Luxembourg, le 24 juillet 2025 Ce jeudi 24 juillet 2025, l’humanité aura consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète peut régénérer en un an. En à peine sept mois, elle a épuisé son budget écologique annuel et vit désormais à crédit sur le capital naturel de la Terre. Ceci signifie que la consommation humaine moyenne requiert 80% de ressources en plus que ce que la planète ne peut régénérer annuellement – ce qui équivaut à 1,8 planète. Ce constat préoccupant est établi par le Global Footprint Network et l’Université York à partir des dernières données sur l’empreinte écologique mondiale et la capacité des écosystèmes à se régénérer.

Le Jour du dépassement mondial arrive de plus en plus tôt d’année en année, battant un malheureux record en 2025 en survenant avec huit jours d’avance par rapport à 2024. Cette évolution est liée à une augmentation de la consommation moyenne de ressources et à une diminution de la capacité de la nature à se régénérer. Par ailleurs, dû au changement climatique qui engendre notamment le réchauffement et l’acidification des océans, ceux-ci absorbent moins bien le carbone. Les chercheur·euses ont donc dû revoir leurs méthodes de calcul, ce qui a réduit de 7 jours le Jour du Dépassement Global. À cela s’ajoutent une légère hausse de l’empreinte écologique moyenne par personne et une diminution des capacités de régénération des écosystèmes, aggravant encore ce sombre bilan.

Si cette date est terriblement préoccupante à l’échelle internationale, elle l’est encore plus pour le Luxembourg. En effet, le pays a franchi son propre Jour du dépassement dès le 17 février 2025, se classant ainsi au deuxième rang mondial des pays les plus consommateurs de ressources par habitant·e, juste derrière le Qatar. Si toute l’humanité consommait comme la moyenne des résident·es luxembourgeois·es, il faudrait près de 7 planètes pour répondre aux besoins. Entre les empreintes des pays, les différences sont énormes. Ainsi, un pays comme l’Uruguay parvient à avoir une consommation presque soutenable, avec un Jour du dépassement le 17 décembre, et de nombreux pays du Sud global ne consomment même pas leur part des ressources disponibles. Il existe également de nombreuses inégalités à l’intérieur même de chaque État. C’est donc aux pays et aux populations qui consomment le plus de ressources de s’investir le plus pour aboutir à une consommation durable.

Le Luxembourg s’est pourtant engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 (par rapport à 2005) et à atteindre la neutralité climatique en 2050. Malheureusement, non seulement ces objectifs sont insuffisants pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C, mais en plus,  ils restent encore loin d’être atteints. Une part significative de la stratégie repose notamment sur l’utilisation des technologies encore largement expérimentales, coûteuses et énergivores, dont l’efficacité à grande échelle n’est aujourd’hui pas garantie, comme le captage et de stockage du carbone. Par ailleurs, les émissions du Luxembourg ne prennent pas en compte les importations, pourtant conséquentes, ainsi que les vols internationaux. Depuis le début des années 1970, le monde vit en dépassement écologique. Chaque année, le déficit s’aggrave et la dette écologique globale atteint désormais l’équivalent de 22 années de productivité biologique de la planète. Cette situation contribue à la déforestation, à la perte de biodiversité, à l’érosion des sols et au dérèglement climatique, qui se traduit par des événements météorologiques extrêmes et une insécurité alimentaire croissante.

Des solutions existent pourtant. Réduire de moitié les émissions mondiales de CO₂ issues des énergies fossiles permettrait de reculer le Jour du dépassement de trois mois. Les leviers sont dans les domaines de l’alimentation, des transports, de l’aménagement urbain et du renforcement des écosystèmes. Le Luxembourg dispose des moyens financiers et techniques pour agir sur son territoire et réduire son impact environnemental à l’international de manière juste, mais doit en faire une priorité politique et économique immédiate.

Magali Paulus, co-coordinatrice de Votum Klima : « L’évolution négative du jour du dépassement est un rappel douloureux que le temps nous échappe pour assurer un avenir durable, résilient et joyeux aux générations futures. Ce gouvernement est le dernier à pouvoir impacter significativement la trajectoire sur laquelle nous allons nous retrouver en 2030 et il n’est pas à la hauteur des enjeux. »

Au lieu de continuer avec les sonneries d’alarmes traditionnelles en ce jour du dépassement, Votum Klima fait le pari d’une vidéo satirique avec le ministre de l’asservissement, de la croissance et de la destruction de la planète Victor Klima qui se félicite à nouveau, comme en février, de l’exemplarité du Luxembourg. 


Votum Klima est une plateforme qui réunit les associations suivantes: AEIN (Aide à l’enfance de l’Inde et du Népal), Amnesty International Luxembourg, ASTM (Action Solidarité Tiers Monde), CELL (Citizens for Ecological Learning and Living), Cercle de coopération, etika, Eurosolar Lëtzebuerg, frères des hommes, Fairtrade Lëtzebuerg, Greenpeace, natur & ëmwelt, partage.lu, proVelo, SOS Faim, Vereenegung fir Biolandwirtschaft Lëtzebuerg a.s.b.l.