Luxembourg, le 23 novembre 2025 – La COP30, qui avait commencé sous le signe de l’espoir et de promesses fortes, s’est achevée sans feuille de route crédible pour mettre fin à la destruction des forêts ou engager la sortie des énergies fossiles. Ce manque d’ambition illustre un fossé grandissant entre les attentes des populations et la capacité des États à répondre à l’urgence climatique. Si le Luxembourg a montré sa volonté d’avancer sur la sortie des fossiles, l’Union européenne n’a pas été au rendez-vous sur le plan du financement, freinant des négociations pourtant cruciales pour respecter l’esprit de l’Accord de Paris, dix ans après son adoption.
La première COP organisée aux portes de la forêt amazonienne aurait dû aboutir à un plan d’action pour mettre fin à la destruction des forêts d’ici 2030. Alors que les plans nationaux de réduction des émissions pour 2035 demeurent dangereusement insuffisants, le sommet devait également livrer une réponse mondiale permettant de combler l’écart d’ambition vers l’objectif d’1,5 °C. Rien de cela n’a été obtenu. La dernière journée de la COP a été marquée par l’objection soulevée par la Colombie et plusieurs pays latino-américains sur des points manquants du texte final, ce qui a entraîné une suspension temporaire de la séance plénière de clôture, avant que le texte ne soit finalement adopté sans changements.
« La COP30 n’a apporté aucune avancée significative sur les “3F” : fossiles, financements et forêts. Les négociations ont été paralysées par un manque de financement et l’absence de leadership des pays développés, qui ont une nouvelle fois gardé leurs portefeuilles fermés. Le compromis finalement adopté, soutenu par l’Union européenne, est dramatiquement insuffisant. Il n’offre ni trajectoire, ni feuille de route pour maintenir l’objectif de 1,5°C en vie. Il ne nous mène littéralement nulle part », constate Altynaï Bidaubayle, chargée de campagne à Greenpeace Luxembourg. « Ce résultat décevant ne rend pas justice à ce qui s’est passé à Belém. Le sommet a été marqué par la plus grande participation autochtone à une COP climat, mais aussi par les marches et manifestations organisées aux portes des négociations où l’action, la justice et l’espoir ont été au cœur des revendications. »
Alors que le Luxembourg affirme son engagement en faveur d’une feuille de route ambitieuse sur la transition hors des énergies fossiles, il est essentiel de garantir la cohérence de son action. À ce titre, le Fonds de compensation doit impérativement cesser tout soutien financier à des entreprises aux pratiques climaticides. L’initiative annoncée de Rio Changemakers doit assurer une participation directe et transparente des peuples autochtones et des communautés locales, plutôt que de renforcer des mécanismes profitant avant tout au secteur financier. Par ailleurs, ces initiatives ne sauraient dispenser le Luxembourg d’accroître sa contribution au financement climatique international.
« La COP30 au cœur de l’Amazonie devait marquer un tournant décisif pour la protection des forêts tropicales. Force est de constater que l’occasion a été manquée », regrette Gauthier Hansel, chargé de campagne à Greenpeace Luxembourg. « Alors que la déforestation continue de progresser sous l’impulsion de géants de l’agro-industrie tels que JBS, qui profite du Luxembourg comme refuge fiscal, le pays ne peut plus se dérober à ses responsabilités. Après cet échec international, nous attendons du gouvernement qu’il défende fermement le règlement européen contre la déforestation et s’oppose au traité UE-Mercosur dans sa forme actuelle, qui risquerait d’accélérer la destruction de l’Amazonie. »


