La 16e Convention des Nations unies sur la diversité biologique, plus connue sous le nom de COP16, s’est clôturée à Cali, en Colombie. Après avoir conclu quelques accords clés, les négociations finales ont été suspendues dans les dernières minutes, pour être reprises à une date ultérieure. Les négociations sur la biodiversité ont duré à peine deux heures après le lever du soleil – une heure de fin tout à fait raisonnable dans ce genre de processus – et ont permis de répondre à certaines questions importantes, mais ont laissé en suspens le principal problème de la question du financement.
Tout d’abord, les bonnes nouvelles
La COP16 a enfin vu la création d’un nouvel organisme dédié aux droits, aux rôles, aux territoires et aux connaissances des peuples autochtones. La création de cet organisme subsidiaire consacré aux peuples autochtones comme entité participant aux futurs pourparlers sur la biodiversité au sein des Nations unies est une reconnaissance des peuples qui, depuis des décennies, coexistent avec la biodiversité, l’ont gérée et l’ont enrichie grâce à leurs savoirs traditionnels. Lorsque la création de cet organisme a été officiellement approuvée lors de la dernière séance plénière, la salle a chaleureusement applaudi.
En ce qui concerne la protection des océans, les gouvernements ont finalement établi une approche standardisée pour identifier les zones maritimes à haute valeur écologique. Ainsi, la COP16 a contribué à ouvrir la voie à la ratification du traité mondial sur les océans d’ici à juin 2025. En outre, l’interconnexion entre la biodiversité et l’action climatique a été reconnue, ce qui a permis d’ouvrir la voie à la protection des écosystèmes qui assurent la subsistance des populations et de la planète.
En dépit d’un lobbying intense et d’un grand nombre de représentant·es des multinationales pharmaceutiques et agro-industrielles, mais sous la pression d’une société civile tout aussi déterminée, les lobbyistes des entreprises n’ont pas réussi à bloquer un accord qui change la donne sur la responsabilité des entreprises à payer pour la protection de la nature, limitant ainsi leur capacité à continuer à profiter gratuitement de la nature. Cela signifie que les entreprises qui exploitent les ressources naturelles pour fabriquer des produits cosmétiques, des cultures de semences génétiquement modifiées et des recherches scientifiques, pour n’en citer que quelques-unes, et qui en tirent des milliards de profit, devront payer pour protéger cette même nature sur laquelle elles s’appuient pour gagner de l’argent.
La moins bonne nouvelle
Bien que les gouvernements présents à Cali aient partagé des plans pour le futur fonds de financement, ils n’ont pas réussi à mobiliser le financement réel au cours de ce cycle de négociations. Alors que le besoin de protection de la biodiversité devient chaque jour plus urgent, et malgré les promesses des pays du Nord de payer ce qu’ils ont à payer, le financement de la biodiversité reste bloqué en l’absence de promesses de financement crédibles de la part des gouvernements riches. Notre nature est en crise, et les populations de toute la planète en subissent déjà les conséquences. Pourtant, les pays du Nord continuent de faire passer l’argent avant la vie sur notre planète.
Quelle est la prochaine étape pour la protection de la biodiversité ?
Il est clair que le financement public des gouvernements riches doit être assuré dès que possible. La manière d’y parvenir reste un défi pour les gouvernements nationaux, lors de la prochaine COP sur la biodiversité, en particulier pour ceux qui se réuniront à Bakou, en Azerbaïdjan, la semaine prochaine, lors de la COP29 des Nations unies sur le climat.
La COP17 se réunira en 2026, en Arménie, où les gouvernements devront évaluer s’ils ont agi assez vite et s’appuyer sur le travail accompli en Colombie. Jusque là, nous maintiendrons la pression.