Ces derniers temps, l’énergie nucléaire a été le centre de l’attention des analyses politiques et sur les réseaux sociaux. Pendant que certain.e.s personnalités politiques  veulent encore maintenir deux réacteurs nucléaires ouverts à tout prix, d’autres voient déjà plus loin et veulent octroyer un chèque en blanc pour la recherche de nouvelles formes d’énergie nucléaire. Est-ce qu’il s’agit là d’une tentative pour démontrer que l’énergie nucléaire a un avenir ? Ou bien d’opportunisme pour tenter de sauver les meubles (du nucléaire) alors que tous les éléments pour une sortie complète du nucléaire sont sur la table ? Toutes ces piètres tentatives de sauvetage du nucléaire ne représentent certainement pas une politique énergétique stable et efficace. Et pourtant, c’est ce dont notre pays aurait bien besoin après 18 années d’incertitude. 

Sortie du nucléaire – ou l’inverse ?

Il y a peu, nous vous expliquions 3 raisons pour lesquelles nous devons fermer toutes les centrales nucléaires. Ces dernières ralentissent la transition, les prolonger ne résout rien, sans compter toutes les autres raisons pour lesquelles l’énergie nucléaire est une mauvaise idée. Maintenant qu’une vente aux enchères a permis d’obtenir de nouvelles capacités de production à un prix étonnamment compétitif, rien ne s’oppose à la fermeture complète de Doel et de Tihange, pas même sur le plan politique. L’accord de gouvernement fédéral prévoit en effet une sortie du nucléaire d’ici 2025, sauf si cela entraîne un grave problème de sécurité d’approvisionnement ou de prix de l’énergie. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. 

Donc, fin de l’histoire du nucléaire en Belgique, non ? Eh bien, pas si l’on en croit les partis libéraux au sein du gouvernement fédéral qui veulent maintenir la porte ouverte pour de nouvelles centrales nucléaires. Ou plus précisément : forcer l’ouverture de cette porte. Car la loi sur la sortie du nucléaire stipule bien depuis 2003 que nous ne construirons plus de nouvelles centrales nucléaires pour la production d’électricité, le fameux article 3.

De nouvelles centrales nucléaires sont très chères…

Ce qui pouvait être une question de principe auparavant est aujourd’hui une pure logique économique. Il n’y a en effet plus d’arguments économiques en faveur de l’énergie nucléaire, ancienne ou nouvelle. Y a-t-il jamais eu d’arguments économiques, d’ailleurs ? Car nos centrales nucléaires actuelles ont été construites aux frais du consommateur d’énergie, et ce grâce à l’exclusion tant des coûts des déchets nucléaires que d’une assurance responsabilité civile appropriée pour les catastrophes nucléaires. Le coût des quelques réacteurs actuellement en construction en Europe (1 en Finlande, 1 en France et 2 au Royaume-Uni) déraille complètement. Résultat : même les grands groupes énergétiques refusent poliment les ouvertures nucléaires des responsables politiques, voire se retirent même de projets. Seuls les pays (Chine, France, Russie), où l’énergie est l’affaire de sociétés entièrement ou semi-publiques, annoncent encore de nouveaux réacteurs.

C’est pourquoi il est si ironique de voir maintenant ces partis, qui souhaitent que l’État intervienne le moins possible, défendre aujourd’hui l’énergie nucléaire. Ces mêmes partis qui sont si fiers des 20 millions d’euros par an qui ont été extorqués à Engie par le gouvernement précédent pour pouvoir maintenir Doel 1 et 2 ouverts pendant 10 ans de plus. Ces partis verseraient maintenant des milliards sortis de la poche des contribuables dans un puits sans fond pour maintenir en vie la recherche belge sur les nouveaux réacteurs nucléaires et ensuite, dans un avenir lointain, construire de nouveaux réacteurs. Paradoxal !

Nos centrales nucléaires actuelles sont confrontées à de nombreux problèmes, entre autres le manque de flexibilité, les déchets nucléaires, ou bien les risques liés à la sécurité. Rien de tout cela avec les nouveaux réacteurs miracles qui se cachent derrière des acronymes comme SMR ou MYRRHA : faciles à adapter, sans déchets et super sûrs. On aurait presque envie de les mettre dans son jardin ou sur la place du village. Mais n’oublions pas qu’il s’agit de réacteurs qui existent à l’heure actuelle uniquement sur papier. Certes, ce sont de beaux concepts mais les éléments essentiels ne sont souvent pas encore démontrés, et ne parlons pas du prix qui sera certainement un multiple de ce qui est mentionné dans la brochure. Ces nouveaux réacteurs sont surtout une façade pour la recherche effectuée avec l’argent public. Comme l’on dit en anglais, the proof of the pudding is in the eating (c’est en goûtant que l’on sait si c’est bon), et nous ne faisons qu’énumérer les ingrédients, pour ainsi dire. Il y a encore un long chemin à parcourir, sans garantie de succès. 

… tandis que le soleil et le vent sont aujourd’hui peu coûteux

Mais alors que les budgets de ces nouvelles centrales nucléaires s’envolent et que les délais pour la réalisation des prototypes, l’obtention des permis et la fourniture commerciale effective d’électricité sont de plus en plus repoussés, le délai pour enrayer la crise climatique, quant à lui, se rapproche de plus en plus. Cela signifie qu’il reste de moins en moins de temps à l’énergie nucléaire pour jouer un rôle significatif dans la lutte contre le changement climatique. En effet, à quoi cela sert de construire de nouveaux réacteurs, petits ou grands, même sans déchets et super sûrs, qui ne commenceraient à fonctionner qu’après 2045, alors que l’on peut construire un parc éolien tout aussi productif en quelques années, ou poser des millions de panneaux solaires sur nos toits ? Il s’agit là de sources d’énergies disponibles dès aujourd’hui et auxquelles tout le monde, des familles aux entreprises, peut contribuer. De plus, ces sources d’énergie rapportent de l’argent au lieu d’en coûter. Ne serait-ce pas là quelque chose qui rendrait aussi heureux un libéral pur et dur ?

N’attendez donc pas demain ! Optez dès aujourd’hui pour les énergies renouvelables, en choisissant un fournisseur d’énergie verte.

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