Luxembourg, 25 septembre 2025 – Une nouvelle étude publiée par Greenpeace Brésil révèle la présence de viande de bœuf issue d’élevages illégaux au sein de la chaîne d’approvisionnement de JBS, géant brésilien de l’agroalimentaire. Selon l’enquête, les bovins sont élevés frauduleusement sur des territoires autochtones protégés dans la forêt Amazonienne.

L’homme d’affaires brésilien Mauro Fernando Schaedler aurait vendu des bovins élevés illégalement dans une région autochtones de l’Amazonie. Les animaux ont été transférés vers une autre ferme, qui a fourni, durant la même période, deux abattoirs de JBS autorisés à exporter en dehors du Brésil, notamment vers l’Union européenne, le Royaume-Uni, la Chine et le Japon. [1]
Des liens persistent également entre les violations des droits des peuples autochtones et la chaîne d’approvisionnement de JBS, en dépit des engagements pris par l’industrie (y compris JBS elle-même) dans le but d’assurer la traçabilité de l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement, et malgré les promesses des responsables politiques du monde entier de mettre fin à la déforestation et d’inverser la tendance de destruction.
« Le plus grand groupe au monde du marché de la viande, JBS, s’est engagé depuis des décennies à bannir la déforestation et les violations des droits humains de sa chaîne d’approvisionnement. Ces nouvelles révélations montrent une fois de plus que la multinationale n’est pas en mesure ou n’a pas la volonté de tenir ses promesses », déplore Martina Holbach, chargée de campagne chez Greenpeace Luxembourg.
Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE se prononceront au cours des prochaines semaines sur l’approbation ou non du volet commercial de l’accord UE-Mercosur. Cet accord de l’UE avec plusieurs pays d’Amérique latine va notamment stimuler le commerce de la viande entre l’UE et le Brésil. Des entreprises comme JBS en profiteront au détriment de l’Amazonie et des personnes qui y vivent : selon plusieurs rapports, l’accord permettrait à JBS de réaliser jusqu’à 1,7 milliard d’euros de bénéfices supplémentaires avant impôts.
Début septembre, des représentant·es des communautés autochtones du Brésil (APIB) étaient présent·es au Luxembourg sur invitation de Greenpeace Luxembourg. Lors des entretiens avec plusieurs élu·es, ils et elles ont témoigné avec beaucoup d’émotion de l’impact direct sur leur vie quotidienne des décisions prises à Bruxelles ou à Luxembourg.
« L’accord UE-Mercosur entraînera sans aucun doute une augmentation de la production de bœuf, de soja et d’autres produits agricoles. Les conséquences seront l’aggravation de la destruction non seulement de la forêt amazonienne mais aussi d’autres biomes, ainsi que de plus en plus de violations des droits humains », prévient Martina Holbach. « Malgré cela, le gouvernement luxembourgeois veut approuver l’accord UE-Mercosur, alors que le texte actuel ne contient pas de dispositions suffisantes pour la protection du climat, de la biodiversité ou des communautés autochtones et qu’il sape le règlement européen sur la déforestation. Greenpeace demande au gouvernement, dans le cadre d’une politique cohérente de protection des forêts, de rejeter le présent accord UE-Mercosur ainsi que la proposition de la Commission européenne visant à reporter d’une année supplémentaire l’entrée en vigueur du règlement européen sur la déforestation. »
Notes
[1] En 2023, la Fazenda Três Coqueiros II, une ferme appartenant à Schaedler et située près de la zone protégée du peuple autochtones Naruvôtu, s’est vue infliger une amende et une interdiction partielle de vente par l’autorité environnementale brésilienne IBAMA, car des bovins y étaient élevés sans autorisation. Schaedler aurait toutefois contourné cette interdiction en transférant des bovins vers une autre ferme (Fazenda Itapirana), d’où ils étaient vendus à des abattoirs. Ces abattoirs exportent la viande entre autres vers le Japon, Hong Kong, l’Argentine et l’UE. Greenpeace Brésil fait état de plusieurs violations de l’environnement et d’enquêtes en cours sur Schaedler et sur les liens éventuels du groupe de viande JBS avec le commerce illégal de bovins en Amazonie.