Luxembourg, 10 juin 2020 – Ce matin à 9h30 des activistes de Greenpeace ont manifesté devant l’ambassade belge contre l’enfouissement de déchets nucléaires à la frontière luxembourgeoise. Ils exigent des mesures concrètes pour l’abandon de la production d’énergie nucléaire et contre le projet d’enfouissement proposé par l’ONDRAF (l’organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies). Cette action fait suite au lancement de la consultation publique transfrontalière [1] au sujet du stockage géologique des déchets radioactifs belges en pleine crise sanitaire.

© Sara Poza

À l’extérieur de l’ambassade, six militant·es ont déployé une banderole “Enfouissement géologique des déchets radioactifs : c’est non” et ont symboliquement entassé des fûts nucléaires.

Le 12 mai, la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, annonçait lors d’une conférence de presse que la Belgique envisageait d’enfouir ses déchets radioactifs dans les couches géologiques à la frontière luxembourgeoise. La couche géologique de l’un des sept projets étudiés traverse le Luxembourg et les six autres sont situés à moins de 90 km du Grand-Duché. Greenpeace constate que l’ONDRAF présente ce projet sur le stockage géologique des déchets de haute activité et de longue durée de vie sans proposer les alternatives possibles de manière objective. Il manque de nombreuses informations sur la faisabilité et la sécurité du stockage géologique proposé, ainsi que sur les coûts à long terme et l’impact environnemental – y compris transfrontalier – d’un tel projet. Greenpeace a exprimé ses préoccupations dans un avis commun du Comité National d’Action contre le Nucléaire [2].

Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire assure :  « L’enfouissement des déchets radioactifs est une solution dangereuse. À une telle profondeur, il est  impossible de gérer une fuite de matière radioactive. Si le projet belge se concrétise, un accident de ce type pourrait contaminer les nappes phréatiques luxembourgeoises et les conséquences sur notre pays seraient ingérables. »

Par ailleurs, Greenpeace dénonce le fait qu’un éventuel site de stockage géologique ne serait pas pleinement opérationnel avant 2100. D’ici là, les déchets nucléaires doivent être stockés en toute sécurité et il faut travailler aujourd’hui sur une alternative ”temporaire”. D’après Roger Spautz,  « il est important de développer un processus solide, transparent et participatif pour y parvenir. Il est urgent de procéder à une évaluation approfondie et indépendante de ces travaux de recherche, et de discuter des priorités et des budgets correspondants pour les années à venir afin de réduire au maximum la charge de ces déchets pour les futures générations. À l’heure actuelle l’entreposage à sec, en surface ou subsurface, constitue la ”moins mauvaise” des solutions. Le fait que pratiquement tous les pays qui produisent des déchets nucléaires continuent à les stocker est plutôt le signe qu’il n’existe pratiquement pas d’alternatives pour ces déchets dangereux. »

L’organisation environnementale demande au gouvernement luxembourgeois de s’engager contre le projet de stockage géologique des déchets radioactifs en Belgique près de la frontière luxembourgeoise et contre la prolongation de la durée de vie de ses réacteurs.


Notes à la rédaction :

[1] Jusqu’au 13 juin les citoyen·nes peuvent participer ici à la consultation publique sur le projet de plan de l’ONDRAF pour la gestion à long terme des déchets nucléaires de haute activité et/ou de longue durée de vie.

[2] Le Comité National d’Action contre le Nucléaire est une plateforme nationale luxembourgeoise regroupant les organisations non gouvernementales, les syndicats et principales formations politiques du Grand-Duché suivantes : Mouvement Ecologique, Greenpeace, OGBL, FNCTTFEL-Landesverband, LSAP, déi gréng, Forum, ADR, déi jonk gréng, DP, FGFC, JSL – Jeunesses Socialistes Luxembourgeoises, Luxemburger Kommission Justitia et Pax, KPL, LCGB, Lëtzebuerger Guiden a Scouten, Fairtrade Lëtzebuerg asbl, déi Lénk, attac Luxembourg, Klima-Bündnis Lëtzebuerg, Eurosolar, Syprolux, FNCTTFEL-Jugend, natur&ëmwelt, Adrenalin-déi jonk ADR, Friddensinitiativ asbl, Association Luxembourgeoise de Médecine de l’Environnement (A.L.M.E.N.), CSV, Ligue CTF, Piratepartei.