Pour plus d’information, veuillez contacter:

Laura Bergamo, Greenpeace Canada

[email protected] ; +1 438 928-5237

Pour entrer en contact avec Beze Gray: [email protected] ou (519) 312-3096.