Selon le journal De Tijd, le gouvernement fédéral serait sur le point de décider de mettre un sérieux coup de frein à l’expansion de l’énergie éolienne offshore en mer du Nord. Le gouvernement s’apprêterait à suspendre la deuxième phase de l’île énergétique, mais aussi à reporter la date de clôture de la mise aux enchères du premier parc éolien offshore de la zone princesse Elisabeth. Ces nouvelles reculades du Ministre Bihet sont inacceptables pour les ONGs environnementales qui regrettent son manque d’engagement dans le développement d’un système énergétique renouvelable, seul à même d’assurer de manière crédible un approvisionnement électrique durable et bon marché à notre pays.
Un manque de suivi qui va coûter cher
Bond Beter Leefmilieu, Greenpeace et Canopea sont consternées. La procédure d’adjudication pour le lot 1 de la zone offshore Princesse Elisabeth est retardée par un manque d’action du Ministre Bihet ces derniers mois. Notamment, l’administration serait sous staffée pour en assurer le suivi. Arnaud Collignon, expert énergie chez Canopea regrette: “Ces obstacles administratifs auraient pu et dû être levés si la volonté d’avancer était présente. Mais le ministre a préféré communiquer sur un redéploiement nucléaire cher, douteux et au mieux lointain, plutôt que de se concentrer sur les goulets d’étranglement qui entravent des projets concrets. Résultat : la Belgique risque de passer à côté d’une énergie éolienne offshore fiable et bon marché. Sans parler des risques évidents que ces atermoiements impliquent pour notre sécurité d’approvisionnement. C’est regrettable.«
Le développement offshore menacé ?
En outre, le gouvernement fédéral planifierait également une suspension voire une annulation de la deuxième phase de développement de l’île énergétique. Cette deuxième phase est nécessaire pour connecter une partie des parcs éoliens offshore prévus en mer du Nord et pour l’échange d’électricité avec le Royaume-Uni et en mer du Nord. Renforcer ces connexions est pourtant crucial pour notre approvisionnement électrique futur.
Sans l’accélération nécessaire du déploiement des énergies renouvelables, la Belgique restera le jouet du marché international du pétrole et du gaz” précise Nadia Conejo, porte-parole de Greenpeace Belgique. “Et la facture énergétique de nombreux Belges restera dépendante d’autocrates comme Poutine ou Trump. Il y a à peine 3 ans, nous avons fait l’expérience de notre vulnérabilité. Mais il semble que l’on ait la mémoire courte.«
Une plaisanterie coûteuse
Les conséquences sont importantes, multiples et coûteuses. “Les investissements industriels des entreprises qui comptent sur cet approvisionnement en énergie verte bon marché à court terme seront clairement impactés par l’incertitude qu’entraîne ces décisions”, déclare Arnaud Collignon. “D’autres impacts financiers importants de ce report devront également être quantifiés comme les augmentations des primes de risque pour les développeurs éoliens, qui augmentera leur coût,ou l’achat de droits d’émission pour atteindre nos objectifs climatiques. On sous-estime le gaspillage d’argent qu’implique ce manque de volontarisme politique. » Ironiquement, la Commission européenne vient de donner un très mauvais bulletin à la Belgique qui est un des 3 pays qui n’atteindra pas ces objectifs renouvelables en 2030.
« Quand on regarde les annonces faites par le Ministre Bihet, on peut vraiment se demander si son objectif caché n’est pas tout simplement de maintenir nos vieilles centrales nucléaires ouvertes plus longtemps et à n’importe quel prix” conclut Nadia Cornejo. “Son manque de volonté en matière d’ éolien offshore risque effectivement de nous amener dans cette impasse…«