Dans le monde entier, Greenpeace fait campagne pour sauver les écosystèmes les plus importants de la planète. Nous faisons pression sur les entreprises et les gouvernements afin de mettre un terme à la déforestation dans les régions du monde les plus riches en biodiversité, comme la forêt amazonienne et le bassin du Congo. Nous menons des actions en faveur de la création de zones protégées plus nombreuses et plus vastes dans les océans. Mais saviez-vous que nous agissions également pour protéger la nature plus près de chez nous ? 

En Belgique aussi, la biodiversité est menacée et nous continuons à perdre des hectares et des hectares de précieuse nature. Cependant, de plus en plus de gens prennent conscience du fait que même ici, ce n’est pas du luxe de laisser une plus grande place à la nature et de favoriser la biodiversité. L’actuelle crise de l’azote que traverse la Flandre nous oblige à regarder la réalité en face : il est urgent de réformer notre modèle agricole industriel si nous voulons préserver nos zones naturelles vulnérables d’un point de vue écologique. Mais la nature n’est pas menacée que par l’agriculture. En effet, trop de zones naturelles et boisées disparaissent encore au profit de lotissements, de zones de loisirs ou de l’industrialisation.

Une nature plus présente, c’est bon pour la santé

Pendant la pandémie de coronavirus, de plus en plus de personnes ont réalisé qu’il était très important pour notre bien-être mental et physique de pouvoir accéder facilement à un petit coin de nature, tout près de chez nous. Se promener dans la nature, c’est bon pour lutter contre le stress et la dépression, c’est bon pour le cœur et les vaisseaux sanguins, et cela renforce également la cohésion sociale. De plus en plus d’études scientifiques confirment que l’accès à la nature est bénéfique pour la santé mentale et physique des gens. Une récente étude de l’Université de Louvain a démontré que la consommation d’antidépresseurs et de médicaments contre les maladies cardiovasculaires était moindre dans les quartiers urbains où il y a de nombreux arbres de grande taille (donc de vieux arbres). Au cours du confinement, beaucoup de gens ont aussi réalisé que bien souvent, la nature n’était vraiment pas assez accessible, surtout en milieu urbain. Certains parcs urbains et autres zones boisées ont alors été littéralement pris d’assaut.

La nature, un tampon contre le changement climatique

En outre, la préservation et le développement des espaces verts urbains sont indispensables pour atténuer les effets extrêmes du changement climatique. Pendant les vagues de chaleur, les villes souffrent de l’« effet d’îlot » : en raison de l’omniprésence du béton et du manque d’espaces verts, il fait souvent beaucoup plus chaud en ville qu’à la campagne. Les espaces verts urbains absorbent aussi l’eau de pluie lors des périodes de précipitations intenses (effet éponge), contribuant ainsi à éviter les inondations. Ces deux phénomènes météorologiques (vagues de chaleur et pluies intenses) vont devenir plus fréquents, rendant bien vite les espaces verts urbains d’autant plus importants.

Le souci croissant de protéger la nature locale

Heureusement, ces dernières années, nous avons pu voir évoluer de manière positive les plans de nos décideurs politiques. Désormais, on entend tous les jours parler d’« arrêter de tout bétonner », de « rendre les villes plus vertes » et d’étendre les zones naturelles et boisées, même si la mise en œuvre de ces bonnes idées laisse encore souvent à désirer. Il n’est donc pas surprenant que de plus en plus de gens organisent de leur propre initiative des actions de protestation visant à empêcher la destruction de la nature près de chez eux. La protestation s’organise très souvent au niveau local, par exemple au sein de comités de quartier ou entre riverains inquiets. 

Ainsi, à Bruxelles, il existe plusieurs groupes d’action et comités de quartier qui, par des marches de protestation et d’autres activités, attirent l’attention sur l’existence, au beau milieu de la capitale, d’une série de jolis coins de nature sauvage menacés par des projets immobiliers.  

À Liège, depuis des mois, des activistes tentent d’empêcher par leur protestation, des actions en justice et plus récemment l’occupation du site sous le nom de « Chartreuse occupée » le sacrifice d’un bel îlot de nature situé dans un environnement urbain, La Chartreuse, au bénéfice de nouvelles constructions résidentielles. L’initiative d’Occupons le terrain rassemble toutes sortes d’initiatives wallonnes qui protestent contre la disparition de territoires et matières premières naturels. Ainsi, les groupes d’action peuvent apprendre les uns des autres et échanger des informations afin de mettre sur pied les campagnes les plus efficaces.

La Chartreuse. Un coin de nature menacé à Liège. © Un air de chartreuse

En Flandre également, ces derniers mois, de nombreuses manifestations ont eu lieu pour protester contre des projets qui allaient faire disparaître la nature urbaine. À Malines, plus de onze mille personnes ont signé une pétition et plus de 200 lettres d’opposition ont été déposées pour protester contre la construction d’un parc aquatique qui entraînerait la disparition d’une partie du Zennebeemdenbos. À Herentals, un comité d’action local a obtenu le dépôt de plus de 700 réclamations contre un projet immobilier de grande envergure qui menaçait une partie du Poederkotbos, une forêt à haute valeur écologique. À Gand, un comité local de riverains fait campagne depuis des mois contre les projets de la société de transport De Lijn, qui veut détruire une partie d’une grande zone de nature sauvage et de bosquets urbains pour y construire un nouveau dépôt de trams et bus et y installer un terrain d’exercice.

Le Poederkotbos, à Herentals, est menacé par un projet de lotissement. © SOS Poederkot

En fait, toutes ces actions véhiculent le même message. La nature est déjà beaucoup trop peu présente en ville, alors préservons ce qu’il en reste et voyons comment nous pouvons y créer encore plus de bois et d’espaces naturels au lieu de les détruire. Ce torrent croissant de protestations locales demande de plus en plus à nos responsables politiques de rendre des comptes. La destruction de la nature et l’abattage des forêts sont de moins en moins bien tolérés, et de plus en plus souvent, ces protestations produisent des résultats concrets. Des projets sont modifiés, d’autres carrément abandonnés. En mars, à Gand, la protestation réitérée a finalement amené la ministre de l’Environnement flamande, Zuhal Demir, à refuser d’accorder un permis d’abattage pour la destruction du Sterrebos. L’Université de Gand voulait abattre ce petit bois situé en ville pour y construire des logements destinés à ses étudiants.

Ces derniers mois, Greenpeace a apporté son soutien à toutes sortes d’initiatives visant à préserver la nature urbaine. Nous avons participé à la mobilisation en vue de manifestations, nous avons discuté directement avec une série de comités d’action locaux pour les aider à donner encore plus de poids à leurs actions, et nous avons déposé nous-mêmes une série de réclamations.  

Nous devons prendre soin de la nature en ville pour nous protéger contre le changement climatique, pour sauvegarder la biodiversité, et parce que tous les citadins ont tant à y gagner.

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