Une grande partie du plastique que nous jetons « à la poubelle » finit dans les océans. Le navire Arctic Sunrise se trouve actuellement dans le grand vortex de déchets de l’océan Pacifique dans le but d’identifier et de documenter cette pollution.

Partout dans le monde, de nombreuses personnes s’emploient à lutter contre la pollution plastique. En effectuant des nettoyages et des audits de déchets et de marques; en interpellant les grands fabricants et en faisant pression sur les gouvernements pour réclamer des mesures visant à réduire la production de plastique à usage unique. Par leur action, toutes ces personnes participent à promouvoir des solutions et une alternative au jetable.

Malgré tout, une grande partie de déchets plastiques se trouvent déjà dans les océans. Greenpeace a donc décidé de faire cap vers le plus grand vortex de déchets océaniques afin de documenter cette pollution.  

L'Arctic Sunrise dans le greand vortex de déchets océaniques du Pacifique nord. © Rémy Huberdeau / Greenpeace

L’Arctic Sunrise se trouve dans le grand vortex du Pacifique Nord pour documenter la pollution plastique et les déchets océaniques capturés par les courants. Le grand vortex du Pacifique Nord s’etend maintenant sur une surface équivalente à deux fois la taille du Texas.  © Rémy Huberdeau / Greenpeace

La production d’emballages jetables est un facteur important dans cette pollution. Et qu’il s’agisse des grandes compagnies ou des gouvernements, le message est le même depuis des décennies : pour éviter la pollution plastique, il est de la responsabilité du consommateur de recycler plus. Ils nous font croire qu’en organisant des nettoyages et en choisissant le bon bac, cette crise sera réglée. Or, rien n’est plus utopique que de penser qu’en continuant à produire en masse des emballages plastiques à usage unique, nous allons avoir un quelconque impact sur la pollution océanique générée par la culture du tout-jetable.

« Le plastique ne disparaît jamais vraiment. »

 

Sous l’action du vent, du soleil et de l’océan, les différents types de plastique se décomposent en microplastiques que les animaux marins confondent ensuite pour de la nourriture. C’est de cette façon que des molécules toxiques et des microplastiques remontent ensuite la chaîne alimentaire jusqu’à nous à travers la nourriture que nous consommons.

On a retrouvé du plastique dans la fosse des Mariannes, le point le plus profond de l’océan, ainsi qu’en Antarctique et en Arctique. Nous savons aujourd’hui que les plastiques sont prédisposés à se retrouver dans les gyres océaniques en raison des courants tourbillonnants. Le vortex de déchets dans le gyre du Pacifique nord est le plus connu et le mieux étudié en matière de zone d’accumulation de plastique et de débris marins en haute mer. Mais contrairement à la croyance populaire, il ne s’agit pas d’une île de déchets plastiques flottant à la surface, mais plutôt d’une soupe visqueuse de microplastiques s’enfonçant dans les profondeurs.

Bien sûr, des efforts ont été faits par les organisations, les institutions et les communautés afin d’assurer l’efficacité de la collecte des déchets mais malheureusement, l’afflux des déchets dans l’océan est trop important, en particulier dans les pays émergeants ne disposant pas de systèmes de collecte adéquats. Nous pensons que les compagnies ont un rôle à jouer pour réduire cette pollution à la source. Mais pour l’instant, elles préfèrent plutôt jouer dans le registre philanthropique en sponsorisant les opérations nettoyages et en axant leur discours sur la fin de vie de leur produit, soit le recyclage.

Plastic Found in the Great Pacific Garbage Patch. © Justin Hofman

Un plongeur de Greenpeace tient une bouteille de Coca-Cola trouvée lors d’une plongée dans le vortex de déchets du Pacifique nord. Il interpelle la marque à l’aide d’une bannière sur laquelle on peut lire « Coca-Cola, est-ce à vous? ».

Avec cette mission, l’équipage de l’Arctic Sunrise entend démontrer la grande part de responsabilité des entreprises productrices d’emballages que sont les géants de l’agroalimentaire et des boissons, comme Coca-Cola, PepsiCo, Unilever ou Procter & Gamble dont les sachets, bouteilles et autres plastiques se retrouvent dans le fameux gyre.

Les membres d’équipage et l’équipe scientifique à bord espèrent pouvoir documenter et identifier la quantité et les types de microplastiques présents dans le vortex. Ils étudieront le parcours océanique des déchets en plus de capturer des images sous-marines d’une accumulation de déchets si vaste que sa surface équivaut à deux fois la taille du Texas.

Pacific Ocean Plastics Collected and Audited on MY Arctic Sunrise. © Justin Hofman

Échantillons de microplastiques collectés à la surface du grand vortex de déchets océaniques du Pacifique nord. Une pièce de monnaie de 25 cents est posée sur la grille de 5×5 mm pour une mise à l’échelle.

Chaque année, près de 12,7 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées dans les océans, soit l’équivalent d’un camion à ordure chaque minute.

« Vouloir agir sans s’attaquer à la source du problème revient à éponger une baignoire débordante sans éteindre le robinet au préalable. »

 

Il est clair que des changements doivent être apportés dans la manière dont les grandes entreprises distribuent leurs produits. Nous les invitons à collaborer dans la recherche et la mise en place de solutions et d’une alternative au jetable. C’est l’avenir des océans, des espèces marines et notre santé qui sont en jeu.