Luxembourg, 14 novembre 2024 – Le Parlement européen, sous l’impulsion du Parti Populaire Européen (PPE), vient non seulement d’approuver le report de l’application du règlement contre la déforestation mais aussi de voter des amendements qui en modifient la substance. Greenpeace Luxembourg s’alarme de cette décision, qui ouvre la voie à une année supplémentaire de destruction des forêts.

Sur proposition de la Commission européenne, les eurodéputé·es ont donc acté le report d’un an de la mise en application de ce règlement (RDUE), qui vise à limiter l’impact de la consommation européenne sur les forêts du monde entier [1]. De plus, dans un scrutin très serré, ils ont aussi voté en faveur de certains amendements proposés par le PPE, affaiblissant ainsi le règlement [2]. Début de semaine, Greenpeace Luxembourg a appelé les parlementaires européens du Luxembourg à rejeter tous ces amendements ainsi que la proposition initiale de la Commission de différer l’application de la loi [3].

« En ouvrant cette procédure législative, l’UE a fait preuve d’un renoncement coupable, aux impacts terribles sur le plan environnemental, social mais aussi démocratique puisque l’UE cède face aux intérêts économiques de ceux qui détruisent la nature et mettent en péril notre avenir », dénonce Martina Holbach, chargée de campagne à Greenpeace Luxembourg. «  Elle a ouvert la porte à une modification en profondeur du texte, actée par le Parlement qui vient d’en modifier la substance. »

Greenpeace appelle la Commission européenne à retirer sa proposition, qui a été modifiée bien au-delà de sa proposition initiale, à savoir un report d’un an. En effet, les amendements du PPE entrent en conflit avec le message clair de la Commission quand elle a lancé cette procédure législative : le RDUE ne devait pas être remis en question, et cela ne devait pas aboutir à des changements substantiels. Il en va non seulement de la crédibilité des politiques publiques de l’UE, mais aussi et surtout de l’avenir de la planète.

« Si l’UE persiste dans cette procédure législative, elle enverra un signal très négatif à la communauté internationale quant à la crédibilité de sa politique environnementale », s’alarme Martina Holbach. « La Commission est coupable d’avoir tardé à fournir les outils nécessaires à l’application du règlement et surtout d’avoir ouvert cette procédure législative. Le PPE s’est empressé de détricoter la réglementation : les mots manquent pour qualifier une telle manœuvre politique qui n’est rien d’autre qu’un sacrifice de notre futur au profit de quelques intérêts économiques privés. Nous ne parviendrons jamais à résoudre la crise climatique si nous ne mettons pas un terme à la déforestation. »


Notes :

[1] Voir Deforestation law: the dismantling of the EU Green Deal has begun, but it can be stopped, communiqué de presse de l’unité européenne de Greenpeace, 14 novembre 2024.

[2] Les amendements 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10 et 11 ont été votés. Voir l’intégralité des amendements proposés par le PPE.

[3] Greenpeace Luxembourg regrette que les député·es luxembourgeois·es Fernand Kartheiser, Isabel Wiseler-Lima et Charles Goerens aient voté en faveur de la proposition de la Commission européenne visant à ce que le règlement n’entre en vigueur que fin 2025, avec un an de retard. En ce qui concerne les amendements présentés par le PPE, seul Fernand Kartheiser a voté pour tous les amendements, tandis que les député·es Tilly Metz, Marc Angel, Isabel Wiseler-Lima et Charles Goerens ont voté contre.