Bruxelles/Luxembourg, 7 décembre 2021 – Ce matin, à Bruxelles, des activistes de Greenpeace Belgique ont installé un dinosaure géant devant le siège de la Commission européenne et du Conseil européen afin de protester contre l’éventuelle inclusion du gaz fossile et de l’énergie nucléaire dans la Taxonomie européenne, soit les lignes directrices de l’UE pour les investissements durables. 

Le « Taxonosaure » mesure quatre mètres de haut et est fait de ferraille sur laquelle ont été peints des symboles d’avertissement radioactifs ainsi que des flammes de gaz bleues. Il symbolise l’alerte des associations environnementales qui dénoncent le greenwashing du gaz fossile et de l’énergie nucléaire. Les activistes ont brandi devant le Taxonosaure des banderoles indiquant « LET GAS AND NUCLEAR GO EXTINCT » (“Laissons le gaz et le nucléaire disparaître”) et « STOP FAKE GREEN » (“Stop au faux vert”).

« Soutenir l’industrie nucléaire en gardant le gaz fossile risque de saboter la transition énergétique européenne en mettant ces deux énergies polluantes au même niveau que les énergies renouvelables. Le nucléaire et le gaz ne sont pas verts. Le gaz, tout comme le charbon, contribue directement au dérèglement climatique, tandis qu’après soixante-dix ans, l’industrie nucléaire n’a toujours pas de solution pour le stockage définitif de ses déchets radioactifs. La Commission européenne devrait exclure totalement ces technologies des lignes directrices de l’UE en matière d’investissement durable, notamment pour préserver sa crédibilité et renforcer le marché financier de l’UE », précise Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace Luxembourg.

L’intention de la Commission européenne d’inclure le gaz fossile, l’énergie nucléaire et l’élevage intensif dans la taxonomie ont tous fait l’objet de sévères critiques, notamment de la part des gouvernements nationaux, des gestionnaires d’actifs, des organes des Nations unies, des groupes environnementaux et même du propre groupe d’expert·es techniques de la Commission, qui a rédigé les recommandations initiales sur la taxonomie. Mais un groupe de pays pro-gaz et pro-nucléaire, dirigé par la France, semble avoir convaincu la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, d’inclure ces deux énergies dans la taxonomie.

Une proposition doit être publiée par la Commission européenne au plus tard ce mois-ci, et peut-être même dès demain, le 8 décembre. 

La Commission proposera sans doute des critères qui permettront de qualifier de « respectueuses de l’environnement » certaines activités liées au nucléaire et aux gaz fossiles. Les gouvernements nationaux ainsi que le Parlement européen disposent généralement de quatre mois pour s’opposer à la proposition de la Commission, faute de quoi elle sera adoptée.  

Toutefois, si une majorité des pays de l’UE souhaite inclure le nucléaire dans la taxonomie européenne,  le Luxembourg s’y oppose – puisque cette intégration n’est pas, selon lui, compatible avec la base juridique du règlement sur la Taxonomie. Le Grand-Duché fait partie d’une alliance de cinq pays, avec l’Autriche, le Danemark, le Portugal et l’Allemagne, qui veut empêcher l’inclusion du nucléaire dans le cadre des investissements durables de l’UE. Cette alliance a été formée lors du sommet sur le climat COP26 à Glasgow.

La première série d’actes délégués de la Taxonomie, qui comprend l’abattage et le brûlage d’arbres et de cultures à des fins énergétiques ainsi que l’utilisation de voitures hybrides qui dépendent du diesel et de l’essence, entrera en vigueur le 8 décembre.