La crise du coronavirus a cloué au sol de nombreux avions l’année dernière. Désormais, beaucoup de gens attendent avec impatience de nouvelles vacances en avion, ce qui est compréhensible. Le secteur de l’aviation souhaite également revenir à la « normale » le plus rapidement possible. Mais pour lutter contre la crise climatique, nous ne pouvons pas – et ne devons pas – revenir à la croissance explosive du nombre de vols avant la pandémie. Voici cinq choses que vous ne savez (peut-être) pas sur l’aviation.
1. Une source de pollution exponentielle
L’avion est la forme de mobilité la plus dommageable pour le climat. Les chiffres officiels sur le CO2 qui circulent souvent à propos de l’aviation (« à peine 2 % des émissions totales ») sont trompeurs pour deux raisons.
Premièrement, les scientifiques soulignent les effets climatiques des vols qui vont au-delà du CO2, comme ceux des oxydes d’azote (NOx) ou la vapeur d’eau. Ces effets non liés au CO2 sont deux fois plus graves que le seul impact du CO2 sur le réchauffement. Au total, les émissions de l’aviation commerciale ont représenté 5,5 % de l’ensemble du réchauffement climatique d’origine humaine en 2018.
Deuxièmement, l’aviation était également la source de gaz à effet de serre qui connaissait la plus forte croissance avant la crise du coronavirus. Si nous revenons à la « normale » d’avant le coronavirus, les émissions de l’aviation réduiront à néant de nombreux autres efforts visant à réduire les gaz à effet de serre.
2. Tout le monde paie des impôts, non ? Pas l’aviation !
Depuis des décennies, l’aviation bénéficie d’un statut privilégié : il n’y a pas de taxe sur le kérosène, pas de TVA sur les billets d’avion internationaux et, contrairement à d’autres secteurs, l’aviation n’est pas soumise à un plan climatique digne de ce nom. En raison de ces avantages injustes, l’aviation mène une concurrence déloyale à l’encontre d’alternatives plus durables comme le train.
Malgré tous ces privilèges qui ont pour conséquence des contributions minimales au trésor public, le secteur a continué à réclamer de l’argent public lorsque la crise du coronavirus a éclaté. Et c’est ce qu’ils ont obtenu : nos gouvernements ont déjà versé au moins 37 milliards d’euros dans les compagnies aériennes, sans y accoler aucune garantie sociale ou climatique crédibles. C’est inacceptable !
3. Voler bon marché, mais à quel prix ?
Au cours de la dernière décennie, les consommateurs se sont habitués à des city-trips ou des voyages d’affaires en avion à des prix avantageux. Mais cette course vers le bas a un prix. Et pas seulement pour le climat.
Les conditions de travail dans le secteur de l’aviation se sont également détériorées ces dernières années, en raison de l’essor des compagnies aériennes à bas prix telles que Ryanair. Les anciens employés qualifient le secteur d' »employeur brutal ». En outre, la crise climatique, l’automatisation, la numérisation et le risque de futures pandémies sont autant de facteurs d’incertitude dans le secteur de l’aviation. Par conséquent, il faut également envisager une transition juste pour les employés du secteur.
4. Tout le monde vole, non ?
L’impact croissant de l’aviation sur le climat a également un parfum d’injustice. Cet impact est en grande partie dû à un groupe de personnes relativement restreint. En effet, environ la moitié des émissions totales de l’aviation sont causées par les voyageurs fréquents, qui ne représentent que 1 % de la population mondiale. Plus de 80 % de la population mondiale n’a même jamais pris l’avion.
Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons plus jamais prendre un avion. Mais voler très régulièrement comme le monde des affaires ou les touristes fréquents s’y sont habitués grâce à des prix très bas n’est tout simplement pas compatible avec les limites de notre planète.
5. Pas de solution miracle et durable (en dehors du train)
Le grand défi pour le secteur de l’aviation est qu’aucune solution technologique (déployable à grande échelle et abordable) n’est encore disponible pour rendre le trafic aérien plus durable.
Les carburants synthétiques (ou e-carburants) basés sur les énergies renouvelables remplaceront à terme le kérosène fossile. Mais ce n’est pas pour demain et surtout : il est impossible de le faire de manière durable avec le volume du trafic aérien qui existait avant la crise du coronavirus. Pour que tous les vols (avant la Covid-19) soient viables avec des carburants synthétiques verts, il faudrait plus d’énergie renouvelable que ce qui est disponible aujourd’hui dans le monde. Et bien entendu, nous avons aussi besoin d’énergies renouvelables pour rendre d’autres secteurs plus verts.
Pour mettre l’aviation en conformité avec l’accord de Paris sur le climat, il faudra voler beaucoup moins. Une simulation européenne réalisée pour Greenpeace par le bureau d’étude Climact a montré qu’il faudrait réduire le nombre de vols d’au moins 33 %. Pour commencer, nous pouvons déjà remplacer de nombreux vols court-courriers par un réseau européen de trains (de nuit) de qualité.
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