COP Océan, sanctuaires océaniques, protection des écosystèmes marins, la lutte contre le changement climatique : tout comprendre sur ce traité historique.
L’Accord des Nations Unies sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales (BBNJ), aussi connu sous le nom de Traité sur la haute mer ou Traité mondial de l’océan – est le premier accord juridiquement contraignant dédié à la préservation de la vie marine en eaux internationales. Négocié depuis 2018 et adopté en 2023, il vient de franchir le seuil de ratifications nécessaire à son entrée en vigueur. Cet accord historique devient ainsi un outil central pour la protection des océans, essentiels à la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique.
Qu’est ce que la haute mer ?
La haute mer commence au-delà de 200 milles marins des côtes (environ 370 km) : située hors des juridictions nationales et de leurs zones économiques exclusives (ZEE), elle n’appartient à aucun État. Elle représente 61 % des océans de la planète et 73 % de leur volume. Dans ces espaces, tous les États peuvent pêcher, naviguer et mener des recherches.
La haute mer abrite des millions d’espèces et d’écosystèmes, et joue un rôle crucial dans de nombreuses fonctions essentielles qui soutiennent la vie sur notre planète bleue. Puisque tous les pays ont le droit d’exploiter les ressources de la haute mer, la vie marine y est particulièrement vulnérable à la pollution et une exploitation non contrôlée. Aujourd’hui, moins de 1% de la Haute Mer fait l’objet d’une protection.[1]

L’importance du Traité mondial de l’océan
Ce traité constitue un instrument crucial pour atteindre l’objectif de protéger au moins 30 % de la haute mer d’ici 2030, conformément à la cible 30×30 du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal (CMB), adopté par tous les pays dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en décembre 2022.
1. Protéger la biodiversité marine et renforcer les écosystèmes océaniques
L’entrée en vigueur du Traité sur la haute mer permettra la création d’aires marines protégées ou de sanctuaires océaniques – zones hautement ou entièrement protégées contre les activités destructrices. Partout où nos océans sont correctement protégés, nous observons plus d’animaux, des animaux plus grands, une plus grande diversité et des bénéfices qui débordent au-delà des limites des sanctuaires. De nombreuses espèces marines souffrent des impacts du dérèglement climatique, de la pollution et de la surpêche. Les sanctuaires océaniques offrent un répit et renforcent la résilience de la faune et des écosystèmes, leur permettant de se rétablir.
2. Atténuer les impacts du changement climatique
Le Traité sur la Haute Mer contribuera à l’atténuation du changement climatique. La mise en place d’aires marines protégées préservera non seulement la biodiversité en eaux profondes, mais elle permettra aussi à des puits de carbone naturels – tels que les baleines, le plancton ou les algues – de fonctionner plus efficacement. Ces organismes absorbent et stockent le dioxyde de carbone issu des activités humaines terrestres, réduisant ainsi les effets du changement climatique et limitant l’acidification des océans en surface.
3. Renforcer la coopération internationale autour des océans
Le Traité mondial pour l’océan, désormais juridiquement contraignant, s’applique à toutes les activités en haute mer, même pour les États qui ne l’ont pas encore ratifié. Il crée un cadre multilatéral durable pour la protection des océans et ouvre la voie à la toute première COP de l’océan. Comme pour les COP climat, les États pourront coordonner leurs actions, négocier des mesures de protection, et renforcer la coopération internationale pour préserver la biodiversité marine et lutter contre la surpêche. Les États qui ratifient le traité pourront établir de nouveaux sanctuaires océaniques, et plus le nombre de ratifications sera élevé, plus le traité sera efficace.
4. Lutter contre la surpêche et garantir un accès équitable aux ressources marines
Les sanctuaires océaniques offriront des refuges sûrs aux populations de poissons, leur permettant de se reconstituer. Ces populations, en se régénérant, migreront vers les eaux adjacentes, renforçant ainsi la productivité des pêcheries avoisinantes. Ces mesures permettront aussi de mieux contrôler la pollution marine et de faire appliquer les réglementations sur la pêche, afin de préserver les habitats vitaux pour les grandes espèces marines.
Le traité favorisera aussi une utilisation durable de la biodiversité marine au-delà des zones économiques exclusives (ZEE), et imposera aux États et entreprises exploitant des ressources génétiques marines de partager leurs découvertes dans l’intérêt commun. Grâce à des cadres réglementaires consolidés, il garantit un partage juste et équitable des bénéfices issus de l’exploitation des ressources génétiques marines.
Une victoire tant attendue
Il aura fallu près de 20 ans de discussions et 5 années de négociations pour que le Traité mondial pour l’océan soit adopté sous sa forme actuelle par les États membres des Nations Unies en mars 2023.
Le seuil de 60 ratifications ayant été atteint, le Traité mondial pour l’océan pourra désormais entrer en vigueur dans 120 jours. Il deviendra juridiquement contraignant et ouvrira la voie à la toute première COP de l’océan en 2026. Atteindre le seuil minimum de ratifications constitue une étape majeure vers la création des tout premiers sanctuaires marins prévus par le Traité.
Greenpeace est impliqué depuis le tout début des discussions autour du Traité et restera observatrice officielle lors des COP océans. Nous menons des campagnes dans le monde entier pour inciter les gouvernements à maintenir des ambitions élevées et à rejoindre le traité dans les plus brefs délais. Greenpeace poursuivra également ses activités en haute mer, avec ses navires, afin de renforcer les arguments scientifiques et politiques en faveur de la création des premiers sanctuaires océaniques prévus par le Traité.

Greenpeace Luxembourg : engagée pour nos océans
Le Luxembourg a contribué à cette avancée majeure en déposant sa ratification le 29 juillet 2025. Nos océans produisent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons, régulent le climat et nourrissent des milliards de personnes. Ils constituent un bien commun de l’humanité, qui doit être protégé par tous les pays, même ceux ne disposant pas de façade maritime.
À la Conférence des Nations Unies pour l’Océan à Nice en juin 2025, Greenpeace Luxembourg a eu l’opportunité de soutenir cette avancée. En tant qu’observatrice accréditée, nous avons suivi les débats et engagé un plaidoyer stratégique auprès du Luxembourg pour qu’il agisse avec ambition en ratifiant le Traité à la suite de la conférence.
Pour permettre la protection de 30% des océans d’ici 2030, Greenpeace appelle le Luxembourg à poursuivre son engagement en faveur de l’océan en participant dès à présent à l’élaboration de nouveaux sanctuaires en haute mer. Cela permettrait de garantir une action immédiate de la communauté internationale et de donner à la première COP l’élan nécessaire pour protéger effectivement nos océans.

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[1] D’après les calculs de Greenpeace, établis à partir des données de l’Atlas de la protection marine.