Le terme « économie circulaire » est devenu un mot très tendance. On le voit de plus en plus apparaître dans les rapports gouvernementaux, lors de conférences rassemblant les grands industriels de la filière plastique ainsi que sur les sites Web de grandes marques bien connues. Mais l’économie circulaire est bien plus qu’un simple mot à la mode.

Boucler la boucle

Le concept de « boucle fermée », ou d’économies circulaires, existe depuis les années 1970, mais il s’est popularisé ces dernières années en raison de la reconnaissance croissante des impacts néfastes de notre économie linéaire actuelle basée sur le principe du « produire-consommer-jeter ». Loin d’être durable, ce modèle linéaire perpétue l’extraction de nouvelles ressources naturelles précieuses que nous transformons en déchets. Ce système n’a aucun sens sur le plan environnemental ou économique.

Illustration : Sébastien Thibault

À l’opposé, et dans sa forme idéale, l’économie circulaire offre des bénéfices et des retombées positives, car elle favorise l’économie locale et les circuits courts, tout en réduisant drastiquement la pollution due à la production, au transport et à l’élimination des déchets. Le modèle en boucle fermée ou circulaire est :

  • respectueux des limites de la nature car il optimise l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un produit ou d’un service;
  • compatible avec l’objectif zéro déchet à travers la réutilisation, la consigne, l’économie de partage, la location, la réparation et la revalorisation de matériaux;
  • source d’innovation en nous amenant à repenser l’empreinte environnementale de chaque produit et service;
  • économiquement viable sur le plan local en favorisant l’essor de solutions et de modèle d’affaires à faible impact en carbone.

Par où commencer?

Pour transformer le modèle actuel, nous devons commencer par prendre conscience des impacts néfastes des modèles commerciaux dominants et des schémas de pensées qui nous ont mené à faire fausse route. La culture du jetable a été vantée depuis les années 1950 pour sa praticité. Mais dans les faits, cette soi-disant praticité repose sur un lourd modèle extractif et générateur de gaspillage et de déchets qui a créé les multiples crises de pollution que nous connaissons aujourd’hui.

Nous devons repenser et reconceptualiser nos modèles de distribution en ayant comme objectif l’optimisation des ressources disponibles et l’atteinte d’une faible empreinte carbone. En créant les conditions nécessaires à l’adoption de nouvelles habitudes de consommation responsable, nous serons en mesure de changer les mentalités et d’offrir des solutions durables qui profitent à toutes et tous, ainsi qu’à la planète.

Ce n’est pas une mince tâche, mais elle est tout à fait réalisable si nous commençons par éliminer progressivement les béquilles qui permettent encore au modèle actuel de fonctionner, comme par exemple les multiples subventions aux secteurs pétrochimiques et pétro-gaziers.

Le paradoxe du jetable dans une économie circulaire

Dans sa volonté de s’attaquer à la pollution plastique, le gouvernement canadien utilise de plus en plus les termes « économie circulaire » et « zéro déchet ». Mais malheureusement, les acteurs de l’industrie pétrochimique et plastique s’en sont vite emparés pour tourner la signification de ces termes à leur avantage, créant ainsi une confusion et diluant le concept pour nous convaincre que nous pouvons tout avoir : continuer de créer toujours plus de produits jetables, mais le faire dans une optique d’économie circulaire grâce au recyclage qui fait disparaître les déchets plastiques comme par magie.

Il n’est en rien. Jusqu’à présent, le Canada n’a réussi qu’à recycler 9% de ses déchets plastiques. Et les solutions proposées par l’industrie, comme des emballages 100% recyclables, biodégradables ou compostables ne répondent aucunement aux principes fondateurs d’une économie circulaire, comme le fait de limiter l’extraction de ressources.

En bref, les plastiques à usage unique sont incompatibles avec une véritable économie circulaire. Ils sont le symbole de tout ce que nous devons abandonner : la culture du jetable, la dépendance aux combustibles fossiles, ou encore les impacts sociaux négatifs disproportionnés sur les populations vivant aux abords des sites de production et de gestion des déchets. En outre, ils représentent une menace pour la biodiversité et la santé de la planète et du vivant.

Maintenir la pression 

Les autorités fédérales ont déclaré qu’elles retarderaient l’interdiction des plastiques à usage unique promise pour 2021. En choisissant de voir le bon côté des choses, nous pouvons voir ce délai supplémentaire comme une occasion de faire comprendre clairement au gouvernement que nous attendons des mesures fortes pour contrer la pollution plastique. Nous ne pouvons pas nous contenter d’une approche fragmentaire qui ne ciblerait que quelques articles jetables, comme les sacs ou les pailles. 

La prochaine étape pour le gouvernement consiste à dresser une liste exhaustive des plastiques problématiques devant faire l’objet d’une interdiction. Et c’est le moment de passer à l’action collectivement. Soutenez cette demande en posant une ou plusieurs de nos 5 actions pour un #FuturSansPlastique :

En plus des nombreux messages sur Twitter, Facebook et Instagram, déjà plus de 12 000 personnes ont envoyé un courriel aux ministres fédéraux leur demandant d’appuyer l’interdiction des plastiques à usage unique problématiques et d’orienter les décisions vers une vision plus circulaire.

Les grands fabricants nous parlent du besoin de se procurer tel ou tel produit à obsolescence programmée, et de celui de vivre un mode de vie qui repose sur la culture du jetable. Au niveau individuel, nous pouvons nous libérer de ces nombreux appels à la consommation, et commencer à encourager une économie locale, circulaire et à taille humaine qui fait la part belle au réutilisable. Ensemble nous pouvons reconstruire en mieux!